En amont de la réalisation par Tisséo de la future station de métro François Verdier - ligne C à Toulouse, une équipe de l’Inrap réalise une fouille, depuis le mois de juin et jusqu’en décembre 2024, afin de mettre au jour les occupations antiques et médiévales d’un important quartier situé à la limite de la ville. Le site ouvre exceptionnellement ses portes les 21 et 22 septembre aux Journées européennes du Patrimoine.

Dernière modification
13 septembre 2024

La prescription de cette fouille par le Service régional de l’archéologie (Drac Occitanie) sous le carrefour à l’extrémité orientale de la rue de Metz s’inscrit à la suite d’opérations antérieures. Des diagnostics liés à la construction du parking Carnot dans les années 1990 et une fouille archéologique par l’Inrap lors de la création de la ligne B du métro en 2002 avaient permis d’identifier une zone riche en vestiges (habitats, voies, sépultures…).

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Fouille en cours allées François Verdier à Toulouse.

© Fabien Ferrer


 

Un secteur au potentiel archéologique avéré 

Le quartier a connu plusieurs aménagements (percement des allées François Verdier au XVIIIe siècle, construction du monument aux morts dans les années 1930, réseaux…) qui ont impacté les vestiges archéologiques. Pour autant, au vu de sa localisation, les archéologues peuvent s’attendre à faire de belles découvertes. En effet, la future station de métro se situe dans le prolongement extra-muros de l’ancien decumanus romain.
Cette voie, principal axe est-ouest de la ville, franchissait l’enceinte au niveau d’une porte, dont l’emplacement précis dans la rue de Metz reste encore flou mais qui se situait à une cinquantaine de mètres à l’ouest de la fouille. Ces voies extérieures sont traditionnellement bordées de quartiers funéraires, comme l’atteste la fouille voisine, réalisée par l’Inrap en 2002, qui a livré des aires sépulcrales attestant des pratiques funéraires variées.

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Vue aérienne du chantier. La fouille prend place dans le prolongement de la rue de Metz, qui reprend le tracé du decumanus antique.

© Picprod

La porte est toujours utilisée à l’époque médiévale – elle est alors nommée Porte Saint-Étienne. Un important fossé est creusé devant l’enceinte ceinturant la ville, comme cela a été observé lors des fouilles de la Cité judiciaire en 2005. Au niveau de la porte devaient se trouver un ouvrage de franchissement (pont) et un dispositif défensif annexe de type barbacane, dont les emplacements restent encore incertains mais potentiellement situés dans l’emprise de la fouille.
La proximité d’habitats liés au développement du faubourg Saint-Sauveur (secteur de la place Dupuy) est une autre caractéristique des époques médiévales et modernes.

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Plan du quartier par Louvin de Rochefort (1680). L’enceinte médiévale et la porte Saint-Étienne s’appuient sur les constructions antiques. Le creusement d’un vaste fossé défensif au Moyen Âge a entrainé la construction d’un pont, potentiellement situé dans l’emprise de la fouille. 

© Ville de Toulouse, Musée Paul-Dupuy - infographie Laurent Grimbert

Des vestiges de l’Antiquité 

Au nord du chantier archéologique, plusieurs niveaux de rues, représentant l’extension vers le sud des niveaux observés lors des fouilles de la station François Verdier (Ligne B) en 2002, ont été mis au jour.
Ces niveaux, constitués de galets mêlés de fragments de terre cuite, sont compactés par un usage intensif ; de nombreuses recharges témoignent de leur entretien régulier. L’étude des céramiques et des monnaies permettra de dater ces structures qui ressemblent à une superposition de rues antiques et d’aménagement plus tardifs, peut-être médiévaux.

Aucune sépulture n’a encore été mise au jour. Cette absence, surprenante au regard de la proximité d’aires funéraires déjà connues, s’explique sans doute par le fait que la fouille se situe sur l’axe de la voie alors que les aires funéraires sont davantage localisées en périphéries des voies.

Le quartier au Moyen Âge et à l’Époque moderne

De nombreuses fosses dépotoirs médiévales confirment qu’en dépit de sa proximité du système défensif, ce secteur abritait aussi des habitats et les activités liées. De multiples éléments de mobilier (céramique, bois, métal) liés à la vie quotidienne des Toulousains ont été mis au jour.
Un four de potier du XIIIe siècle atteste la présence de zones artisanales. Une cave confirme l’existence d’habitations associées au développement des faubourgs, à proximité d’un des axes routiers majeurs de la cité toulousaine.

Les premières traces du vaste fossé défensif, qui prend place au début du Moyen Âge devant les fortifications héritées de l’Antiquité, ont été repérées à proximité de la limite ouest de la fouille. Cet important creusement – une vingtaine de mètres de largeur pour 7 à 8 de profondeur – sera exploré à partir du mois d’octobre.

Enfin, la partie sud de la fouille a révélé la présence d’un aqueduc en briques. Daté de la fin du Moyen Âge, il captait les eaux des coteaux de Guilhéméry et les acheminait vers la ville, notamment vers le cloître de la cathédrale Saint-Étienne et la fontaine de la place du Griffoul. Représenté sur les plans modernes de la ville, il témoigne de la dépendance de la ville par rapport à ses faubourgs.

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Vue du secteur nord en cours de fouille : les niveaux de rues sont visibles sur la droite de la photo ; sur la gauche, deux archéologues entament la fouille d’une cave médiévale.

© Laurent Grimbert, Inrap

 

Une présentation exceptionnelle des découvertes au public le 21 septembre

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En partenariat avec Tisséo Ingénierie, maître d’ouvrage délégué du chantier qui organise des Journées chantiers ouverts les 21 et 22 septembre , l’Inrap propose une porte-ouverte du site à l’occasion des Journées européennes du patrimoine.

Les Toulousains pourront ainsi découvrir l’archéologie préventive au travers de plusieurs animations sur le stand Inrap, avant de découvrir les vestiges mis au jour lors d’une visite guidée réalisée par les archéologues.

Samedi 21 septembre, de 10h à 17h
Station François Verdier, entrée côté Boulevard Carnot
Gratuit, sans réservation
Port de chaussures adaptées obligatoire

Aménagement : Tisséo Ingénierie
Contrôle scientifique : Service de l’Archéologie, Drac Occitanie
Recherche archéologique : Inrap
Responsable scientifique : Laurent Grimbert, Inrap