Dans la cour de l'École Nationale Supérieure d’Arts de Dijon, une équipe de l'Inrap a mis au jour une vingtaine de sépultures du Moyen Âge, dont une tombe anthropomorphe. Les inhumations semblent prendre place, du moins pour les périodes les plus anciennes, au sein d’un édifice dont la nature reste à déterminer.

Dernière modification
13 février 2020

En amont de l’aménagement d’un accès PMR dans la cour de l’ENSA (École Nationale Supérieure d’Arts) par l’OPPIC, les archéologues de l’Inrap ont réalisé une fouille archéologique en novembre 2019, sur prescription de l’État (Drac Bourgogne-Franche-Comté). Lors du creusement d’une tranchée préalable à l'installation d'un réseau, une vingtaine de sépultures, partiellement conservées, ont pu être dégagées. Seules les tombes concernées par l’aménagement ont fait l’objet d’une fouille. Le chantier se situe non loin de la crypte de la cathédrale Saint-Bénigne et d'un ancien monastère médiéval. Les archéologues ont ainsi l'opportunité de documenter des faits funéraires dans un contexte religieux très marqué.
 

Des inhumations en coffrage

Les sépultures représentent les vestiges les plus notables : elles sont pratiquées selon différents modes funéraires. La plupart des inhumés sont placés dans des coffrages : ces constructions installées in situ prennent diverses formes. En bois ou en pierre, certaines sont aussi mixtes, c’est-à-dire composées de ces deux matériaux. Les parois des coffrages de pierre peuvent être constituées de petits murets ou de dalles disposées de chant. Ces bordures soutiennent des couvertures en dalles calcaires. Parmi ces sépultures, la plus ancienne paraît plus exceptionnelle dans le contexte régional : le défunt a été installé dans une tombe anthropomorphe aux parois recouvertes de mortier. Celui-ci a piégé des restes de tissus qu’il reste à étudier. Une première datation radiocarbone attribue cette tombe aux XIe-XIIe siècles ce qui correspond au plein développement du monastère après la réforme de Guillaume de Volpiano, abbé associé à l'ordre clunisien et à l'origine de la reconstruction de l'église de Saint-Bénigne au début du XIe siècle.
 


Un contexte funéraire ancien et étendu

Les inhumations fouillées semblent ainsi prendre place, du moins pour les périodes les plus anciennes, au sein d’un édifice dont la nature reste à déterminer. Les traces de ce bâtiment sont très ténues : on observe notamment un sol très bien construit et des fragments d’enduits peints. Sa relation avec l’abbatiale Saint-Bénigne n’a pas encore pu être déterminée : ce bâtiment en est-il une extension ou correspond-il plutôt à un mausolée ? En tout état de cause, s’il a existé, il est rapidement détruit et les sépultures postérieures sont ensuite installées dans un espace ouvert, en périphérie de la rotonde de la cathédrale. Dans le quartier, diverses opérations archéologiques, anciennes et récentes, ont mis en évidence une occupation funéraire de plusieurs siècles et étendue sur une superficie d’au moins 1 ha. Aux tombes de l’Antiquité tardive succèdent de nombreuses inhumations du haut Moyen Âge puis des sépultures du Moyen Âge classique, comme sur le site de l’ENSA.


 

Aménagement : OPPIC
Contrôle scientifique : Service régional de l’archéologie (Drac Bourgogne-Franche-Comté)
Recherche archéologique : Inrap​
Responsable scientifique : Carole Fossurier, Inrap