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Fortifications d’époques antique et médiévale, et prison à Toulouse
À proximité immédiate du château Narbonnais, l’emprise du diagnostic archéologique (sur 1 891 m²) est circonscrite par le rempart antique au nord, entre la tour des Hauts-Murats et celle de la Sénéchaussée, et par le rempart médiéval au sud.
Cette zone est connue pour avoir été une prison entre la période de l’Inquisition (XIIIe siècle) et 1964. Le projet de construire sur ce périmètre des logements sociaux était susceptible de porter atteinte aux fortifications et passait par la destruction du bâtiment adossé à la muraille antique. Il s’agissait donc de caractériser l’ensemble des constructions et de mettre en relation ces informations avec celles apportées par la réalisation de sondages dans le sous-sol.
Le rempart du Haut-Empire
Le rempart antique a été reconnu depuis sa fondation sur 4,50 m de hauteur. Il conserve sur le premier 1,50 m son parement antique constitué de petit appareil de moellons cubiques alternant avec des assises de briques. Sa largeur est de 2,40 m. Au-dessus, la récupération du parement, constitué exclusivement de briques, réduit sa largeur à 1,20 m. La muraille révèle donc son blocage interne réalisé en galets noyés dans un mortier très résistant rigidifié par des murettes transversales. Les deux tours sont également d’origine antique. Les sondages touchent le fossé de ville carolingien, fouillé à la Cité Judiciaire qui complète le dispositif défensif en avant de la fortification antique. L’arasement de la muraille, dont le niveau est constant sur l’ensemble du site, traduit un nivellement volontaire avant sa surélévation à l’époque médiévale.
Le rempart médiéval
Au nord, le rempart médiéval se superpose au rempart antique et s’élève sur près de 9 m depuis la fondation. Construit en briques, son chemin de ronde s’implante sur un encorbellement intérieur et extérieur permettant de ménager la circulation, celle-ci étant protégée par un parapet large de 0,60 m. La tour des Hauts-Murats transporte le visiteur dans l’espace carcéral : porte à double battant doté de multiples serrures, ouverture munie de grilles de fer, jours étroits en hauteur. Le volume est couvert d’une coupole en briques. La destruction partielle de la tour de la Sénéchaussée permet de distinguer les différentes phases d’aménagement et de constater que la coupole et toute la maçonnerie supérieure sont postérieures à l’Antiquité. Le rempart sud est visible sur plus de 8,50 m. Sur la portion observée, le chemin de ronde, détruit, a pu être restitué. Une meurtrière montre la bonne conservation de l’édifice.
La prison
Pas moins de cinq niveaux de sols successifs ont été identifiés à l’intérieur du bâtiment adossé à la muraille nord, illustrant la longue pérennité de cet espace et permettant de supposer son origine médiévale. Aux premiers sols en terre battue succèdent trois sols de briques. Le deuxième de ces dallage, usé et réparé à maintes reprises, est recoupé par une structure sur poteaux de bois érigée entre 1650 et 1750.
Coupe du rempart côté nord. On distingue la base antique et la surélévation du XIIIe siècle.
© Catherine Viers, Inrap
La tour des Hauts-Murats appartient à la forteresse du Haut-Empire. Elle est transformée en prison dès l’Inquisition et couverte d’une coupole.
© Olivier Dayrens, Inrap