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Une occupation de l'âge du Bronze ancien à Formigny-la-Bataille (Calvados)
À Formigny-La-Bataille, une équipe de l'Inrap a mis au jour un habitat du Néolithique ainsi qu’un système parcellaire de l’âge du Bronze ancien.
Une équipe de l’Inrap vient d’achever une fouille de deux mois à Formigny-La-Bataille (Calvados), en amont de la création d’une zone artisanale par Isigny Omaha Intercom. Prescrite par les services de l’État (Drac Normandie, service régional de l’archéologie), l’opération a permis de mettre au jour des vestiges témoignant de plusieurs phases d’occupation, de la Préhistoire jusqu’aux périodes contemporaines, notamment un habitat du Néolithique ainsi qu’un système parcellaire de l’âge du Bronze ancien.
Vue aérienne du décapage.
© Olivier Morin, Inrap
Un habitat de la fin du Néolithique ancien
5000 ans avant J.-C., la Normandie voit l’arrivée des premiers colons agriculteurs-éleveurs en Normandie. Les archéologues ont pu étudier à Formigny la progression de ce front pionnier vers l’Ouest, dans un environnement alors largement boisé et occupé par les derniers groupes de chasseurs–cueilleurs. Ainsi, ils ont mis en évidence un établissement du Néolithique ancien (culture du Villeneuve-Saint-Germain), vers 4800-4700 av. J.-C., matérialisé par une dizaine de fosses riches en matériel lithique (silex taillés, déchets de taille, meules ou instruments de broyage, bracelets en schiste) et en céramique. Dans ces premiers villages, les fosses sont généralement liées à l’extraction de matériaux pour la construction des maisons. Quelques trous de poteaux suggèrent l’emplacement d’un possible bâtiment trapézoïdal orienté est-ouest, long d’une vingtaine de mètres.
Les céramiques sont pour la plupart des vases sphériques comportant des décors caractéristiques de la période (cordons en V, décors imprimés). L’outillage lithique recourt à divers matériaux qualitatifs issus de la Plaine de Caen et du Bessin. Plusieurs niveaux de savoir-faire coexistent : de manière assez typique pour cette période, une industrie à éclats, basée sur des ressources strictement locales, se trouve associée à une production de lames débitées dans du silex du Cinglais, silex régional de bonne qualité. La découverte du site de Formigny permettra de mieux caractériser les habitats de ce premier Néolithique– relativement rares en Normandie et inédits pour le Bessin - qui se sont développés dans un contexte d’expansion rapide des communautés agricoles, doublée d’une extension des réseaux d’échange à longue distance.
Reconstitution d'un vase décoré, âge du Bronze ancien.
© Erick Gallouin, Inrap
Premiers champs à l’âge du Bronze ancien
L’essentiel des découvertes sur le site de Formigny concerne une phase d’occupation attribuée à l’âge du Bronze ancien, environ 2000 ans avant notre ère : elle se caractérise par une trame parcellaire dont l’orientation diffère de celle d’aujourd’hui. Ce réseau de parcelles semble se distribuer autour d’un fossé principal qui traverse l’emprise de fouille d’est en ouest. De nombreux fossés secondaires se développent de part et d’autre du fossé principal. Ces différents fossés ont livré un abondant mobilier en céramique, suggérant qu’ils n’avaient pas seulement une fonction agraire, mais qu’ils servaient également à structurer l’espace autour d’un probable habitat. Le système parcellaire de l’âge du Bronze ancien observé à Formigny rend compte d’une évolution majeure des paysages normands, avec les plus anciens vestiges témoignant d’un découpage des champs pour délimiter des parcelles.
Des traces d’occupation aux Époques moderne et contemporaine
Enfin, la fouille de Formigny a également livré des vestiges de périodes plus récentes, révélant notamment une occupation du site à l’Époque moderne, ainsi que des traces laissées par la Seconde Guerre mondiale. Pour cette dernière période, deux fosses à la fonction indéterminée, et un trou d’homme individuel ont été observés.
Ainsi, les découvertes archéologiques de Formigny-la-Bataille rendent compte d’une longue occupation humaine du Néolithique à la Seconde Guerre mondiale. Les informations tirées de ces recherches présentent un intérêt substantiel pour caractériser les occupations domestiques et les structures agraires de la fin de la Préhistoire et du début de la Protohistoire dans les plaines de Normandie.
Contrôle scientifique : Service régional de l’archéologie (Drac Normandie)
Recherche archéologique : Inrap
Responsable scientifique : François Charraud, Inrap