A Val-de-Vesle, Marne, le site est localisé entre Reims et Châlons-en-Champagne, sur le versant ouest de la vallée de la Vesle.

Dernière modification
10 mai 2016

Lors de cette première campagne de fouilles, en 2001, trente-trois tombes contenant trente-huit individus ont été fouillées. 

Sur cette zone, les emplacements vides de tombes et les sépultures plus ou moins regroupées alternent. Les sépultures proches peuvent soit être orientées dans la même direction, soit s'organiser "en éventail".

La volonté d'associer des défunts par deux paraît patente dans neuf cas. Cette association peut prendre différentes formes :
- inhumations simultanées ;
- inhumations successives en un même lieu ;
- inhumations juxtaposées.



La deuxième catégorie est la plus nombreuse ; c'est également la plus sous-évaluée car, dans la plupart des cas, l'un des deux défunts n'est que peu représenté (par exemple pour l'un d'entre eux, il ne restait qu'un fragment d'humérus gauche en connexion avec des fragments d'avant-bras, indiquant la présence d'un défunt).

La plus grande partie de ces sépultures a été perturbée par une ouverture postérieure à la décomposition du cadavre. Nous connaissons l'intérêt que l'on a porté aux Gaulois ou autres Celtes dans la région, notamment durant le XIXe siècle, mais des hypothèses d'ouvertures contemporaines de l'inhumation ou tout juste postérieures ont parfois été émises. Dans la plupart des cas néanmoins, les perturbations se sont faites postérieurement d'une part à la dislocation de tous les éléments squelettiques, mais également au colmatage de la fosse.

Les corps sont allongés sur le dos, bras et jambes le plus souvent étendus. Comme il est de coutume à cette époque en Champagne-Ardenne, le mort est inhumé avec des objets personnels utilisés de son vivant, tels que bijoux, accessoires vestimentaires, armement et, plus rarement, des éléments de trousse de toilette (scalptorium ou pince à épiler). De la nourriture l'accompagne également, présentée dans de la vaisselle usagée (plat, jarre, gobelet). Tous les éléments putrescibles ayant disparu, il ne subsiste de ces aliments que les os issus des quartiers de viande.

Les corps n'étaient pas ensevelis en pleine terre ; probablement vêtus, ils pouvaient reposer dans des cercueils. Dans d'autre cas, la fosse était aménagée, coffrée par des parois de bois ou simplement fermée par un couvercle.

Il ne semble pas que les femmes aient occupé une position sociale subalterne : leurs sépultures, tant du point de vue architectural que par la quantité, la qualité et la diversité des objets qu'elles recèlent, ne sont pas plus modestes que celles des hommes. La fouille n'a, en revanche, révélé qu'une dizaine de sépultures d'enfants, dont le plus jeune a environ 4 ans. Ce chiffre, très faible, n'est pas représentatif de la mortalité d'une population ne pratiquant pas la vaccination, pour laquelle environ un quart des enfants meurt avant 1 an et la moitié avant 5 ans. Les jeunes défunts ont pu être enfouis moins profondément ou faire l'objet d'autres pratiques funéraires, qui n'ont laissé aucune trace.

Une campagne complémentaire a été menée en 2002, permettant de décaper toute la zone menacée.

Au total, durant les deux campagnes, ont été fouillés :
- 63 petites fosses interprétées comme des trous de poteau, dont certains s'organisent en bâtiments ;
- 2 silos ;
- 4 fossés d'enclos, trois circulaires ceignant des tombes et un carré entourant un petit bâtiment à 4 poteaux ;
- 2 fosses à fonction non identifiée ;
- 76 sépultures regroupant 85 défunts.

Une tranchée de la guerre de 1914-1918 a également été décapée, et en dehors de ce vestige récent, le reste des structures a été a priori attribué au deuxième âge du Fer.

Quatre zones semblent identifiables :

- A et B accueillent les inhumations (respectivement 43 tombes pour 45 défunts et 34 tombes pour 40 défunts). La zone A paraît être structurée différemment de la zone B. Sa partie centrale devait se présenter comme des alignements de tertres funéraires.

- C est un espace sans tombe qui sépare A et B et se poursuit au nord et à l'ouest de B. Cette zone vide de tombe peut être considérée à la fois comme un passage qui permet de traverser la nécropole, mais elle participe probablement à l'organisation du paysage funéraire, voire aux pratiques liées au souvenir.

- D est une zone constituée d'une suite de 7 bâtiments sur quatre poteaux, probablement une aire de stockage des denrées. Cette relation entre aire de stockage et nécropole a été plusieurs fois observée. Si la datation relative en est le plus souvent délicate, pour les seuls cas où quelques éléments ont pu être attribués chronologiquement, la zone de stockage est antérieure.

La campagne d'évaluation de 2001 avait permis la fouille de la zone B essentiellement, tandis que cette dernière campagne a concerné les zones A, C et D.

L'étude en cours du mobilier, notamment céramique, confirme l'impression d'une utilisation précoce de la nécropole, qui ne paraît pas se prolonger au-delà du Ve siècle avant notre ère.