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Le Néolithique : le voyage sans retour ?
Pour découvrir l’archéologie d’aujourd’hui, ses sciences connexes, mais aussi approcher et décrypter ce que la discipline recouvre de concepts, de modèles, Carbone 14, le magazine de l'archéologie, retrace les avancées de la recherche française et internationale et parcourt terrains, chantiers et laboratoires. Une émission à écouter chaque samedi, de 19 h 30 à 20 h sur France Culture et à réécouter sur Inrap.fr.
Avec Fanny Bocquentin, chargée de recherche au CNRS
Carbone 14, le magazine de l'archéologie, France Culture, le samedi à 19h30
Par Vincent Charpentier
Émission du 3 octobre 2020
Pointe de projectile fichée dans l'omoplate gauche de l'individu du site de Beisamoun (7100-6400 avant notre ère)
© F. Bocquentin et Al / mission Beisamoun
Que doit-on au Néolithique, période charnière de notre humanité ? L’agriculture, l’élevage, la pierre polie, auraient répondu, il y a quelques années, les archéologues…
Aujourd’hui, les archéologues ont totalement changé de paradigmes, pour y voir la maîtrise de l’Homme sur la nature et par là-même, le début de l’Anthropocène, l’émergence des inégalités et des élites, le stockage, la thésaurisation mais aussi « le travailler plus pour gagner plus », le début des religions et des dieux, celui des violences de masse, le développement des migrations, puisque nos agriculteurs sont les lointains héritiers des agro-pasteurs levantins, sans oublier la naissance de la sédentarisation, des pandémies et donc, comme le rappelle Jean-Paul Demoule, le début du confinement…
Des fouilles sur le Jourdain : Beisamoun (Israël)
Sur les rives du Jourdain, une équipe franco-israélienne fouille un village du 7è millénaire avant notre ère, caractéristique du Néolithique précéramique (le « PPNB »). Elle vient d’y découvrir un nouvel élément qui pourrait caractériser cette période charnière de notre Histoire : la mise au jour de la toute première crémation du Proche Orient, datée entre 7030 et 6700 avant notre ère.
Il y a neuf millénaires, une nouvelle pratique funéraire…
Dans sa tombe-bûcher, le défunt se compose de 355 fragments d’os soit 1158 grammes calcinés, mais nous savons qu’il s’agit d’un jeune adulte, déposé assis dans sur sa tombe-bûcher. Curieusement, celui-ci a été blessé à l’omoplate gauche par une flèche, quelques mois avant sa mort. On sait aussi qu’il a été inhumé avec des herbes en fleurs et que nous étions au printemps…
L’apparition de cette pratique de la crémation révèle surtout l’évolution du rapport aux morts, dans une région où prévalait un « culte des ancêtres ». Bien entendu, le feu possède un fort impact sur la procédure funéraire, peut-être aussi sur le temps de deuil, une contraction du temps funéraire en quelque sorte. Une nouvelle pratique funéraire, signe d’une période de transition ?
Pour en savoir plus
Page de Fanny Bocquentin et article de référence (Plos One).