À l’occasion des 20 ans de l’Inrap et des Journées européennes du patrimoine, SNCF Gares & Connexions et l’Inrap se sont associés pour créer cinq expositions en gare afin de faire découvrir aux voyageurs une série d’objets archéologiques exceptionnels qui ont rejoint les collections de musées.

Chronique de site
Dernière modification
23 novembre 2022

L’archéologie préventive : fouiller en amont de chantiers pour préserver le patrimoine

Chaque année, environ 700 km² sont aménagés pour construire des voies ferrées, des équipements, des habitations... En conciliant travaux d’aménagement et préservation par l’étude du patrimoine archéologique, la loi sur l’archéologie préventive de janvier 2001 est à l’origine d’un profond renouvellement de la connaissance du passé. Créé le 1er février 2002, l’Inrap célèbre cette année ses 20 ans. De 2002 à 2022, 50 000 sites archéologiques ont été expertisés en France et plusieurs milliers fouillés, étudiés et valorisés.

Cette intense activité a également entraîné une mise en valeur sans précédent du patrimoine archéologique des territoires. Chaque année, ces vestiges enrichissent les expositions et collections des musées comme la « Vénus » préhistorique de Renancourt au musée de Picardie à Amiens, les statues gauloises de Trémuson, au musée de Bretagne de Rennes – Les Champs libres, la mosaïque antique de Penthée au musée de la Romanité à Nîmes et le vase diatrète d’Autun au musée Rolin d’Autun.

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« Archéologie préventive dans nos territoires de la fouille au musée », à la gare de Lyon (Paris).

© David Paquin – SNCF Gares & Connexions

 

Cinq expositions de la fouille au musée en passant par la gare

SNCF Gares & Connexions et l’Inrap présentent dans quatre gares proches des sites archéologiques dont sont issus ces objets remarquables et des musées qui les présentent aujourd’hui. Visiteurs et voyageurs peuvent prolonger leur découverte en se rendant dans les musées pour découvrir les originaux de ces chefs d’œuvres.

Chaque gare accueille une exposition créée sur mesure. La mosaïque de Penthée est présentée en gare de Nîmes-Centre, le vase diatrète d’Autun en gare de Le Creusot-TGV, les statues gauloises de Trémuson en gare de Rennes et la « Vénus » de Renancourt en gare d’Amiens. Une cinquième exposition, à Paris Gare de Lyon, récapitule ces quatre présentations.

 

La mosaïque de Penthée en gare de Nîmes Centre

La fouille de l’avenue Jean-Jaurès à Nîmes par l’Inrap en 2006-2007 dévoile un pan entier de la ville antique de Nemausus. Rues, quartiers d’habitation, fontaines ou statues renseignent sur l’organisation sociale et urbaine de l’époque. De remarquables tapis de mosaïques de grandes dimensions, réalisés à l’apogée de l’Empire romain (IIe -IIIe siècles) et très bien conservés, représentent des scènes de la mythologie grecque et romaine dont la plus étonnante évoque le meurtre du roi de Thèbes, Penthée, par sa mère Agavé. La mosaïque de Penthée est découverte à 2 mètres sous la surface du sol actuel. Elle est située au sud d’une maison romaine (domus), au sein d’un quartier associant zones résidentielles et artisanales. Cette mosaïque, presque complète, mesure 35 m². La mosaïque de Penthée fait partie des collections permanentes du musée de la Romanité à Nîmes.

 

Le vase diatrète d’Autun en gare de Le Creusot-TGV

En 2020, l’Inrap, en collaboration avec le service archéologique de la ville d’Autun (Saône-et-Loire), a fouillé une partie de la nécropole située à proximité de l’ancienne église paléochrétienne de Saint-Pierre-l’Estrier. Un sarcophage de pierre a livré un remarquable vase « diatrète », daté du IVe siècle de notre ère. Ce type de vase en verre ouvragé de la fin de l’époque romaine est considéré comme l’aboutissement des réalisations romaines dans la technique du verre. Il nécessite plusieurs mois de travail à un verrier chevronné. Cet exemplaire est le seul complet que l’on ait trouvé en France. Soufflé dans un verre très pur, il est ensuite sculpté à froid. Une résille enveloppe la partie inférieure du vase tandis que, sur la partie médiane, le maître verrier détache de la paroi, lettre par lettre, une inscription latine VIVAS FELICITER : « Vis avec félicité ».
Le vase diatrète est exposé dans l’exposition D’un monde à l’autre, jusqu’au 30 septembre au musée Rolin d’Autun dont il rejoindra les collections permanentes.

 

Les statues gauloises de Trémuson en gare de Rennes

En 2019, une fouille de l’Inrap à Trémuson (Côtes-d’Armor) révèle un site gaulois occupé entre le milieu du IIIe siècle avant J.-C. et le début du Ier siècle après J.-C. Vers la fin du IIe siècle avant J.-C., un habitat aristocratique s’y développe autour d’une cour résidentielle, à laquelle on accède par un porche monumental. Au fond d’un puits de six mètres de profondeur, les archéologues découvrent trois bustes de personnages gaulois et un exceptionnel seau de banquet en bois d’if cerclé de bronze. À proximité du puits, au fond d’une petite fosse, est également mise au jour la statue, face contre terre, d’un personnage barbu portant un torque, un collier métallique rigide. La signification de ces dépôts demeure énigmatique à ce jour.Les statues gauloises de Trémuson, conservées à Rennes au musée de Bretagne – Les Champs libres, est à découvrir dans l’exposition Celtique ? jusqu’au 4 décembre 2022.

 

La « Vénus » de Renancourt en gare d’Amiens

Découvert en 2011 lors d’un diagnostic de l’Inrap, le gisement paléolithique d’Amiens-Renancourt est daté de 27 000 ans. Il s’agit de l’un des rares témoignages de la présence de l’Homme moderne (Homo sapiens) au début du Paléolithique supérieur (-35 000 à -15 000) dans le nord de la France. Le site fait depuis 2014 l’objet de fouilles programmées avec l’Inrap et le CNRS, soutenues par la Drac Hauts-de-France et Amiens Métropole. Lors de la campagne 2019, une sculpture exceptionnelle de « Vénus » y est mise au jour. Elle vient compléter une remarquable série d’une vingtaine de statuettes féminines, découvertes sur ce même site ! La présence de plusieurs milliers de fragments de craie, dont certains semblent être des déchets de fabrication, permet d’avancer l’hypothèse qu’existait ici un atelier de production de ces figurines. Quelques dizaines d’exemplaires de ces « Vénus » sont connus des Pyrénées à la Sibérie. La « Vénus » de Renancourt fait partie des collections permanentes du Musée de Picardie à Amiens.

En partenariat avec l’Inrap et SNCF Gares & Connexions
En gares de Nîmes-Centre, Le Creusot TGV, Rennes, Amiens et Paris Gare de Lyon
Du 9 septembre au 31 octobre 2022