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Traitement des morts durant l’Époque moderne
À l’Époque moderne, précarité oblige, la mort est considérée comme faisant partie de la vie. Les attitudes et les rites associés aux défunts, fermement ancrés dans la pratique religieuse, reflètent l’appartenance sociale. Les inhumations restent concentrées autour des églises, ne s’éloignant des centres d’habitation qu’au cours du XVIIIe siècle.
Le regroupement des tombes autour des églises est un élément de continuité avec les pratiques du Moyen Âge. Dans les villes, le cimetière se confond même avec les dépendances de l’église, débordant parfois sur les espaces publics tels que les places de marché. Dans ce périmètre restreint, il se produit par conséquent un constant remue-ménage d’ossements.
Aussi, au XVIIIe siècle, les cimetières acquièrent peu à peu une réputation d’insalubrité. À tel point qu’en 1763, un arrêt du parlement de Paris finit par provoquer leur déplacement hors des villes du royaume – même si leur « surpopulation » avait déjà initié cet exode. Pour les mêmes raisons, dans les campagnes, de nouveaux cimetières sont créés à la sortie des villages. Les cimetières attenants aux églises sont fermés, les dépouilles transférées, et les traces de sépultures supprimées. En revanche, durant tout le XVIIIe siècle, les membres éminents des communautés paroissiales obtiennent le privilège d’être inhumés à l’intérieur même des églises.
Comme pour le Moyen Âge, l’anthropologie funéraire offre la possibilité d’étudier de manière quasi exhaustive certains cimetières et intérieurs d’églises. Grâce aux concessions familiales, ou au mobilier des tombes tel que linceuls et cercueils, on peut dès lors apprécier l’évolution des pratiques funéraires sur la durée et selon les lieux. Une approche qui se conjugue avec l’analyse des élévations et du mobilier pour restituer les structures de marquage, des plaques commémoratives ou des litres funéraires (appelées encore ceintures funèbres ou de deuil, les litres funéraires étaient, sous l’Ancien Régime, des bandes noires apposées à l’intérieur ou à l’extérieur des églises pour honorer les défunts). L’analyse des os renseigne sur l’état de santé et les pathologies des différentes populations.
L'un des deux caveaux du XVIIIe siècle,après dégagement du cercueil en plomb, découvert dans le choeur de l'ancienne église Saint-Germain à Flers (Orne), 2014.
© Alexandre Mahé, Inrap
Séchage des ossements humains après prélèvement et lavage, couvent des Jacobins, Rennes (Ille-et-Vilaine), 2013.
Le couvent a servi de lieu d’inhumation entre les XVe et XVIIIe s.
© Hervé Paitier, Inrap