En 2013, dans le cadre d'un vaste programme de restauration de la forteresse de Rodemack, l'Inrap a conduit des fouilles sur ce site qui a été rénové au XIXe siècle. Environ 2 000 m2 ont été explorés en 2013, et 7 000 m2 ont été fouillés pendant 6 mois en 2014.

Chronique de site
Dernière modification
10 mai 2016

Les fouilles effectuées sur le site ont mis à jour le noyau originel du château médiéval, des fondations jusqu'alors inconnues puisqu'inexistantes sur les plans du XVIIIe siècle. Attestée dans les archives dès l'an 893, la localité de Rodemack devient un domaine seigneurial dès le XIIe siècle, sur lequel Arnaud 1er a probablement érigé une première demeure féodale. Toutefois, les fouilles ont révélé une occupation bien plus ancienne grâce à la découverte de mobilier tel que des monnaies et des céramiques, une occupation datée du XIe siècle. 

La redécouverte du château médiéval

La découverte la plus remarquable est celle d'une vaste demeure seigneuriale du XIIIe siècle, de 8 m de large sur 15 m de longueur, composée de quatre pièces dont une chambre à four et une pièce aux murs solidement maçonnés décorés de peintures murales jaunes et rouges. Les fondations laissent supposer qu'elle intégrait un étage. Les chercheurs ont aussi prélevé une grande variété d'objets du Moyen Âge et de la Renaissance: verrerie, vaisselle en céramique (grès rhénans et poterie à glaçure mosellane), carreaux de poêles décorés, outils, armements, monnaies, etc. Ils témoignent d'une économie riche, dans un milieu aristocratique germanique en pleine expansion durant ces périodes.

Une place forte convoitée depuis le Moyen Âge

Les fouilles n'ont pas seulement révélé une demeure seigneuriale, elles ont aussi dévoilé une réelle volonté de défendre le site, attestant ainsi de l'emplacement stratégique militaire de la citadelle. Dès la guerre de Cent Ans, le site s'arme d'un système défensif, d'une garnison et d'un armement. En 2013, la fouille de l'entrée basse (côté bourg) a révélé les fondations spectaculaires d'éléments défensifs des XIVe et XVe siècles, notamment la base d'une barbacane formée d'une tour porte carrée ainsi qu'un pilier monumental qui soutenait un système de pont-levis ; l'ensemble est entouré d'un fossé de 6 à 8 mètres de profondeur. Le site est transformé en forteresse au XIVe siècle puis en citadelle frontalière au XVIe. Les fortifications ont été partiellement détruites en 1483, date à laquelle le site subit un siège qui aboutit à la victoire des Luxembourgeois, un fait étayé par la présence de monnaies du Luxembourg trouvées sur le site.

Imbroglios militaires jusqu'au XIXe siècle

Dans une Europe où se disputent le Saint-Empire germanique et le Royaume de France, Rodemack offre une place de choix pour la défense des frontières. Les fouilles démontrent qu'à cette époque, le fossé bas a été réduit de moitié et qu'une nouvelle rampe d'accès est aménagée au pied des tours jumelles. Une poterne, petite porte d'accès permettant de rentrer et de sortir sans être vu, et les bases de piles d'un pont détruit au XVIe puis reconstruit au XVIIe ont également été découvertes. Des traces de combats des XVIe et XVIIe siècles y ont été relevées (boulets, balles carreaux d'arbalète, garde d'épée). En 1678, Louis XIV fait de ce site une place forte stratégique pour conquérir les Pays-Bas espagnols. Il convertit les lieux en citadelle de casernement dont on a retrouvé les fondations ainsi que nombreuses traces matérielles de la vie militaire (pipes en terre, vaisselles, boutons d'uniformes, etc.). En 1815, suite au siège de la citadelle par les Prussiens, la place-forte et les principaux ouvrages d'artillerie sont détruits.

Ces fouilles archéologiques permettent de renouveler l'histoire du site devenu place forte de frontières, de retracer notamment son riche passé militaire. L'archéologie révèle également les vestiges médiévaux et méconnus de la Citadelle de Rodemack.
Aménagement : Communauté de communes de Cattenom et environs (CCCE)
Contrôle scientifique : Service régional de l'Archéologie (Drac Lorraine)
Recherches archéologiques : Inrap
Responsable scientifique : Jean-Denis Laffite