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La Fontaine Plamond, aéroport du Bourget phase 1
Bonneuil-en-France est une commune du Val-d'Oise, limitrophe de la Seine-Saint-Denis et de la commune du Bourget. Le projet d'aménagement ADP concerne 40 ha de terrain de l'aéroport du Bourget : le diagnostic a été réalisé par l'Inrap en 2008, sous la responsabilité de Thierry Caparros.
Les tranchées ont mis en évidence un village complet du haut Moyen Âge avec sa nécropole. Cette dernière occupe une surface de 6 000 m², le reste du site s'étendant sur près de17 ha. Les travaux et les fouilles seront réalisés en plusieurs phases, chacune correspondant à une prescription et à un marché distinct.
La fouille de 2010 correspond à la voie d'accès du projet (1,5 ha), le décapage est donc une langue de terre de 30 m, traversant le coeur du site dans son intégralité. Cela en fait une très belle fenêtre « d'évaluation » complémentaire.
Le village du haut Moyen Âge est implanté sur un versant de la vallée du Croult et remonte sur la plaine. Plusieurs types de substrats se rencontrent : des limons de plateaux, des marnes calcaires, des sables fins et du calcaire ; les transitions rendent complexe le repérage des vestiges. Plusieurs décapages ont été nécessaires compte tenu de la lisibilité et de la densité de vestiges.
De multiples vestiges datés de La Tène au Moyen Âge
Cette emprise traversant le coeur de l'occupation, les vestiges sont nombreux : 1 500 structures environ, réparties plus particulièrement sur les 2/3 de la surface.
Si la majorité du site appartient au premier Moyen Âge (fin Ve-début XIIe siècles), un parcellaire et quelques vestiges d'habitat dénotent une implantation dès la phase laténienne.
Le diagnostic avait permis de repérer des fosses du Hallstatt ; la parcelle de 2010 a mis au jour un large silo appartenant à La Tène ancienne et un établissement gallo-romain (La Tène finale/Bas-Empire). Ce dernier est constitué d'un ensemble de fossés formant enclos, de fosses et de trous de poteau, d'une vaste cave et d'une structure de combustion atypique, liée au grillage de céréales (à confirmer). Les enclos s'étendent hors emprise ; il conviendra de définir, par les fouilles ultérieures, le type d'occupation et sa continuité avec le village médiéval.
La découverte majeure est la présence d'un chemin creux aménagé d'un radier de cailloutis et sables. Une première phase, en terre avec des fossés bordiers, semble se dessiner. Les structures reconnues, après décapage du radier, nous aiderons à situer chronologiquement sa mise en place, notamment grâce aux datations archéomagnétiques de fours culinaires antérieurs. L'axe de la voie traverse le village, reliant le plateau à la vallée ; il reprend la direction d'un fossé gallo-romain.
L'occupation du Moyen Âge
Les structures liées au haut Moyen Âge se répartissent de part et d'autre de ce chemin laissant peu de place, compte tenu de l'emprise, à la reconnaissance de bâtiments sur poteaux : quelques concentrations sont néanmoins observables. À ceux-ci s'ajoutent 35 bâtiments excavés dont la majorité comporte deux poteaux axiaux. Les fours culinaires sont le plus souvent de grands diamètres, quatre d'entre eux étant supérieurs à 2,50 m de large. Si tous sont creusés en sape dans le limon, un four semble avoir eu une voûte construite en pierre. Sur les 35 individus, 12 ont fait l'objet de prélèvements archéomagnétiques.
Comme le chemin, l'abondance de silos (200) est une surprise par rapport au diagnostic et leur implantation dépend d'ailleurs du tracé de cette voie. Datés de toutes les phases chronologiques, ce sont surtout les individus des XIe-début XIIe siècles qui dominent l'échantillon et recoupent, quand ils ne masquent pas, de multiples vestiges antérieurs. Le phénomène d'ensilage de masse à cette période n'est pas une spécificité régionale, son étude reste à développer. Il sera d'autant plus intéressant de comparer cette implantation d'ensilage avec celle mis au jour, en 2009, à Gonesse « ZAC entrée sud II », site distant de 1,2 km seulement.
La nécropole n'est pas localisée dans la parcelle fouillée en 2010 mais, comme souvent, des inhumations, dispersées dans l'habitat, ont été observées. Elles sont au nombre de deux auxquelles s'ajoutent deux groupements. Ces deux ensembles voisins se composent uniquement d'individus immatures et de jeunes adultes. Ils semblent situés à un carrefour où la voie est-ouest s'embranche sur un axe nord-sud. Enfin, trois individus ont été déposés sur le fond d'un large silo. Il s'agit de nouveau d'individus jeunes ; la céramique associée est attribuable aux IXe-Xe siècles.
D'intéressantes perspectives d'étude
La fenêtre de fouille de 2010 a permis de confirmer la richesse et le potentiel d'étude de ce village. Elle complète en cela les éléments recueillis lors du diagnostic, notamment pour ce qui est des phases antérieures au premier Moyen Âge.
Les perspectives d'étude sur cette occupation sont vastes, notamment l'évolution de son implantation en tant que continuité ou non d'un établissement gallo-romain, voire plus ancien, jusqu'à la compréhension de son abandon, début XIIe siècle. S'agit-il d'un déplacement vers le village actuel ou du développement d'un pôle au détriment de l'autre ? Le phénomène d'ensilage de masse au XIe s. fonctionne t-il avec la dernière phase d'occupation ou après abandon de la zone ?