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Villes, agglomérations, campagnes
Conférences
Publié le
14 octobre 2007
Mis à jour le
10 août 2016
Colloque
Comment les Gaules devinrent romaines
Un colloque international à l'Auditorium du Louvre
les 14 et 15 septembre 2007
par Françoise Dumasy, université de Paris I
Pour examiner les relations entre les différentes composantes de l'espace gaulois entré dans l'orbite romaine, nous concentrerons notre attention sur une région de Gaule centrale, celle qui est occupée par le peuple des Bituriges. Un programme de recherches pluridisciplinaires a permis de rassembler les données issues des différentes sources de l'archéologie (témoignages antiques, découvertes anciennes, prospections, fouilles) et de les croiser dans le cadre d'un système d'informations géographiques. En nous appuyant sur les résultats de ce travail collectif, nous observerons les évolutions des quelque quinze oppida bituriges que nous connaissons : certains deviennent les éléments les plus dynamiques du réseau des agglomérations de l'époque romaine, alors que d'autres disparaissent au bénéfice de nouveaux centres mieux situés sur les voies fluviales ou terrestres mises en valeur au cours du ier s. ap. J.-C. Deux carrefours principaux, l'un situé au chef-lieu, Avaricum (Bourges), l'autre dans la plus développée des agglomérations, Argentomagus (Saint-Marcel), insèrent la cité, située à l'écart des voies d'Agrippa, dans les réseaux d'échanges à l'échelle de l'empire. L'espace biturige apparaît composé d'une vaste région centrale agricole, la Champagne, entourée de secteurs qui ont développé des activités pastorales, forestières et artisanales diversifiées.
Les recherches récentes ont notamment permis de mieux saisir les modalités d'exploitation du minerai de fer, dont César souligne déjà l'importance lors du siège d'Avaricum, et de préciser la localisation des secteurs métallurgiques. Le plus dynamique se situe au sud-ouest de la cité, autour de l'agglomération d'Argentomagus vers laquelle convergent des voies remblayées en scories, tant sont abondants les déchets issus de la réduction du minerai de fer. Cet ancien oppidum connaît, au cours de la première moitié du Ier s., un développement rapide avec en particulier la construction, au coeur du tissu urbain, d'un sanctuaire à trois fana, puis vers les années 50-60 d'un théâtre lié à un second sanctuaire, suburbain cette fois. On assiste là à l'une des innovations les plus réussies des élites gauloises. Elles choisissent, dès la période tibéro-claudienne, de joindre au programme architectural des sanctuaires qu'elles financent, un théâtre. Signe de la culture et des pratiques gréco-romaines, cet édifice est adapté au contexte des agglomérations de Gaule romaine et proposé à un public d'abord peu nombreux : faible pente et dimensions modestes, murs en pierres et sièges en bois, cavea en arc outrepassé et scène réduite à un plateau de quelques dizaines de mètres carrés caractérisent les premières réalisations. Des fouilles récentes ont permis de suivre à Alésia ou à Argentomagus la mise au point de ces « théâtres de type gallo-romain » qui feront l'objet d'embellissements et d'agrandissements tout au long du IIe s. ap. J.-C. et dont on connaît plusieurs dizaines d'exemplaires. Ces ensembles monumentaux, souvent construits avant les équipements publics ou les thermes, révèlent que les interventions évergétiques dans les agglomérations de la cité se fixent pour priorité les bâtiments liés à la religion. En associant à un sanctuaire, organisé autour d'un ou de plusieurs fana, un édifice qui invite au plaisir de la musique et des jeux de la scène, les notables des cités offrent aux manifestations religieuses des formes d'expression nouvelles, en partie inspirées des réalités romaines. On perçoit là l'un des processus qui ont contribué à l'évolution des populations gauloises.
Les recherches récentes ont notamment permis de mieux saisir les modalités d'exploitation du minerai de fer, dont César souligne déjà l'importance lors du siège d'Avaricum, et de préciser la localisation des secteurs métallurgiques. Le plus dynamique se situe au sud-ouest de la cité, autour de l'agglomération d'Argentomagus vers laquelle convergent des voies remblayées en scories, tant sont abondants les déchets issus de la réduction du minerai de fer. Cet ancien oppidum connaît, au cours de la première moitié du Ier s., un développement rapide avec en particulier la construction, au coeur du tissu urbain, d'un sanctuaire à trois fana, puis vers les années 50-60 d'un théâtre lié à un second sanctuaire, suburbain cette fois. On assiste là à l'une des innovations les plus réussies des élites gauloises. Elles choisissent, dès la période tibéro-claudienne, de joindre au programme architectural des sanctuaires qu'elles financent, un théâtre. Signe de la culture et des pratiques gréco-romaines, cet édifice est adapté au contexte des agglomérations de Gaule romaine et proposé à un public d'abord peu nombreux : faible pente et dimensions modestes, murs en pierres et sièges en bois, cavea en arc outrepassé et scène réduite à un plateau de quelques dizaines de mètres carrés caractérisent les premières réalisations. Des fouilles récentes ont permis de suivre à Alésia ou à Argentomagus la mise au point de ces « théâtres de type gallo-romain » qui feront l'objet d'embellissements et d'agrandissements tout au long du IIe s. ap. J.-C. et dont on connaît plusieurs dizaines d'exemplaires. Ces ensembles monumentaux, souvent construits avant les équipements publics ou les thermes, révèlent que les interventions évergétiques dans les agglomérations de la cité se fixent pour priorité les bâtiments liés à la religion. En associant à un sanctuaire, organisé autour d'un ou de plusieurs fana, un édifice qui invite au plaisir de la musique et des jeux de la scène, les notables des cités offrent aux manifestations religieuses des formes d'expression nouvelles, en partie inspirées des réalités romaines. On perçoit là l'un des processus qui ont contribué à l'évolution des populations gauloises.
Françoise Dumasy, professseur d'histoire de l'art et d'archéologie à l'université de Paris 1-Sorbonne, est notamment l'auteur de La villa du Liégeaud et ses peintures : La Croisille-sur-Briance, Haute-Vienne, Paris, Éditions de la Maison des sciences de l'Homme, 1995 (Documents d'archéologie française, 31).