L'Inrap fouille un secteur très urbanisé du cœur de la commune de Locmariaquer, réputée surtout pour ses vestiges néolithiques. La découverte d'un édifice cultuel gallo-romain confirme l'importance de cette ancienne cité des Vénètes, à proximité de Vannes, leur capitale.  

Chronique de site
Dernière modification
18 août 2022

Les archéologues de l’Inrap mènent actuellement une fouille préventive à Locmariaquer, 16 bis rue de la Victoire, dans le cadre de l’aménagement d’un pavillon privé. Réalisée sur prescription de l’État (DRAC Bretagne, Service régional de l’archéologie), cette opération offre la possibilité sans précédent, pour la période gallo-romaine, d’explorer les sous-sols du cœur de la commune, dans un secteur déjà très urbanisé. Depuis les importantes opérations d’aménagement réalisées sur les grands sites néolithiques il y a une trentaine d’années, c’est en effet la première fois que l’Inrap réalise une fouille préventive à Locmariaquer. La petite fenêtre d’observation, d’environ 300 m2, révèle un potentiel archéologique très riche. Les nombreuses structures mises au jour permettront aux scientifiques de mieux comprendre la dynamique urbaine du nord-ouest de cette agglomération gallo-romaine et témoignent de l’installation sur ce site d’un édifice cultuel dès le Ier siècle ap. J.-C.

Nouveaux contours d’une importante occupation antique

Le passé de Locmariaquer est très souvent associé à la découverte de vestiges du Néolithique. La commune est ainsi devenue un lieu emblématique de cette période de sédentarisation des populations, il y a plus de 7000 ans. Si de nombreux monuments tels que la Table des marchands ou le Tumulus de Mané Lud illustrent la richesse de ce patrimoine archéologique de la fin de la Préhistoire, Locmariaquer se distingue aussi par l'importance de ses vestiges antiques. Il y a près de 2000 ans, la commune constituait un pôle gallo-romain majeur de la cité des Vénètes, situé non loin de la capitale Darioritum (Vannes). Au XVIIIe siècle, l’historien Christophe-Paul de Robien avait mis au jour, un peu plus au sud du site actuel, un mur à contreforts de plus de 50 m de long, ainsi que deux bases de colonnes et un autel votif. Cette construction avait été interprétée comme étant le péribole d’un possible sanctuaire, une hypothèse que la fouille de 2021 pourrait tendre à confirmer, dans un secteur qui n'a fait l'objet que de rares suivis de travaux et d'observations archéologiques très limitées. 

Vestiges inédits d’un sanctuaire gallo-romain

Les archéologues ont mis au jour des vestiges pouvant indiquer la présence d’un sanctuaire daté de la période antique. Les découvertes anciennes, le plan caractéristique de l’occupation et l’absence de mobilier domestique tendent vers cette hypothèse. Cet édifice s’étendant au-delà de l’emprise de la fouille, seule une partie pourra donc être explorée. Orienté selon un axe nord-ouest/sud-est, l’édifice est constitué d’un bâtiment ceinturé d’une galerie, dénommée « cella ». Cette construction rectangulaire constitue généralement la partie réservée du sanctuaire, qui abritait la statue de la divinité. Constituée de parements en blocs de granit et de réglages d’assises en tuiles concassées, son accès se situe à l’est, conformément au plan typique de ces édifices. La découverte de nombreux clous pourrait indiquer la présence d’une élévation en bois aujourd’hui disparue. Les niveaux de démolition de la cella ont livré deux fragments de statuette de Vénus en terre blanche. Au sud de la fouille, la galerie qui entourait la cella est matérialisée par la présence d’un radier. Profondément fondé et constitué de blocs de granit disposés pêle-mêle, ce dernier pourrait appartenir à un bâtiment antérieur, réemployé pour la construction du sanctuaire. Une entrée de plus de 4m de large permettait l’accès à cet édifice.

À proximité, un puits parementé d’1,10m de diamètre a été mis en évidence. Ce dernier pourrait avoir été utilisé lors de cérémonies ou comme lieu de dépôt votif. Le mobilier archéologique prélevé permet à ce jour de dater l’abandon de cet édifice cultuel vers la fin du IIe siècle ap. J.-C.. La suite de la fouille prévoit une étude fine de l’architecture gallo-romaine et permettra de vérifier la présence éventuelle de vestiges antérieurs à la période antique.

Petite Vénus en terre cuite.

Petite Vénus en terre cuite. 

© Emmanuelle Collado, Inrap

Aménagement : Privé
Contrôle scientifique : Service régional de l’archéologie (DRAC Bretagne)
Recherche archéologique : Inrap
Responsable scientifique : Karine Prêtre, Inrap