Au coeur du Senlis (Oise) historique, une équipe de l'Inrap a mis au jour les vestiges du cimetière Saint-Rieul, fondé à l'époque mérovingienne et en activité jusqu'à la Révolution française.

Dernière modification
13 juillet 2016

Avant les travaux de réhabilitation et d'extension de l'école Notre-Dame du Sacré Coeur, les archéologues ont ainsi fouillé, enregistré et étudié les vestiges d'une partie de ce cimetière. Cette fouille préventive fait suite à un diagnostic réalisé en 2005, qui avait permis d'estimer à près de 300 le nombre d'individus inhumés sous la parcelle fouillée.


La christianisation de Senlis

Si l'histoire de Senlis est bien connue par les textes et des fouilles, l'occasion était donnée pour la première fois d'observer l'un des lieux originels de la christianisation de la ville, en étudiant les vestiges de son principal cimetière médiéval. C'est à quelques pas du chantier, sous la cour de l'école, que l'on situe l'emplacement initial de la sépulture de saint Rieul, premier évêque de Senlis, dont les reliques sont aujourd'hui conservées dans la cathédrale. Situé à l'intérieur de l'enceinte médiévale, sur le tracé de l'une des principales voies d'accès de la ville, une grande église est construite en ce lieu au Haut Moyen Âge. Celle-ci sera vendue comme Bien National à la Révolution, puis détruite. Quelques vestiges subsistent encore actuellement sous l'actuel cinéma. Les cimetières sont déplacés hors de la ville en 1786, puis les paroisses sont regroupées cinq ans plus tard vers la cathédrale.

65 générations sur 70 m²

La densité exceptionnelle des sépultures observée sur la parcelle fouillée est telle que là où normalement tiendrait un unique individu, les archéologues ont retrouvé en moyenne près de onze défunts. Ici, durant quelque 1300 ans, les senlisiens ont inhumé leurs morts dans un simple linceul, ou un cercueil de bois, parfois les deux. Les dépouilles, toujours allongées sur le dos, étaient généralement tournées vers l'est en direction de la terre sainte. Parmi les objets découverts, des épingles de bronze et d'argent servant à fermer le linceul, des monnaies (dont une date de la période romaine), une médaille gravée ainsi que deux bagues, témoignent à leur manière du niveau de vie de leurs propriétaires.

De l'archéologie funéraire

Si la fouille peut être perçue comme une forme de destruction de sépultures, il faut rappeler que celle-ci ce déroule au contraire pour les protéger de la disparition et témoigner de l'histoire du lieu. Sur le plan scientifique, l'étude devrait permettre de répondre aux questions liées à l'organisation spatiale et à l'évolution de l'occupation du cimetière au fil des siècles. Sur le terrain, les archéologues ont recueilli également toutes les observations qui contribuent à reconnaître les pratiques funéraires. L'étude anthropologique fournit quant à elle quantité d'informations : sexe, âge, état sanitaire, alimentation, niveau social de la population inhumée.