Vous êtes ici
Une ferme gauloise aux portes de la ville romaine de Valognes
L'Institut national de recherches archéologiques préventives (Inrap) mène actuellement une fouille archéologique dans le quartier de La Victoire à Valognes, en amont de la construction d'une surface commerciale par la société SAS Valdis. Sur prescription de l'État (Drac Basse-Normandie) cette intervention, démarrée le 5 mars 2015, s'étend sur une surface de 22 000 m2.
L'équipe d'archéologues met au jour une ferme de la fin de la période gauloise (IIe et Ier siècles avant notre ère). Ces découvertes contribuent à l'étude de la fondation de l'agglomération antique d'Alauna (Alleaume) et à son intégration dans un environnement déjà bien organisé.
Une ferme prospère dans un paysage maîtrisé
Le plus grand bâtiment correspond probablement à l'habitation principale, les quatre autres présentant des plans plus simples et des surfaces plus réduites. Clairement agropastorales, les activités de la ferme incluent aussi la métallurgie avec une forge destinée à l'entretien des outils agricoles.
Sur la rive externe de l'enclos, plusieurs petits fossés marquent un découpage de parcelles qui montrent que l'environnement de la ferme est maîtrisé et organisé pour les activités agraires.
Les archéologues ont également retrouvé de nombreux objets parmi lesquels des céramiques (pots à cuire, jattes, plats, coupes, amphores), des monnaies et des objets de parure en bronze. Leur étude en laboratoire apportera des renseignements précieux sur les activités et les habitudes de consommation des anciens résidents.
La découverte d'un certain nombre de fragments d'amphores finement décorées et associées à des formes céramiques typiques de l'époque suggère une situation économique relativement prospère, sur laquelle l'épisode de la conquête romaine ne semble pas avoir eu d'impact.
Une réorganisation concomitante à l'émergence de la ville d'Alauna et les vestiges d'une voie romaine
La période dans laquelle intervient cette restructuration coïncide parfaitement avec les premiers aménagements urbains attestés sur la ville romaine voisine d'Alauna, qui déploie ses quarante hectares de vestiges à moins de 100 m plus à l'est. Ces dernières découvertes permettront aux archéologues d'étudier les causes et les circonstances de ce mouvement de recomposition du territoire.
Par ailleurs, au sud de l'enclos abandonné, un tronçon de voie romaine a été découvert exactement sous l'emplacement de la haie bocagère actuelle. Elle conserve partiellement sa chaussée en galets et tuiles concassées, mais certains tronçons montrent un revêtement en petites dalles calcaires très usées. Il s'agit des mêmes matériaux et techniques de mises en oeuvre que ceux observés sur les rues d'Alauna.
Par son orientation, cette voie se connecte parfaitement dans le schéma urbain pour filer plein ouest. Elle pourrait être l'axe de circulation qui, traversant la péninsule, relierait Alauna à Portbail, agglomération romaine « secondaire » et probablement portuaire de la côte ouest du du Cotentin.
Enjeux scientifiques et axes de recherches
D'autre part, elles examineront son rôle et sa place dans l'émergence et le développement de la ville romaine d'Alauna qui a déjà révélé plusieurs indices d'implantations antérieures.
Plus largement, les résultats viendront alimenter les travaux menés dans le cadre d'un programme collectif de recherche (PCR) consacré à l'Antiquité en Basse-Normandie.
Florine Prieur
Chargée du développement culturel et de la communication
Inrap, direction interrégionale Grand Ouest
02 23 36 00 64 - 06 45 99 16 03
florine.prieur [at] inrap.fr