Vous êtes ici
SilArchaeoBio - Stockage des grains en silos souterrains à l'époque pré-industrielle : apprendre de l'archéologie expérimentale et de la biologie
Coordinateur : Jean-Michel Savoie (Inrae, MycSA)
Coordinateurs Inrap : Eric Yebdri, Cécile Dominguez
Participants : Richard Donat (Inrap, UMR 7357 Icube), Odile Maufras (Inrap, UMR 5140 ASM), Tanguy Wibaut (Inrap), Jérôme Ros (CNRS, UMR 5554 ISEM), Carole Puis (SARL ACTER)
Le stockage des céréales dans des silos souterrains a été pratiqué depuis le début du Néolithique jusqu'à très récemment dans certaines communautés à travers le monde. Pendant des milliers d'années, le silo souterrain a constitué un aménagement essentiel pour la vie et la survie des populations, avec un enjeu économique indéniable. Le silo souterrain et les pratiques liées à sa construction et à son utilisation constituent aujourd'hui un patrimoine matériel et immatériel menacé ou disparu.
Les données historiques, archéologiques et ethnographiques ne permettent pas d'éclairer les pratiques d'ensilage souterrain à travers les âges. Les dernières fouilles archéologiques des grandes aires d'ensilage permettent de compter les fosses, de caractériser leur forme et leur volume, de réfléchir à la chronologie et à l'organisation d'une aire d'ensilage groupée, mais pas de connaître le savoir-faire paysan et la qualité de la conservation des aliments dans les silos souterrains. Les communautés paysannes ont dû résoudre durablement les différents problèmes liés à ce mode de stockage des grains : attaques de ravageurs, humidité, échauffement des grains, alors que l'agriculture moderne utilise des silos aérés, refroidis et protégés par divers moyens chimiques, consommateurs d'énergie.
Dans le projet pluridisciplinaire SilAchaeoBio [ANR-21-CE27-0013], nous développons une approche d'archéologie expérimentale en recréant 13 fosses sur deux sites et en pratiquant le stockage des grains à court et long terme dans ces fosses étanches équipées d'enregistreurs des conditions climatiques intérieures. Différentes options techniques sont expérimentées et la qualité des grains est évaluée par l'acquisition de données biologiques à l'aide de méthodes d'analyse modernes. Les données recueillies fournissent des informations sur la durée de vie d'un silo et la durée du stockage souterrain garantissant les propriétés germinatives, la qualité et la sécurité alimentaire des grains stockés. Les enseignements de l'archéologie expérimentale conduisent à une nouvelle mise en lumière des analyses documentaires archéologiques, historiques, ethnologiques, agronomiques pour produire de nouvelles interprétations de l'histoire économique des communautés paysannes du nord de la Méditerranée au Moyen Âge.
Versement de l'Engrain (blé petit épeautre) à l'intérieur du silo.
Christophe Coeuret, Inrap
Une telle conservation des grains sans recours à une source d'énergie pour la réfrigération et la ventilation et sans utilisation de pesticides, fait écho aux attentes du XXIe siècle pour des changements dans les systèmes de production agricole vers la localisation, la protection de l'environnement et la préservation de la santé humaine. Elle peut inspirer le développement des technologies actuelles.
Aire d'ensilage expérimentale à l'INRAE d'Alénya (66).
Agnès Bergeret, Inrap
Ce projet de recherche fait suite à des travaux préliminaires conduits par les partenaires : https://www.inrap.fr/experimentation-sur-des-silos-souterrains-entre-archeologie-et-agronomie-15166