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Abords de la collégiale Saint-Martin
A Brive-la-Gaillarde, Corrèze, la fouille des abords de la collégiale s'est déroulée en deux phases distinctes.
La première s'est tenue depuis le chevet jusqu'au parvis de la collégiale Saint-Martin (place Charles de Gaulle). Différentes occupations liées tant à l'implantation de la nécropole médiévale qu'au développement des bâtiments accueillant la communauté de chanoines ont pu être étudiées. La seconde partie de l'intervention a eu lieu sur la place Latreille, séparée de l'édifice par une rue.
Son association avec les travaux de construction de la collégiale Romane (XIIe s.) peut être envisagée.
Trois niveaux successifs de sarcophages ont été observés sur la partie sud de la nécropole.
Trente individus y étaient inhumés.
Les découvertes de la place Charles de Gaulle
La collégiale occupe actuellement une position centrale au sein de la ville de Brive. Dès le Ve s., un oratoire accueillant la sépulture de saint Martin « l'Espagnol » est fondé à l'emplacement de l'église actuelle dont la configuration est héritée de travaux réalisés depuis le XIIe s.
Quatre grandes phases d'occupation ont pu être distinguées pendant la fouille de la place Charles de Gaulle. Du parvis jusqu'au nord de la collégiale, la présence d'une importante nécropole est avérée (VIe-XIe s.). Elle s'installe sur les ruines d'un site antique, comme semblent l'attester les nombreux vestiges architecturaux (murs, tegulae, sols en béton de tuileau) ainsi que les restes de mobilier céramique. La nature de ce site n'a pas encore pu être précisée.
Au contraire, la nécropole (VIe-XIe s.) bénéficie d'un très bon état de conservation. Près d'une quarantaine de sarcophages présentant une population variée (nouveau-nés, enfants et adultes) se concentrent au sein d'espaces confinés et délimités pour certains par des murets.
La seconde phase d'occupation (XIIe-XVe s.) se manifeste par le développement de la collégiale. Un cloître est édifié au nord de l'église afin d'accueillir la communauté de chanoines. Salle du chapitre, galerie, jardins et celliers ont également été découverts. L'espace funéraire se poursuit dans les galeries du cloître et le parvis, et s'étend contre le chevet de l'église. L'architecture des tombes évolue et consiste désormais en des coffrages de pierres. Ces nouvelles inhumations semblent installées au détriment des maçonneries de la période antique.
Un four à chaux, installé sur le parvis, se distingue au sein de cet espace voué quasi exclusivement aux inhumations.
La troisième phase d'occupation se concentre au chevet de l'église par le maintien d'une aire funéraire (XVe-XVIIIe s.). Ce cimetière de type paroissial, quoique perturbé par des aménagements plus récents (canalisation du cours d'eau du Verdanson... etc.), présente une très forte concentration de sépultures. Près d'une centaine d'individus ont été observés. Le développement de cet espace a été assuré par des apports successifs de remblais. Le parvis, en tant qu'espace ouvert, semble épargné par les aménagements.
Enfin, la dernière phase d'occupation du site consiste en une vaste rénovation urbaine impliquant un abandon de l'espace funéraire déplacé à l'extérieur de la ville de Brive. De même, les bâtiments du cloître sont détruits au bénéfice de nouvelles constructions d'agrément telle une imposante fontaine. Celle-ci est édifiée au sortir d'une rue qui modifie largement la topographie médiévale jusque là préservée aux abords de la collégiale.
La fouille de la place Latreille
Située au sud de la collégiale, la place Latreille présente une occupation essentiellement funéraire. L'espace semble occupé par une vaste nécropole au sein de laquelle sont installées de nombreuses sépultures en sarcophages monolithes. Taillés dans un grès local, elles ont été observées sur l'ensemble de la place. Trois niveaux d'inhumations de ce type ont été dégagés rassemblant plus de soixante sépultures. Celles-ci se développent vraisemblablement dès le VIe s. jusqu'aux Xe-XIe s. Ces orientations chronologiques seront précisées au cours des études qui doivent permettre de mieux définir les différents modes d'architecture funéraire largement méconnus pour cette partie méridionale du Limousin.
Les inhumations se poursuivent durant l'ensemble du Moyen Âge jusqu'à la période moderne rassemblant ainsi près de 300 défunts. Une sépulture collective a été identifiée, elle compte près de 30 individus représentant une population relativement hétéroclite (individus des deux sexes et de tout âge). Leur installation respective au sein de la fosse paraît précipitée et interpelle quant à la nature de cet événement qui semble intervenir vers le milieu du XIIIe s. En effet, l'un des défunts possédait une bourse de monnaies dont l'étude devrait fournir de précieuses informations.
Par ailleurs, le cimetière de la période moderne semble se limiter à la partie sud de l'actuelle place. Contrairement au cimetière paroissial mentionné au chevet de l'église sur les plans de la période moderne, cette aire d'inhumations n'est nullement documentée.
Cette fouille a permis de mieux connaître les abords d'un édifice dont l'installation puis le développement conditionne largement le maillage urbain de la ville de Brive. Les différentes études qui seront réalisées au cours de l'année 2013 permettront de préciser les différents contextes chronologiques de cette importante nécropole.