Condé-sur-Suippe : l’oppidum du « Vieux Reims » (Aisne, RD62)
Rapport de fouille archéologique 2016
L’opération de fouilles préventives menée en 2012 au cœur de l’oppidum de Condé-sur-Suippe/Variscourt concernait une surface de 1 200 m² dans l'enceinte de l'ancienne sucrerie. Cette fouille faisait suite à deux diagnostics (Bruno & Leroy, 2009 ; Hénon, Robert & Naze, 2011) qui avaient mis en évidence l'existence de secteurs préservés au sein du site industriel.
Un des intérêts de cette fouille est d’avoir, malgré la surface restreinte, livré un focus sur un nouveau secteur de cet oppidum, bien connu des protohistoriens. Elle vient compléter les informations acquises lors de fouilles de grande envergure réalisées dans les années 70 et 80 mais dont les résultats n’ont été que partiellement publiés (Pion et coll., 1997). Ces nouvelles données s’intègrent dans l’axe 5 de la programmation de la recherche archéologique en France, en ce qu’elle concerne l’organisation d’un site fortifié à caractère urbain.
Situé en territoire rème, implanté en fond de la vallée, à une confluence, et couvrant une surface d'environ 170 ha, l’oppidum est un des plus vastes de Gaule Belgique. Il a fait l'objet d'observations archéologiques plus ou moins poussées dès le XIXe siècle. Il est inscrit aux monuments historiques depuis 1992.
Aussi, l’intervention de 2012 a donné l’occasion de revenir sur l’ensemble des campagnes de fouille déjà menée et d’en faire un bilan précis. En marge de l'intervention de terrain, des études ont été menées en archives, avec deux objectifs différents. Le premier, à partir du cadastre dit napoléonien, était de préciser le tracé du rempart dont une grande partie a été détruite conséquemment aux grands aménagements du XIXe siècle. L'organisation cadastrale de certaines parcelles fournit des pistes sérieuses qu’il conviendra de continuer à explorer avec les méthodes actuelles de l’archéologie (NMT, Lidar, etc.).
Le second objectif était de percevoir l’impact que pouvait avoir eu, sur la structuration de l'espace, la présence de cet oppidum, de son rempart et son fossé dans l'organisation de l'espace rural aux époques historiques. En effet, il est déjà représenté sur la carte de Cassini et de nombreux toponymes se réfèrent à son existence. Mais cette seconde approche a été moins convaincante, sans doute parce qu'elle est restée très limitée : elle nécessiterait assurément une expertise plus approfondie.
Les structures identifiées sur le secteur fouillé en 2012 ont un certain nombre de traits communs avec celles que l'on connaissait déjà sur le site, autant concernant leur organisation spatiale que leur morphologie que leur dynamique de remplissage. On y retrouve les palissades qui délimitent les espaces, les puits, les silos, les structures de combustion et bien sûr un certain nombre de fosses dont la fonction primaire reste indéterminée. Dans certaines fosses, se distingue un apport massif de grève propre rapportée, sans doute destiné à stabiliser et obturer le creusement : c’est un fait récurrent sur le site de Condé.
Le mobilier recueilli a pu bénéficier d’études spécialisées et exhaustives, ce qui finalement n’avait jamais été le cas, les importants volumes de mobilier générés par les fouilles plus anciennes n’ayant été qu’en partie analysés. Le mobilier céramique confirme la chronologie d’occupation centrée entres les années – 120 à – 90.
Aucun témoin, direct ou indirect, de l’artisanat du métal, n’a été trouvé alors qu’ils étaient nombreux dans certains secteurs fouillés antérieurement. En revanche, une des particularités du secteur 2012 est d’avoir livré une quantité non négligeable de fragments d’augets et d’éléments de calage, habituellement associés à la production de sel. Les premières observations macroscopiques sur les terres employées pour modeler à la fois certains augets et les cales, amènent à envisager une production in situ. Des analyses plus poussées, en particulier pétrographiques, des comparaisons avec le référentiel local d’échantillons de céramique sont envisagées qui permettraient confirmer ou infirmer cette hypothèse, et d’avancer sur ce sujet. S’agit-il d’augets importés, leur concentration signifierait-elle que l’on y prépare des salaisons en grande quantité ? S’agit-il d’augets à sel fabriqués sur place, le sel serait produit in situ : à partir de quelle matière première traitée ? S’agit-il vraiment d’augets à sel, ces fragments ne pourraient-ils pas témoigner d’une autre production dont une étape de la chaine opératoire pourrait être identique à celle du sel (chauffe, et évaporation pour récolte des résidus) et donc nécessiter les mêmes « outils » ?
