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Collège Lumière (3)
A Besançon, Doubs, la découverte d'une partie d'un vaste édifice luxueux, marqué par la présence de quatre grands espaces décorés de mosaïques, a été évoquée dans Archéopages n° 13 (2004, p. 38).
L'absence de mobilier dans ces pièces (les remblais supérieurs rapportés n'ont livré que de la céramique du Ier s.) rendait discutable la datation avancée alors par le lapidaire. La poursuite des fouilles des niveaux sous-jacents a permis de remonter cette datation et d'attribuer ces mosaïques au moins à la fin du IIe s.
Les structures qui précèdent immédiatement le bâtiment aux mosaïques correspondent à un édifice de plan assez semblable, c'est-à-dire constitué de grandes pièces desservies par des galeries et des vestibules (ces derniers sont remplacés par des couloirs dans l'état suivant) et encadrées par d'imposants péristyles. Les plans de ces deux bâtiments ne se superposent pas exactement (un seul mur leur est commun), mais on perçoit une continuité dans la volonté d'embellir et d'agrandir un édifice déjà imposant.
Paradoxalement, les pièces et les espaces de circulation possèdent des sols essentiellement constitués de terre battue ; une seule pièce est décorée d'une mosaïque (dont il ne reste qu'un vestige de 10 cm2) et une galerie au sol composite réunit un terrazzo périphérique et un dallage central. Une pièce présentant des empreintes de lambourdes dans la terre battue atteste avec certitude la présence d'un plancher, mais l'on est tenté d'en supposer dans les autres pièces car la superficie des espaces et la dimension du bâtiment ne peuvent légitimer de simples sols en terre battue. Les murs sont décorés d'enduits peints et l'un d'eux, orné de feuillages verts sur fond noir, a été déposé. Des premiers éléments de datation (dont une analyse dendrochronologique) permettent de préciser que ce bâtiment, qui montre par ailleurs plusieurs reprises, aurait été construit durant le premier quart du IIe s. et fonctionnerait encore dans le deuxième tiers de ce siècle. L'étude de la céramique et des monnaies n'étant pas encore réalisée, ces datations seront affinées prochainement. Si entre les deux grands états du IIe s. la continuité dans la construction est nette, les structures des états du Ier s. apparaissent en revanche très différentes. Dans la seconde moitié du Ier s., les aménagements fouillés déterminent des pièces d'habitat plus petites et la superficie du bâtiment semble beaucoup plus réduite, même si l'orientation reste la même. Pour l'instant, quelques pièces aux sols en terre battue ainsi qu'une partie d'un hypocauste ont été dégagées. L'hypocauste se présente sous la forme d'une area à pilettes avec praefurnium en abside. Les remblais comblant l'abandon de cet espace ont livré des mamatae. L'area voisine montre un fond de bassin décoré d'une mosaïque très mal conservée. Dans la première moitié du Ier s., la romanisation de ce secteur est marquée par des sols en fin terrazzo, parfois décorés d'inclusions de fragments de tuiles limités par des cloisons en matériaux périssables. Un bassin dont les blocs ont été récupérés et un puits appartiennent à l'un ou à l'autre de ces deux états du Ier s. Quelques structures augustéennes (sols en terre battue, solins, trous de poteau) montrent une occupation précoce de ce secteur sur un terrain en grande partie remblayé et nivelé à cette période en raison de l'existence des méandres de la rivière toute proche, visibles dans les niveaux sous-jacents. Une fosse dont le mobilier a été attribué au Hallstatt atteste la présence de structures plus ancienne entre ces méandres.