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Les Grandes Maisons
L'habitat mérovingien de Truyes, Indre-et-Loire.
La surface fouillée est de 1,9 ha. Les vestiges mis au jour s'organisent symétriquement de part et d'autre d'un chemin principal orienté nord-sud. La zone d'habitat, composée d'un bâtiment résidentiel sur solin de pierre et de bâtiments annexes en bois, se développe à l'ouest du chemin et est desservie par un chemin secondaire. La zone orientale semble avoir une fonction plutôt agropastorale : on y rencontre, disséminés sur la parcelle, petits bâtiments annexes, clôtures, silos, meules de paille...
Un site bien organisé (Ve-VIIe siècle)
L'organisation du site des Grandes Maisons apparaît, au regard des autres sites de même type et de même époque découverts en région Centre et aux alentours, tout à fait particulière. En effet, on constate généralement dans les autres gisements une évolution du parcellaire, des phases d'abandon et de construction. Ici, le cas est différent. Excepté quelques vestiges relativement insignifiants, l'occupation du site semble très localisée et assez courte : on n'observe quasiment aucun recoupement des structures, et l'organisation du site paraît tout à fait cohérente (bâtiments le long des axes de circulation, regroupés au sein de deux parcelles disposées symétriquement de part et d'autre du chemin, silos à proximité de l'habitat...). Il semble que nous n'ayons pas affaire, en l'état actuel de nos connaissances (une partie du site se trouve hors emprise), à une colonisation en parcelles se développant puis se réunissant en hameau mais bien à une installation ponctuelle et isolée.
Une exploitation agropastorale complète
La fonction agropastorale du site est mise en évidence principalement par les structures qui lui sont associées : silos et greniers témoignent de la culture des céréales. On retrouve dans les silos diverses céréales (avoine, froment, millet, orge), des légumineuses (lentilles) et même quelques pépins de fruits (pommier et vigne). Noix et noisettes peuvent, en ce qui les concerne, avoir été collectées à l'état sauvage dans l'environnement proche du site. D'autre part, la présence de plantes fourragères indique que certaines zones étaient laissées en prairies.
Les restes osseux traduisent, quant à eux, la pratique de l'élevage. On constate la vigueur de l'élevage bovin, dans ce secteur à une période assez précoce, à l'instar de ce que l'on trouve en Île-de-France. La surprise vient surtout de la très faible représentation des porcs que l'on aurait pu attendre en bien plus grand nombre étant donné le contexte forestier environnant. L'activité artisanale est quant à elle inexistante sur le gisement.
Le site présente les caractéristiques classiques de l'habitat rural du haut Moyen Âge. Il ne paraît pas relever, malgré la présence d'un bâtiment d'habitation en pierre, d'un rang particulier et les fragments de verre ne peuvent en aucun cas témoigner d'un statut social particulier. Bien au contraire l'image renvoyée par cette fouille est celle d'une zone essentiellement agropastorale.
Une zone de sépulture (VIIIe-Xe siècle)
L'étude du mobilier archéologique montre clairement que l'occupation principale ne s'est pas étendue au-delà du VIIe siècle. Néanmoins, les datations par carbone 14 de 7 sépultures nous ont permis de constater qu'elles dataient des VIIIe-IXe s. Modes d'inhumation et attitudes des corps témoignent d'une homogénéité certaine des pratiques funéraires et confirment la contemporanéité des sépultures.