Cette fouille a donc ouvert de nouvelles perspectives d’étude à mettre en œuvre.
I. Données administratives, techniques et scientifiques
II. Résultats
1. Introduction
1.1. Circonstances de l’intervention
1.2. Localisation, contexte géologique et stratigraphique
1.3. Le contexte archéologique
1.4. Méthodologie et déroulement de l’opération
2. Historique des interventions sur l’oppidum
2.1. Des années 1850 au début du XXeme
2.2. À partir des années 1960, les sauvetages archéologiques
3. Les sources documentaires des archives
3.1. Le cadastre napoléonien, le rempart de l’oppidum
3.2. Expertise des Archives de Condé-sur-Suippe
3.3. Conclusion
4. Les structures
4.1. Poteaux et palissades
4.2. Les fosses
4.3. Conclusion
5. Les données environnementales
5.1. Étude carpologique
5.2. Analyse palynologique
5.3. Étude anthracologique
6. Le mobilier
6.1. La céramique
6.2. L’amphore
6.3. Le petit mobilier en terre cuite
6.4. Les augets à sel et les « éléments de calage »
6.5. Torchis et mortier : éléments de construction
6.6. Un élément de parure en verre
6.7. Le mobilier métallique
6.8. L’industrie macrolithique
6.9. La faune
7. Nature des activités et comparaisons avec le secteur 1987
7.1. Les types de structures
7.2. Le mobilier
8. Conclusion
9. Bibliographie
10. Liste des Figures
11. Liste des tableaux
12. Annexes
12.1. L’union du 12 aout 1965
12.2. Le macro-outillage
III. Inventaires techniques
Rapport de fouille
HÉNON, Bénédicte (dir.), BOULEN, MURIEL, COUBRAY, Sylvie & GALOIS, Marjorie. (2016). Condé-sur-Suippe, Aisne, RD62 : l'oppidum du Vieux Reims (Rapport de fouilles, 1 vol.). Amiens : Inrap Nord-Picardie. <https://dolia.inrap.fr/flora/ark:/64298/0143409>.
Rapports de diagnostic
HÉNON, Bénédicte, ROBERT, Bruno & NAZE, Yves. (2011). Condé-sur-Suippe, Aisne, "La Sucrerie", RD62 : l’oppidum du Vieux Reims (Rapport de diagnostic, 1 vol.). Inrap Nord-Picardie : Amiens. <https://dolia.inrap.fr/flora/ark:/64298/0120769>.
BRUNO, Robert & LEROY, Pierre-Marie. (2009). Condé-sur-Suippe (Aisne), "La Sucrerie" (route départementale 62) (Rapport de diagnostic, 1 vol.). Inrap Nord-Picardie : Amiens. <https://dolia.inrap.fr/flora/ark:/64298/0110992>.
Publication
PION, Patrick, POMMEPUY, Claudine, AUXIETTE, Ginette, HÉNON, Bénédicte & GRANSAR, Frédéric. (1997). L’oppidum de Condé-sur-Suippe/Variscourt (Aisne) (fin IIe-début Ier s. av. J.-C.). Approche préliminaire de l’organisation fonctionnelle d’un quartier artisanal. Dans G. Auxiette, L. Hachem, B. Robert et A. Bocquet (dir.), Espaces physiques, espaces sociaux dans l’analyse interne des sites du Néolithique à l’Âge du Fer : Actes du 119e congrès du Comité des Travaux historiques et scientifiques (CTHS), Amiens, 26-30 oct. 1994 (p. 275-310). Paris : CTHS.
HÉNON, Bénédicte (dir.), BOULEN, Muriel, COUBRAY, Sylvie, GALOIS, Marjorie, HUGONNIER, Louis , LEPAREUX-COUTURIER, Stéphanie, MOREL, Alexia, PARIS, Pierre, ROBERT, Bruno & ZECH-MATTERNE, Véronique. (2021). Condé-sur-Suippe : l’oppidum du « Vieux Reims » (Aisne, RD62) : rapport de fouille archéologique 2016. Paris : Inrap. (Documents d’archéologie préventive ; 13). <https://doi.org/10.34692/jejb-xc10>.
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