Les Dix-Huit

La fouille fait suite à un diagnostic réalisé au printemps-été 2009, sur une portion du tracé linéaire de 11 km de long pour une largeur moyenne de 100 m, soit une surface d'investigation de 116 hectares. Le tracé du canal recoupe à cet endroit les territoires communaux de Biaches, Barleux, éterpigny, Villers-Carbonnel, Saint-Christ-Briost et Cizancourt.

L'origine gauloise du site

Vers la fin du I^er siècle avant notre ère, des hommes appartenant à la tribu des Viromanduens créent une implantation agricole délimitée par des fossés. L'enclos principal s'organise à partir de fossés doubles, formant un corridor sur les grands côtés et une entrée en « touche de Palmer » (tirant son nom d'un instrument de mesure) caractéristique des enclos gaulois de Picardie. L'espace interne est divisé en îlots où se développent de nombreuses zones d'activités agricoles et domestiques. L'habitat du propriétaire semble se situer en limite nord de l'enclos.

Cheval gallo-romain en bronze (jouet ?). Les percements visibles sur les flancs de l'animal étaient peut-être destinés à accrocher un attelage.

© G. Prilaux, Inrap

Exemple de grande ferme indigène subrectiligne à entrée en « touche de palmer » (entrée à enclos double). Ce type d'aménagement est très proche de celui observé sur le site.

© R. Agache, ministère de la Culture

Bâtiment de l'aile sud de la villa. Des prélèvements destinés à mesurer la teneur en phosphates permet parfois de préciser la fonction de certaines zones.

© G. Prilaux, Inrap

Vue générale d'un cellier gallo-romain. La majeure partie des murs a été récupérée au terme de la désaffection du site.

© Cl. Barbet, Inrap

Bague en pâte de verre d'époque gallo-romaine.

© G. Prilaux, Inrap

Attache en bronze serpentiforme gallo-romaine. Il s'agit d'une pièce qui permettait de fixer les épaulières sur une cotte de maille chez le légionnaire romain.

© H. Favier, Inrap

Détail de l'attache en bronze serpentiforme.

© G. Prilaux, Inrap

Four domestique découvert dans la cour de la villa réservée aux communs.

© Cl. Barbet, Inrap

Restitution du four domestique.

© C. Font, Inrap

Plan général des vestiges.

© C. Font, Inrap

Une transformation radicale des lieux durant la période gallo-romaine

Vers le I^er siècle de notre ère, les fossés de la ferme gauloise sont comblés pour permettre une disposition des lieux différente. Un nouvel enclos semble changer radicalement d'orientation. Cette modification ne trouve pour l'heure aucune explication tangible : faut-il voir ici la volonté de s'adapter à une réforme agraire, ou à une réorganisation des activités agricoles et pastorales, voire même à un changement de propriétaire ? La configuration des lieux s'apparente alors à l'installation d'une villa de taille moyenne. La partie résidentielle de cette ferme est peut-être à chercher à l'est, hors de notre champ d'intervention. En revanche, la gestion spatiale, au sein de la pars agricola, montre de nombreuses activités domestiques et artisanales. Elles se traduisent par le développement de bâtiments excavés de type cellier, par des foyers, des fours, des mares et des zones dépotoirs. Ces dernières piègent souvent de la vaisselle brisée, ou encore des objets métalliques réformés. Parmi ce mobilier, on reconnaît des objets de parure originaux, telle une bague en pâte de verre, une figurine en bronze représentant un cheval, ou une attache de cotte de maille serpentiforme décorant les cuirasses des soldats de la République romaine.