L'aménagement de logements sociaux sur le site de Sainte-Agathe, sur la commune de Macouria, a été l'occasion pour des équipes de l'Inrap d'identifier les vestiges de populations précolombiennes amérindiennes qui y auraient vécu entre le XIIIe et le XVIe siècle.

Dernière modification
07 avril 2016

Le potentiel archéologique de ce site est connu depuis la découverte, en 1988, d'un important site d'habitat précolombien. À partir de 2006, plusieurs diagnostics avaient été réalisés dans cette zone archéologiquement sensible, jusqu'à celui de 2009, qui fut suivi d'une fouille. 

Un site d'habitat sur chenier

Fouille d'une occupation du XIVe siècle au XVIIIe à Sainte-Agathe (Guyane). Le site est établi sur le sommet d'un chenier (cordon dunaire) sublittoral de faible altitude (3m), localisé à 1 km environ du rivage actuel.
La plaine côtière de Guyane française est constituée d'une succession de cordons dunaires (cheniers), qui représente le déplacement de la position du rivage au cours du temps. Ces formations s'étirent sur plusieurs kilomètres et suivent grossièrement l'orientation du trait côtier actuel. Dans un environnement côtier dominé par des espaces marécageux, les populations littorales, précolombiennes ou coloniales, ont instinctivement privilégié ces élévations topographiques pour établir leur zone d'habitation. Le site de Sainte-Agathe est établi sur le sommet d'un de ces cheniers sublittoral de faible altitude (3m), localisé à 1 km environ du rivage actuel. Le site est bordé au nord par une bande littorale marécageuse, domaine des eaux saumâtres, et au sud par une zone de basse altitude qui concentre saisonnièrement une importante quantité d'eau dont l'élimination ne peut se faire que par évaporation. 

Des vestiges d'occupation perturbés

Un des objectifs de cette fouille est de mettre en évidence les aires d'activités d'un espace d'habitat, mais celui-ci a été fortement perturbé par des travaux mécaniques récents. Les traces de creusement sont ténues, les structures archéologiques mal conservées. L'aire d'occupation est matérialisée par l'étalement de céramiques, sans aucune discrimination visible, sur l'intégralité du sommet du chenier. La stratification du site est faible et ne révèle pas d'occupations diachroniques, mais l'analyse de la distribution spatiale du mobilier archéologique pourrait permettre de déceler des signes de concentration de différents types de vestiges.

Une occupation récente

Les premières datations radiométriques réalisées paraissent indiquer une occupation récente, qui débuterait au début du XIVe siècle de notre ère et perdurerait jusqu'au XVIIIe siècle. Ces datations et celles de la céramique concordent avec les datations déjà obtenues sur plusieurs sites de la région.
Les recherches engagées sur cette fouille permettront de mieux comprendre la chronologie et les conditions du peuplement du littoral entre Cayenne et Kourou, encore largement méconnu. 
Aménagement : Société d'économie mixte de Saint-Martin (Semsamar)
Responsable scientifique : Matthieu Hildebrand, Inrap
Controle scientifique : Service régional de l'archéologie (DRAC-Guyane)