Découverte de la Tour dans le Sac à Strasbourg (Bas-Rhin)

Sur prescription de l’État, la fouille archéologique, qui se déroule en ce moment à Strasbourg, suit les travaux préalables à la pose du réseau de chauffage urbain de la partie nord de la ville pour l’entreprise R-CUA. Les nombreuses ouvertures font l’objet d’une surveillance afin de collecter les données archéologiques : relevés des stratigraphies et maçonneries liées aux agrandissements successifs de la ville fortifiée (XV^e au XVIII^e siècle) et au démantèlement des enceintes après 1870.

Vue latérale des assises de fondation de la tour en contrebas de l’actuel Pont Royal.

© Florent Jodry, Inrap

 Im Sack, un quartier méconnu

Les recherches menées à Strasbourg supposent que cette section nord-est de la ville n’est fortifiée que tardivement. Originellement, ce secteur est situé à l’extérieur de l’enceinte urbaine du XIII^e siècle et reste jusqu’à la première moitié du XV^e siècle, en marge de la ville. Toutefois, ce secteur, qui accueille dès 1299 le couvent Sainte-Claire-aux-Marais (auf dem Wörth) fondé par les Clarisses de Haguenau, se dote d’un système défensif composé d’un glacis doublé de palissades.

Cette fortification légère va peu à peu se transformer en petit fortin qu’entourent un fossé, un mur et une tour circulaire, placée au bord du fleuve : la tour im Sack, que double, sur la rive droite la turm im Tich, construite contre la porte des Pêcheurs. Les deux tours sont reliées par le Pont Royal ou Königsbrucke, prenant initialement la forme d’un barrage en bois, percé d’un passage permettant l’ouverture ou la fermeture du bras d’eau.

Fortification de Strasbourg en 1576 par Lessing (XIX^e siècle) d’après les croquis de Daniel Specklin, le fortin isolé de la ville est encadré par une enceinte renforcée par la Tour dans le Sac. 

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"Zu Strasburg vor dem Fischer Thor" (1629) par Wenceslas Hollar.

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Thurm im Sack und Königsbrücke (1870) extrait de l’ouvrage Das Alte Strassburg d’Adolphe Seyboth .

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Le couvent Sainte-Claire est détruit en 1525 pour construire un bastion achevé en 1543, avant d'être renforcé en 1577 par l’architecte Daniel Specklin. C'est à cette date que l'îlot est incorporé à la ville par le système fortifié.

La tour dans le Sac subsiste en étant intégrée aux travaux titanesques de la nouvelle enceinte de l’ingénieur Jacques Tarade, mais ce n’est que dix ans après le siège de Strasbourg (1870) que le bâti disparaît du paysage urbain lorsque la Neustadt, ville nouvelle du Reichland Elsass-Lothringen, impose la construction de nouveaux quartiers.

Vue oblique des assises de fondation de la tour en contrebas de l’actuel Pont Royal.

© Florent Jodry, Inrap

Relevés de la tour par Pierre Steck et Maxime Messner, Inrap.

© Florent Jodry, Inrap

Les premiers relevés topographiques de la tour par Anicet Konopka, Inrap.

© Florent Jodry, Inrap

Grâce aux recherches archivistiques menées par Maxime Messner, spécialiste des périodes médiévale et moderne, le secteur de la Tour du Sac a pu être reconsidéré. Ce dernier ne semble pas être une simple excroissance urbaine modelée comme une juxtaposition de bâtiments conventuels et défensifs mais bien pensé comme un îlot homogène fortifié. La découverte de la fondation de cette tour dans une zone urbaine peu touchée par les grands travaux est un point essentiel qui nous conduit à reconsidérer l’aménagement de la ville à la fin du Moyen Âge.

Vue rapprochée d’une marque de pose et d’une gravure dite « marque de tâcheron .

© Florent Jodry, Inrap