Émissions de radio
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Mis à jour le
14 novembre 2022
Collection
Carbone 14

Pour découvrir l’archéologie d’aujourd’hui, ses sciences connexes, mais aussi approcher et décrypter ce que la discipline recouvre de concepts, de modèles, Carbone 14, le magazine de l'archéologie, retrace les avancées de la recherche française et internationale et parcourt terrains, chantiers et laboratoires. Une émission à écouter chaque samedi, de 19 h 30 à 20 h sur France Culture et à réécouter sur Inrap.fr.

Avec Mélanie Roffet-Salque, ingénieure et docteure en chimie, membre du laboratoire de géochimie organique de l'Université de Bristol (Royaume-Uni).

 
L’alimentation des populations humaines fossiles est un thème classique de l’archéologie, s’intéresser au lait est en revanche très novateur.
 

Les archéologues et archéozoologues ont longtemps pensé que le lait était une production secondaire, plus tardive que la consommation de viande des premiers animaux domestiqués. Aujourd’hui, il n’en est rien, puisque le lait pourrait être une des raisons premières de cette domestication.

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Une poterie expérimentale dans laquelle du lait est chauffé. Les aliments cuisant dans les poteries laissent des traces de graisses absorbées dans l’argile. 

 



 

- © Organic Geochemistry Unit, University of Bristol

 

Archéologie d’une enzyme : la lactase

Ce sujet tourne bien entendu autour de la possibilité pour les populations adultes d’assimiler ou non des produits laitiers au travers de la persistance d’une enzyme « la lactase », qui libère alors du glucose et du galactose. Cette propriété que possèdent naturellement les enfants diminue après le sevrage et nombre d’adultes ne peuvent aujourd’hui consommer ce produit. A l’échelle mondiale seuls 35% des adultes continuent de produire cette lactase et peuvent, ainsi, boire du lait. Si les communautés scandinaves en produisent majoritairement, il n’en est pas de même en France, avec 50 % de la population seulement qui en produit, 20% en Italie. En Europe, cette persistance de la lactase chez l’adulte est liée à un seul allèle, inscrit dans le code génétique des populations.

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Extraire et analyser les graisses d’origine archéologique des tessons de poterie : 1/ nettoyage 2/ réduction en poudre 3/ utilisation de solvants 4/ analyse 



 

© Organic Geochemistry Unit, University of Bristol

 

Traquer le lait dans les poteries préhistoriques

Une telle recherche nécessite tout à la fois, de croiser nombre de disciplines : l’archéologie, l’anthropologie et la biologie, dont la génétique évolutive. Le cœur de métier de Mélanie Roffet-Salque est la chimie analytique, à partir de résidus contenus dans des poteries archéologiques. Les résultats sont alors croisés avec ceux de la génétique.

Il était capital de découvrir à quel moment s’opère, chez l’adulte, cette tolérance au lait : en Europe, les populations auraient acquis cet allèle au cours du Ier millénaire avant notre ère. Les populations antérieures et notamment néolithiques, non adaptées à la consommation du lait, en auraient assurément bu durant des périodes de crise ou de famine. La sélection du variant génétique ne serait pas directement liée à la quantité de lait consommé dans le passé, mais aux changements de densité de populations, comme aux facteurs environnementaux.

En fin d'émission, Vincent Charpentier rend hommage à Marc Viré, archéologue à l'Inrap, médiéviste, récemment disparu. A lire, un article sur lui (site de pressreader.com, mars 2021).

Pour aller plus loin

Année :
2022
Durée :
29 min