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Sandra Dal Col, archéoanthropologue : « L’archéologie n’est pas un domaine d’hommes ou de femmes, mais de scientifiques passionnés »
Depuis dix ans, Sandra Dal Col évolue dans le milieu de l’archéologie. Curieuse et polyvalente, elle consacre aussi bien son temps au terrain qu’à la recherche et à l’enseignement grâce aux dispositifs mis en place par l’Inrap, qui lui permettent d’alterner entre ses différentes activités tout en ayant un équilibre entre sa vie professionnelle et personnelle.
L’Inrap poursuit son engagement pour l'égalité professionnelle entre les femmes et les hommes.
À l’occasion de la Journée internationale des droits des femmes, le 8 mars, l’Institut réaffirme son engagement pour l’égalité entre les femmes et les hommes, la prévention des violences sexistes et sexuelles et la lutte contre les discriminations, dont il fait l'une de ses priorités pour l'année 2025.
Avec 48 % de femmes et 52 % d'hommes dans ses effectifs au 31 décembre 2023 (Rapport social unique 2023), l'Inrap se rapproche de la parité au sein de ses équipes. Concernant l'écart salarial entre les femmes et les hommes, il est de 2,5 % au sein de l'inrap, contre 9,1 % pour les fonctionnaires à temps de travail égal, en 2023.
Ces chiffres confortent la politique volontariste de l'établissement visant à valoriser les compétences sans distinction de genre et à encourager les femmes à assumer des responsabilités sur les chantiers archéologiques comme au sein des directions de notre Institut. De même, l'Inrap soutient la formation des femmes favorisant ainsi leur évolution professionnelle et leur expertise dans des domaines spécifiques de l'archéologie.
« J’ai toujours été intéressée par l’étude des sociétés humaines et de leur histoire, plus particulièrement par la problématique de la mort et de ses rites », affirme Sandra Dal Col, archéoanthropologue au centre de Valence de la direction régionale Auvergne-Rhône-Alpes de l’Inrap. Après un master I d’archéologie à l’université Lumière Lyon 2 et un master II d’anthropologie biologique à l’université de Bordeaux, elle débute sa carrière en 2014 comme technicienne de fouilles pour des opérations préventives et programmées. Durant six ans, elle travaille pour un établissement public, l’Inrap, des collectivités territoriales et des entreprises privées. « J’ai pu acquérir une solide expérience dans l’archéologie préventive à la fois sur le terrain et en laboratoire. Même s’il s’agissait d’une période précaire professionnellement parlant, ces missions m’ont permis de connaître des structures différentes avec des fonctionnements spécifiques et de rencontrer diverses équipes. » Elle obtient un premier CDI en 2020 dans l’entreprise privée Éveha avant de rejoindre l' Inrap deux ans plus tard.

Formation à l'étude archéothanatologique de dépôts secondaires à crémation concernant des enfants morts en bas âge (sanctuaire de Ba'al Hammon, tophet de Carthage). Sous la responsabilité de Imed Ben Jerbania, Henri Duday et Emilie Portat
© Kaouther Jendoubi
En parallèle, elle approfondit ses connaissances en archéoanthropologie, notamment pour la période antique. Elle intègre l’équipe de fouille de la nécropole romaine de Porta Nocera à Pompéi, sous la direction de William Van Andringa (directeur d’études à l’École Pratique des Hautes Études) et d’Henri Duday (chercheur émérite, UMR 5199 PACEA) pour se former à l’étude des ossements brûlés. « En plus de ce projet, je participe à un programme de recherche en Tunisie. L’Inrap me donne l’opportunité de poursuivre ces activités tout en exerçant mon métier en région Auvergne-Rhône-Alpes ». À côté de cela, elle enseigne plusieurs jours par an au sein des universités de Bordeaux, Poitiers et Lille. « Je suis passionnée par mon métier. J’aime apprendre, étudier des contextes variés, partager mes connaissances via l’enseignement et valoriser celles-ci auprès du grand public ».

Malgré un emploi du temps déjà très chargé, elle se rend disponible pour des portes ouvertes de chantiers, les Journées européennes de l’archéologie, des communications sur le site Inrap.fr… « Je travaille notamment avec Christel Fraisse, chargée de développement culturel et de la communication Inrap en Auvergne-Rhône-Alpes. Partager nos découvertes avec le public est au cœur de notre mission en tant qu’archéologue », déclare Sandra Dal Col.

JEA 2023, Valence
« Par le passé, je me suis beaucoup concentrée sur ma carrière. Il m’était difficile de consacrer du temps à des loisirs en dehors de l’archéologie. Au fil des années, j’ai appris à veiller à mon bien-être. J’essaie de trouver un certain équilibre entre ma vie professionnelle et personnelle ». Les « jours opérations programmées à l’étranger » et les « jours recherche » existant à l’Inrap lui donnent la possibilité de mener de front ses multiples activités sans sacrifier des jours de repos, comme elle le faisait auparavant. « J’ai la chance d’avoir des opportunités variées qui me permettent d’évoluer professionnellement, le tout dans un climat bienveillant. Au sein de la communauté scientifique que je côtoie, le genre n’entre pas en ligne de compte dans nos rapports au quotidien. J’ai conscience que d’autres femmes avant moi ont dû se battre pour que cette situation soit possible aujourd’hui ».

Une évolution sociétale de manière générale qu’elle a remarquée sur le terrain. « Auparavant, les opérateurs ou aménageurs avec lesquels nous travaillions avaient tendance à accorder moins d’importance aux avis des femmes, pourtant expertes dans leurs domaines. C’est moins le cas à présent. Les mentalités changent petit à petit. Ils sont aussi peut-être plus habitués à travailler avec des femmes archéologues, puisque notre milieu professionnel est mixte. Par exemple, au centre de Valence, il y a autant d’hommes que de femmes aux postes de responsables de recherches archéologiques », se réjouit Sandra Dal Col.

Néanmoins, la problématique des violences sexistes et sexuelles (VSS) reste d’actualité. Des formations sont organisées régulièrement au sein du ministère de la Culture et de l’Inrap. « En fin d’année dernière, j’ai assisté à une journée de sensibilisation à ce sujet organisée par Marine Longuet, conseillère sécurité prévention, et Vanessa Letellier, ingénieure sécurité prévention. En plus du rappel du cadre juridique existant, nous avons eu des discussions ouvertes sur les VSS. Ce type d’action est essentiel pour éveiller les consciences face à des comportements inappropriés et savoir vers qui se tourner en cas de problème ».
« Être une femme ne doit pas constituer un frein à sa carrière. Nous devons toutes et tous persévérer afin que l’égalité femmes-hommes soit la norme partout », conclut Sandra Dal Col.