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Isabelle Daveau, lauréate du « Prix La Recherche » pour ses travaux sur le village protohistorique de la Cougourlude à Lattes
Le magazine La Recherche, mensuel scientifique de référence créé il y a plus de 40 ans, récompense chaque année des équipes de recherche afin de suivre au plus près les avancées de la science.
Ses objectifs sont de récompenser, non pas l'ensemble d'une carrière, mais un travail de recherche effectué durant l'année écoulée et de promouvoir les travaux des équipes lauréates auprès du grand public par le biais du magazine. Afin de couvrir l'ensemble des territoires de la recherche, le prix La Recherche récompense douze équipes en archéologie, astrophysique, biologie, chimie, environnement, mathématiques, santé, neurosciences, physique, tic et informatique, technologies et remet un prix spécial du jury.
Pour sa huitième édition, le jury, présidé par le mathématicien Cédric Villani, lauréat de la médaille Fields 2010, vient d'attribuer le prix La Recherche en archéologie à Isabelle Daveau et son équipe de l'Inrap, pour leurs travaux sur le village protohistorique de la Cougourlude à Lattes, dans l'Hérault.
Le site de la Cougourlude
Une agglomération gauloise sans équivalent
C'est réellement à partir de la seconde moitié du VIe siècle avant notre ère que ce village prend de l'ampleur. Plus de 1500 structures en creux appartenant à cette phase ancienne ont été dégagées par les archéologues. Deux larges fossés traversent l'emprise du site et structurent l'organisation de l'habitat. Larges de 8 à 12 m, profonds de 3 m, leur ampleur évoque des dispositifs défensifs. Le creusement de tels ouvrages nécessite une structure sociale complexe, capable de mobiliser une main d'oeuvre abondante pour des travaux collectifs. Aucune organisation à grande échelle, témoignant de l'ébauche d'un plan d'urbanisme, n'est cependant perceptible. Très denses, les vestiges mis au jour, décrivent un habitat rural où les constructions sur poteaux côtoient des bâtiments semi-enterrés.
En complément des bâtiments, des silos enterrés et des caves sont destinés au stockage.
Hormis les activités domestiques et agricoles, l'artisanat était aussi pratiqué. Des scories et culots de forge témoignent du travail du fer. Coulures et chutes de plomb et d'alliages cuivreux signalent le traitement des alliages.
Les productions agricoles et artisanales ont probablement été échangées avec profit. La forte proportion d'amphores étrusques et massaliotes au sein des dépotoirs traduit une participation active aux réseaux commerciaux. Elle atteste aussi une consommation importante de vin par les habitants. La découverte de quelques objets de prestige (vaisselle métallique, simpulum, récipient en verre moulé) révèle le haut statut social de leur propriétaire.
La présence d'un habitat de cette étendue et de cette densité à quelques centaines de mètres des portes de Lattara suscite de nombreuses interrogations, notamment sur les relations entre les deux agglomérations. L'essor du village de la Cougourlude, à partir de 550 avant notre ère, est antérieur à la fondation de Lattara. Ses habitants ont pu jouer un rôle dans l'implantation des nouveaux venus et participer à l'édification de la ville. La coexistence des deux sites, pendant plusieurs décennies, laisse supposer une certaine complémentarité, le port servant de plateforme de distribution aux productions de la Cougourlude et stimulant sa prospérité. L'abandon rapide du village, vers 475 avant notre ère, coïncide avec la fin de l'hégémonie étrusque à Lattara. Il est donc tentant d'envisager un transfert de population vers la ville voisine, accompagnant sa reprise en main par Marseille.
Mahaut Tyrrell
chargée de communication médias
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