Le site de Vix en Côte-d’Or est avant tout célèbre pour la tombe de « la Dame de Vix », dont la fouille, menée en 1953, a révélé un mobilier d’une incroyable richesse. Hormis la sépulture, le vaste monument funéraire qui l’abritait n’a jamais été réellement fouillé. D’août à novembre 2019, il fera l’objet, d’une importante fouille sous la direction de l’Inrap (Bastien Dubuis), en partenariat avec le Laboratoire ARTEHIS (CNRS/Université de Bourgogne) et avec le soutien de la DRAC Bourgogne-Franche-Comté et de la Communauté de Communes du Pays Châtillonnais. Les nouvelles approches et méthodes de l’archéologie devraient permettre une contextualisation et une compréhension plus fine de cette tombe emblématique du phénomène princier celtique.

Dernière modification
23 février 2021

Vix, lieu de pouvoir

Surplombant de 109 m le village de Vix et la Seine, le mont Lassois est fortifié par un vaste et complexe réseau de remparts. Au sommet, ont été découverts des vestiges de grands bâtiments absidés et d’imposants greniers, révélateurs d’un habitat hiérarchisé et d’un phénomène d’urbanisation au Hallstatt final (entre 550 et 450 av. J.-C.). L’urbanisation du site, la construction de fortifications imposantes et la richesse de certaines tombes incitent à penser que cet habitat était une « résidence princière » et le centre d’un important pôle de pouvoir contrôlant la vallée de la Seine. Implantée en contrebas et à proximité du fleuve, la tombe était autrefois une impressionnante butte de terre et de pierre marquant pour l’éternité la mémoire de « la Dame de Vix ». Le monument princier, aujourd’hui mis en culture, ne constitue plus qu’un relief discret dans le paysage.

Enjeux et nouvelles approches de la fouille de 2019

Alors que le site de Vix fait l’objet d’une étude globale depuis 2002 dans le cadre d’un PCR (Projet collectif de recherche) mené par l’UMR ARTEHIS du CNRS (dir. Bruno Chaume), les recherches qui seront menées d’août à novembre 2019 auront avant tout pour objectif de contextualiser la célèbre tombe. En effet, la fouille de la chambre funéraire de la « Dame de Vix » par René Joffroy et son équipe en 1953 ont livré à la communauté scientifique une découverte hors normes mais celle-ci se focalisait sur un mobilier d’exception : luxueux char à quatre roues, grand cratère en bronze grec, torque en or, phiale (coupe rituelle) en argent comptent parmi les objets prestigieux qui ont accompagné dans la mort « la Dame de Vix ». De nombreuses questions restent en suspens, auxquelles les archéologues (géomorphologues, céramologues…) de l’Inrap tenteront de répondre. Le monument funéraire abrite-t-il encore des sépultures secondaires ? Pourrait-on, comme l’a montré le site princier de Lavau, déceler les traces d’un podium dédié à la cérémonie funéraire de la princesse, ou encore le tumulus primitif d’un lointain ancêtre ?

Les techniques d’enregistrement des données en usage en 1953 n’autorisaient qu’une prise en compte partielle de la tombe : il n’en existe pas de vue d’ensemble, ni d’analyse stratigraphique. La comparaison avec la fouille de la tombe princière de Lavau, récemment réalisée par l’Inrap et contextualisée dans un nouveau programme de recherche de l’UMR ARTEHIS (dir. Bastien Dupuis), permettrait aujourd’hui de s’orienter vers une fouille plus fine et méthodique des vestiges, tout en documentant l’architecture et le plan du monument et de la tombe. Les prises de vue photogrammétriques fournies par les chercheurs d'ARTEHIS permettront aussi de renseigner chaque étape de la fouille par un modèle 3D, plus précis et complet. L’utilisation d’un drone équipé d’un GPS et d’une caméra HD, couplée à ces prises de vue au sol permettra d’envisager des projets plus ambitieux de valorisation muséale et patrimoniale. Si les données scientifiques sont essentielles, leur transmission à tous les publics l’est tout autant. C’est aussi l’un des enjeux de la fouille menée en 2019.

Contrôle scientifique : Service régional de l’archéologie (Drac Bourgogne-Franche-Comté)
Recherche archéologique :  Inrap, ArtéHIS, CNRS
Responsable scientifique :  Bastien Dubuis, Inrap/UMR ARTEHIS du CNRS
ARTEHIS
Le laboratoire Archéologie, Terre, Histoire et Sociétés (http://artehis.u-bourgogne.fr) est pluridisciplinaire : archéologie, histoire, histoire de l’art et sciences de la terre constituent les disciplines permettant d’analyser territoires et sociétés du Néolithique à la fin du Moyen-Âge. Les chercheurs se consacrent aussi bien aux espaces et sites régionaux majeurs, comme Bibracte, Vézelay, Alésia, Vix, Autun, Luxeuil ... qu'à des territoires plus lointains (Allemagne, Péninsule ibérique, Italie, Croatie, Afrique du Nord, Mongolie …). Cette pluridisciplinarité permet de mener des recherches associant des analyses de monuments, de sites, de textes, d’artefacts, de sols, de terroirs et leur anthropisation sur la longue durée.
Près de 80 titulaires, une trentaine de doctorants et près de 100 associés collaborent, adossant leur recherche aux publications du laboratoire : la Revue archéologique de l'Est et le Bucema.