A Valence, Drôme, l'opération d'archéologie préventive conduite en préalable au réaménagement de la place a fait l'objet de deux campagnes, fin 2003 et durant le printemps 2004.

Dernière modification
10 mai 2016

Une surface de l'ordre de 3 000 m2 a pu être ainsi explorée par une dizaine d'archéologues de l'Inrap. L'essentiel des vestiges mis au jour se rapporte à la période paléochrétienne et au début du Moyen Âge.

Les témoignages d'une occupation plus ancienne, datée de la fin du Ier siècle avant notre ère, ont toutefois été dégagés sous la forme de bâtiments - sans doute des habitations - construits en pierres et galets maçonnés ou à l'aide de pisé. L'image, certes lacunaire, qui se dégage est celle d'un secteur densément urbanisé dès la plus haute époque. L'Antiquité tardive voit la mise en place d'un groupe épiscopal, sans doute à l'instigation d'Aemilianus, le premier évêque de Valence attesté dès 360. Une partie du secteur résidentiel a été mise au jour durant les dernières interventions archéologiques.
Les vestiges les plus récents sont datés des XIIIe-XIVe siècle et consistent en une quinzaine de tombes en coffres faits de mollasse, derniers témoins du cimetière paroissial très largement détruit au XIXe siècle.
La mise au jour des espaces résidentiels construits au Ve siècle pour l'évêque de Valence constitue en soi une découverte substantielle. Outre une petite église, sans doute une chapelle privée dont nulle trace ne subsistait dans les documents d'archives, c'est peut-être la présence de deux installations balnéaires indépendantes quoique très proches qui suscite le plus grand intérêt. Il est entendu que les ensembles thermaux sont rares durant la période paléochrétienne, et pratiquement toujours associés à des milieux religieux. La particularité des exemples valentinois réside surtout dans les dimensions réduites des bassins, une caractéristique pourtant commune dans les provinces orientales. L'existence même de deux bains strictement contemporains, de la construction à la destruction, est une autre particularité qui apporte un début de réponse à la question posée de la fonction - liturgique ou hygiénique - des ensembles thermaux en contexte épiscopal : l'un d'eux, très proche du baptistère, était-il destiné à des rites prébaptismaux, tandis que l'autre, plus grand, aurait plutôt été réservé à l'évêque et à ses proches ?