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Fin du chantier de fouille archéologique à Hambach : retour sur les découvertes (Moselle)
Une équipe de l’Inrap a mené, sur prescription de l’État (Drac Grand Est), une fouille dans le cadre de l’agrandissement de la ZAC Europôle 2 dans les communes de Hambach et Willerwald (Moselle). Sur ce terrain couvrant plus de 35 445 m² – répartis en quatre zones distinctes – les archéologues ont mis au jour un ensemble de vestiges datant principalement de l’Antiquité. Leur étude permet de mieux comprendre l’occupation humaine sur ce territoire à cette époque.
Un territoire densément occupé pendant l’Antiquité
La Moselle actuelle correspond en grande partie au territoire des Médiomatriques (peuple de Gaule Belgique). Cette partie de la vallée de la Sarre et de ses affluents est très densément occupée durant l’époque gallo-romaine, comme l'attestent de nombreux indices d’habitats - tuiles, moellons, céramique - détectés en prospections pédestres et par un diagnostic archéologique en 2023 autour de Hambach et de Willerwald.
Trois établissements ruraux voisins
Sur un peu moins d’une quarantaine d’hectares, les archéologues ont mis en évidence au moins trois établissements ruraux qui ont sans doute coexisté durant une ou plusieurs phases de l’Antiquité. Deux d’entre eux, datés des Ier et IIe siècles, se caractérisent par des bâtiments en matériaux périssables (terre et bois). La première ferme, mise au jour en limite d’emprise, est assez érodée. En revanche, la seconde a livré plusieurs plans de bâtiments sur poteaux plantés s’organisant autour d’une cour renfermant au moins une mare et un puits parementé.
Plan d’un bâtiment à douze poteaux plantés construit en matériaux périssable, Ier-IIe siècle après-J.-C., Willerwald, 2024.
© Inrap
Le troisième secteur d’habitat, également fréquenté durant toute l’Antiquité tardive, présente une érosion importante. Seuls les vestiges les plus excavés ont été conservés, tels une cave et de gros poteaux plantés avec calage de pierres calcaires. La nature des matériaux constituant le comblement de l’ensemble de ces creusements implique des élévations construites en moellons calcaire (moellons et résidus de mortiers), structurées par des éléments en grès (blocs d’architectures taillés) et recouvertes d’une toiture de tuiles (duo tegulae et imbrices).
Comblement d’une cave après son abandon durant l’Antiquité tardive, Hambach, 2024.
© Inrap
De cette villa romaine, l’érosion des sols n’a conservé aucune trace de murs ou de tranchées de récupération qui permettraient de proposer un plan du ou des bâtiments. Des traces de poutres brûlées dans le comblement de la cave montrent également que cet habitat a été détruit par un incendie au cours de l’Antiquité tardive. Ses murs ont ensuite été systématiquement démantelés.
Les traces d’une petite nécropole
Entre ces différents secteurs d’habitats, les opérations archéologiques ont révélé la présence d’une petite nécropole composée de deux incinérations datées de la fin du Ier siècle. Ces sépultures sont à rattacher à l’un ou l’autre des secteurs d’habitats mis au jour à proximité.
Sépulture à incinération, fin du Ier siècle après J.-C., Hambach, 2024.
© Inrap
On note la présence d’un coffre en matériau périssable (bois) dans lequel ont été déposés les restes du défunt rassemblés dans une poche sans doute en tissu, ainsi que plusieurs récipients placés dans et sur le coffre (assiette, cruche et gobelet).
Vase déposé dans une incinération, fin du Ier siècle après J.-C., Hambach, 2024.
© Inrap
Contrôle scientifique : Service régional de l’archéologie (Drac Grand-Est)
Recherche archéologique : Inrap
Responsable scientifique : Magali Mondy, Inrap