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Occupations humaines néandertaliennes du plateau de Chartres (Eure-et-Loir)
Sur prescription de l’État, et après un diagnostic effectué en 2017 qui avait livré de nombreux vestiges en silex, l’Inrap et Chartres Métropole ont réalisé la fouille du site de l’Enclos (1 500 m²), à Mainvilliers, à l’ouest de Chartres. Les études réalisées sur le matériel lithique ont montré des indices probants et inédits d’occupations humaines néandertaliennes sur le plateau à l’ouest de Chartres au cours d’une phase tardive du Paléolithique moyen.
L’étude du contexte géomorphologique et stratigraphique du site de l’Enclos à Mainvilliers a montré que les artefacts lithiques du niveau archéologique ont été conservés dans des colluvions de sédiments qui se sont accumulés sur une longue période dans un paléo-vallon. La nappe de vestiges, très peu dense, a livré quelque 438 artefacts en silex (lors du diagnostic et de la fouille). La composition technologique de cette industrie lithique indique la connaissance, sinon la coexistence, de conceptions de débitage variées – Levallois diversifié, laminaire volumétrique, sur éclat, discoïde (?) – qui entrent pleinement dans la variabilité des techno-complexes régionaux décrits pour le Paléolithique moyen.
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Fouille du site paléolithique de Mainvilliers (2020).
© Helena Romeo, Inrap
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Sondage complémentaire au nord-est de l’emprise fouille après prélèvements de sédiment au sommet du paléosol.
© M. Brenet, Inrap
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Au sud-ouest de l’emprise, biface en cours de dégagement.
© Photo M. Brenet, Inrap
L’outillage sur éclat est peu standardisé et dominé par les racloirs simples. Quelques bifaces finis ou fragments d’outils bifaciaux complètent l’éventail des outils. Une telle association de débitage Levallois avec des bifaces permet de qualifier (prudemment) cette industrie de Moustérien à bifaces. L’altération de surface et des tranchants de la plupart des outils en silex n’a néanmoins pas permis de préciser leurs modes de fonctionnement, seuls deux bifaces, un nucléus et un éclat ont montré des traces d’utilisation identifiables : en tant que briquet pour un des bifaces et outils de percussion pour les trois autres pièces.
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Biface de volume plano-convexe présentant trois Unités Techno-Fonctionnelles distinctes. Il présente également des traces d’impacts de percussion sur une face.
© C. Mathias, Chartres Métropole
L'approche techno-économique de l’assemblage de l’Enclos et sa comparaison, d'une part, avec un corpus expérimental et, d'autre part, avec deux autres séries lithiques récemment découvertes à Coulvreux (Eure-et-Loir) et Radray (Loiret), tendent à indiquer que ces vestiges ont été remaniés et triés depuis un site au statut mixte de production et de consommation d’outils sur éclats produits sur silex local. L’apport et l’utilisation d’outils bifaciaux mobiles sur un silex non déterminé serait également attestés ; une exportation de supports produits in situ n’étant pas pour autant exclue.
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Blocs de silex local, très irréguliers, issus des altérites et/ou biefs surmontant le socle de calcaire du plateau de Chartres.
© M. Brenet, Inrap
Deux des dates obtenues par thermoluminescence sur silex chauffés situeraient les occupations ou passages de Néandertaliens à l’Enclos dans une assez large fourchette chronologique entre 57 940 ans et 42 820 ans avant le présent. Le grand intérêt du site réside principalement en ce qu’il nous informe sur des indices probants et encore inédits d’occupations humaines néandertaliennes sur le plateau à l’ouest de Chartres au cours d’une phase tardive du Paléolithique moyen. La fouille du gisement a permis de surcroît de préciser le contexte géomorphologique et le cadre chronostratigraphique dans lesquels il s’inscrit depuis près de 350 000 ans.
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Exemple de débitage d’éclats Levallois expérimental réalisé sur silex local. À signaler la finesse et l’homogénéité de la matière et les nombreux fragments gélivés.
© Test expérimental et photo, M. Brenet, Inrap
Contrôle scientifique : Service régional de l’archéologie (Direction régionale des affaires culturelle Centre-Val-de-Loire)
Recherche archéologique : Inrap
Responsable scientifique : Michel Brenet (Inrap)
Responsable de secteur : Delphine Capron, Audren Chapon (Chartres Métropole)