Vous êtes ici
L'histoire de Troyes inscrite dans la cire
La Place de la Libération à Troyes a été le cadre d'une fouille archéologique avant la création d'un parking souterrain de 2004 à 2006. Cette recherche et ses multiples approches interdisciplinaires brosse le tableau d'une cité antique émergente, la vie quotidienne d'une population urbaine nouvellement romanisée au tournant de notre ère, en évoquant son statut social, ses coutumes alimentaires, son état sanitaire.
Durant la Préhistoire, l'environnement était particulièrement inhospitalier du fait de crues fréquentes puis de la présence de marécages.
Il faut attendre l'époque augustéenne et les années 20 avant notre ère pour que ce milieu soit viabilisé par un réseau de fossés de drainage qui structurent l'espace. Une première implantation se caractérise par des ensembles excavés et un habitat en bois.
Une urbanisation antique progressive au coeur d'un milieu inhospitalier
La cité périclitera vers la fin du IIIe siècle.
Les objets en matériaux périssables : un aspect de la culture romaine
Un des éléments les plus remarquables est un tonneau gallo-romain d'une capacité 1000 litres. Conservé sur une hauteur de 1,30 m pour un diamètre de près d'1 m, il est formé de 19 douelles (épicéa et sapin) cerclées de lanières en noisetier. Le tonneau a été réutilisé comme cuvelage de puits ce qui a permis sa parfaite conservation. Fabriqué vers 47 de notre ère dans la région lyonnaise, il devait à l'origine mesurer plus de 1,80 m. Il sert au transport d' acetum ? du vin piqué voire du vinaigre ? utilisé pour préparer la posca, boisson des soldats romains faite d'1/10e d'acetum pour 9/10e d'eau.
Pourrait-il à lui seul attester de l'implantation temporaire d'une légion à Troyes, vecteur de romanisation de sous l'empereur Claude (41-54) ?
Les tabulae ceratae de la place de la Libération
Hormis deux éléments en épicéa, tous les autres sont fabriqués en sapin, parfois à partir du même tronc. Ces tablettes sont attribuées à la seconde moitié du Ier siècle et deux d'entre elles, par dendrochronologie, sont datées précisément des années 50 et 51 de notre ère.
Certaines faces portent des incisions dans le bois évoquant des lignes d'écriture, en cours d'étude par les épigraphistes. Au dos de certaines tablettes, des graffitis pourraient indiquer le contenu ou les auteurs du document.
Les 26 pièces de Troyes constituent un corpus unique en France qui évoque les trouvailles du fortin romain de Vindolanda, en Écosse.
Inrap
Chargée de communication Médias
Mahaut Tyrrell
Tél. : 01 40 08 80 24
24mahaut.tyrrell [at] inrap.fr