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Les multiples vies du centre-ville de Gagny (Seine-Saint-Denis)
Depuis le mois de juin, l'Inrap mène des recherches dans le centre-ville de Gagny. La parcelle, a priori occupée depuis l’Antiquité, a connu de nombreuses transformations au cours du temps. L'intervention archéologique a révélé des vestiges datant des périodes contemporaine, moderne et médiévale.
Le site de 700 m2 se situe entre l’avenue Fournier et la rue de la Croix Saint-Siméon. Cette fouille est prescrite par l’État (Drac Île-de-France) préalablement à la construction d’un immeuble de logements porté par la société COGEDIM.
Un atelier de production de céramique domestique au XIXe siècle
Lors des dernières Journées européennes de l’archéologie (JEA), les visiteurs ont pu découvrir le chantier à ses débuts et la mise au jour un atelier de production de céramique domestique de la fin du XIXe siècle.
Cette infrastructure, artisanale ou préindustrielle, se caractérise par un four, des pièces techniques liées à l’enfournement des poteries et des rebuts de productions. Elle comprend également une grande fosse de stockage pour l’argile nécessaire à la fabrication de la céramique.
Four du XIXe siècle.
© Georges El Haibe, Inrap
Le four du XIXe siècle. À gauche on peut voir la probable dernière cuisson du four : des briques.
© Georges El Haibe, Inrap
L’analyse des formes et des pâtes des déchets de cet atelier montre des imitations de céramiques produites dans le sud-est de la France, à Vallauris. Ces imitations répondraient à la forte concurrence de ces ateliers dont les céramiques importées en Île-de-France tendent alors à supplanter les productions franciliennes.
Centaines de tessons (comblement).
© Georges El Haibe, Inrap
Suite à l’abandon de cet atelier (fin du XIXe – début du XXe siècles), la fosse de stockage a servi comme dépotoir de la ville de Paris. Les archéologues ont en effet prélevé des centaines d’artefacts tels que des céramiques, du verre et du fer.
Morceaux de pipes (très répandues avant la cigarette).
© Georges El Haibe, Inrap
Morceau de tête de poupée retrouvée parmi les vestiges de cuisson du four.
© Solène Bonleu, Inrap
Petit cavalier.
© Georges El Haibe, Inrap
À la fin de la Renaissance, une demeure puis un parc d’agrément
À la période moderne, un parc d’agrément est créé à partir des années 1640. Les archéologues en retrouvent la couche de terres à jardin, et le creusement de fosses de plantations ou des chablis.
Vue panoramique montrant les fosses de plantation du XVIIIe siècle (au premier plan).
© Georges El Haibe, Inrap
Fosses de plantations du XVIIIe siècle.
© Georges El Haibe, Inrap
Vue de l'escalier et du puits datés du XVIe siècle.
© Georges El Haibe, Inrap
Puits du XVIe siècle.
© Georges El Haibe, Inrap
Construction du XVIe siècle (fond d'une cave?).
© Georges El Haibe, Inrap
Dessin/relevé de la cave par une archéologue.
© Georges El Haibe, Inrap
Sous un remblaiement de plâtre, ils étudient plusieurs structures datées de la Renaissance (XVIe - XVIIe siècles) : un bâtiment, des fondations et des sols d’occupation, ainsi qu’une cave et d’un puits associée à deux escaliers. Il s’agissait probablement d’habitations puisque le mobilier céramique découvert est d’usage domestique.
Vue zénithale de l'escalier et du puits datés du XVIe siècle, cliché photogrammétrique.
© Georges El Haibe, Inrap
Un site déjà occupé au Moyen âge
Enfin, les archéologues mettent au jour des structures médiévales : une fosse silo, une dizaine de trous de poteau appartenant probablement à un bâtiment, un chemin caillouteux et une fosse circulaire contenant d’agglomérats de torchis et de charbon sont datés de la période carolingienne (VIIIe - IXe siècles).
Présente sur le terrain jusqu’à fin août, l'équipe de l’Inrap espère également découvrir des vestiges antiques.
Contrôle scientifique : Service régional de l’archéologie (Drac Île-de-France)
Recherche archéologique : Inrap
Responsable scientifique : Georges El Haibe, Inrap