Le cairn néolithique du château d'Angers, Maine-et-Loire

Dernière modification
19 février 2016

Découvert en 1997 lors de la fouille du palais comtal, le cairn néolithique du château d'Angers est situé à l'extrémité occidentale du promontoire fortifié de la cité angevine, surplombant d'une vingtaine de mètres la rive gauche de la Maine. Son évaluation sous forme de sondage en 2002 puis sa fouille cette année ont permis de reconnaître ses différents éléments architecturaux.

La ville d'Angers se situe sur la marge orientale du Massif armoricain où les formations plissées du Paléozoïque s'ennoyent sous les dépôts crétacés de la bordure sud-occidentale du Bassin parisien. Les formations armoricaines y dessinent de vastes plateaux massifs où les altitudes s'étagent de 50 et 90 m NGF, avec des interfluves larges et des vallées étroites et encaissées. Les principaux traits du relief épousent une direction hercynienne nord-ouest/sud-est. Le site se trouve à 3 km en aval de la confluence Mayenne/Sarthe (la Maine) et à 7,5 km en amont de la confluence Maine/Loire. À l'aplomb du château, la Maine s'écoule du nord-est vers le sud-ouest dans une vallée assez resserrée, s'ouvrant immédiatement en aval au niveau du lac de Maine. En rive gauche, le plateau apparaît entaillé par de petits vallons perpendiculaires à la Maine. Certains sont encore visibles dans le paysage, comme le ruisseau de l'Épervière au nord d'Angers et le vallon du Ruisseau au sud d'Angers. Mais d'autres ont disparu lors de l'urbanisation intensive d'Angers, comme par exemple le ruisseau de l'Esvière dont le lit empruntait sensiblement le tracé du boulevard du Roi-René, au sud du château. Le cairn est donc situé au niveau d'un éperon formé juste à la confluence du ruisseau de l'Esvière avec la Maine. Le plateau auquel s'intègre cet éperon présente des altitudes voisines de 40 à 45 m NGF ; il domine le cours de la Maine de 20 à 25 m. Il semblerait toutefois que le cairn ne soit pas implanté sur le point le plus haut de cet éperon, mais qu'il soit légèrement décalé sur son flanc nord-ouest. Les assises du cairn sont constituées par les schistes d'Angers datés de l'Ordovicien moyen, siltites dont l'origine est à rechercher dans le démantèlement du vieux socle cadomien et des dépôts paléozoïques. Ces schistes, sensibles à la fragmentation physique, présentent un faciès d'altération où les matériaux se délitent en petites plaquettes très fines ou plus grossières, incorporant des éléments issus des quartz filoniens. Reconnu autour du monument et plus ou moins bien conservé, un tablier d'éboulis ordonné forme une couronne de plusieurs mètres au-delà du parement externe (2 à 3 m). Cet horizon, résultant des premières destructions du mégalithe, a été décomposé en deux parties relativement homogènes : un éboulis grossier contre le parement externe (véritables pans de murs qui se sont effondrés rapidement) et un éboulis fin qui recouvre en partie les derniers mètres de l'éboulis grossier et prolonge ce niveau de 2 à 3 m vers l'extérieur du monument. La base du cairn est conservée sur une hauteur avoisinant une trentaine de centimètres. De plan arrondi (diamètre 17 m), le monument est délimité par un parement fait de grandes dalles montées en pierre sèche. Celles-ci peuvent être très volumineuses et dépasser 0,80 m de longueur. Le relevé pierre à pierre des éléments du cairn laisse apparaître de fortes dissemblances dans les modes d'édification du monument. Une structuration interne du cairn a pu être mise en évidence au nord, à l'est et à l'ouest. Celle-ci se manifeste par la présence de grandes dalles rectangulaires disposées à plat de façon continue entre le parement et les chambres, dessinant ainsi des structures rayonnantes. Des lacunes, parfois très importantes, existent entre les pierres délimitant ces rayons. Dans l'état actuel, quatre caveaux funéraires ont pu être identifiés. Ils sont fréquemment recoupés par les substructions médiévales et leurs contours sont restitués à partir des quelques parements identifiés. À la différence de l'enveloppe pierreuse, les chambres sont parementées avec de grandes plaques, encore remarquables dans les chambres I à III, certaines intactes, mesurant tout de même près d'1 m2 pour seulement 4 à 5 cm d'épaisseur. Un cinquième caveau au nord est proposé, à titre d'hypothèse (chambre IV), de nombreuses dalles à plat évoquant le parement concentrique d'une chambre funéraire. Le sol des chambres était apparemment dallé à l'origine, d'après les éléments conservés dans les chambres I et III. Les accès aux chambres s'opéraient à partir d'un couloir unique orienté à l'est. En dehors des objets provenant de la chambre V (en cours d'étude ; elle a livré 3 haches pendeloques, 2 haches polies, plusieurs éléments en silex pressignien - poignards et grattoirs - et plusieurs céramiques attribuables au Néolithique final), trois objets en silex de type pressignien sont pour l'instant issus du monument (silex de la région du Grand-Pressigny ou du Thoureil dans le Maine-et-Loire). Ce type de monument semble pouvoir être rattaché à une forme particulière de dolmens à couloir (à cellules latérales) datés du Néolithique moyen que l'on rencontre dans le Morbihan : Keriaval et Klude-er-Yer à Carnac, Cruguellic à Ploemeur ou Min-Goh-Ru à Colpo. Sur le plan chronologique, beaucoup de questions demeurent. Cependant, et malgré le caractère encore partiel des éléments observés, on peut d'ores et déjà affirmer l'utilisation du monument au Néolithique final.