Noord Gracht

un site archéologique a été découvert entre la RD 1 et le ruisseau de Noord Gracht, à l'emplacement de la tranchée de pose du gazoduc qui alimente la station de Loon-Plage. Le site occupe un promontoire correspondant à un cordon dunaire sableux, presque en bordure du littoral actuel. En 1977, des sondages magnétiques avaient déjà révélé l'existence de traces de constructions anciennes précisément à cet endroit. Le décapage, réalisé sur 320 m², a permis de dégager une centaine de structures datées entre le XIII^e siècle et le début du XVI^e siècle.

Vue du décapage.
Chaque excavation correspond à une fosse ou à un trou de poteau fouillé.
Noord Gracht, Mardyck (Nord), 1997

© Richard Rougier, Inrap.

Vue de détail.
Au premier plan, les vestiges de poteaux qui supportaient un bâtiment de 3 m de largeur pour au moins 6 m de longueur.
Noord Gracht, Mardyck (Nord), 1997

© Richard Rougier, Inrap.

Des fosses et des fossés

Les structures archéologiques mises au jour sur le site de Mardyck correspondent à une série de fossés et de fosses, dont certaines ont reçu des rejets d'activités domestiques. Leur fouille a ainsi livré des vestiges de faune (os de bétail, coquillages, arêtes de poisson), du métal, des traces de curage de foyers et de la céramique, parfois en abondance.

Une occupation en trois phases

L'étude de la céramique montre au moins trois phases d'occupation, semble-t-il en continu. Au XIII^e siècle, une petite installation se met en place avec quelques fosses et un enclos accompagné de nombreux trous de poteaux, reliques d'un ou de plusieurs bâtiments.
Au XIV^e siècle, l'occupation se densifie et les dépotoirs, plus prolifiques, suggèrent une proximité accrue avec l'habitat, peut-être à l'emplacement du village ancien de Mardyck. La céramique découverte dans les fosses rappelle en de nombreux points les ensembles connus à Calais et à Saint-Omer pour des périodes identiques.
Enfin, au cours du XV^e siècle, un enclos pastoral est érigé dans un secteur devenu périphérique : il n'abrite plus de zone d'habitat, même si celui-ci n'est peut-être guère éloigné.

Un promontoire en bordure littorale

La disposition même des vestiges a finalement moins d'importance que leur emplacement ; ils occupent, en effet, le sommet et le versant nord d'un promontoire qui correspond, sur la bordure littorale de la Flandre maritime, à un cordon dunaire daté de la dernière transgression marine.
L'installation sur cette hauteur relative montre la volonté de se mettre à l'abri de la mer ; cette position a d'ailleurs été conservée pour l'implantation du village actuel de Mardyck, situé immédiatement à l'est. Ces vestiges illustrent donc une des phases de conquête de la plaine maritime flamande sur de nouvelles terres exondées, jusque-là inaccessibles.

Une fouille pionnière

En 1997, cette fouille a pu être considérée comme une première, car elle intervenait dans une zone où l'archéologie préventive était totalement absente. C'est la raison pour laquelle les données inédites de la fouille avaient été publiées dans la Revue du Nord. Depuis cette date, les opérations archéologiques en Flandre maritime se sont multipliées au rythme de l'urbanisation ; elles permettent de mieux comprendre le phénomène de mise en valeur de la région au cours du Moyen Âge, qui avait été simplement entrevu à Mardyck.