Émissions de radio
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Mis à jour le
28 novembre 2023
Collection
Carbone 14

Pour découvrir l’archéologie d’aujourd’hui, ses sciences connexes, mais aussi approcher et décrypter ce que la discipline recouvre de concepts, de modèles, Carbone 14, le magazine de l'archéologie, retrace les avancées de la recherche française et internationale et parcourt terrains, chantiers et laboratoires. Une émission à écouter chaque samedi, de 19 h 30 à 20 h sur France Culture et à réécouter sur Inrap.fr.

Avec Olivier Henry, professeur d’archéologie classique à l'Université Lumière Lyon 2 et chercheur au laboratoire HiSoMA (Histoire et Sources des Mondes Antiques).

Entre les îles de Rhodes et de Samos, cette terre dénommée la Carie, vit l’émergence de grandes cités dont Halicarnasse, Stratonicée, Milet, Cnide, Olymos, ou Théra... C’est surtout là que le roi Mausole fit ériger l'une des sept merveilles du monde antique.

La façade méditerranéenne de l’Anatolie fut tout à la fois le théâtre d’importantes interactions culturelles, entre mondes européens et orientaux, un temps terre persane, et disputée entre nombre de royautés (HellénistiqueSéleucideLagide ou Antigonide).

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La tombe monumentale à Labraunda - © archives de fouilles de Labraunda
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Façade Est de l'andrôn d'Idrieus sur le site de Labraunda - © archives de fouilles de Labraunda

Le roi Mausole et la dynastie des Hékatomnides

En 546 avant notre ère, les villes cariennes sont prises par les Perses de Cyrus le Grand. Cet événement nous est aussi connu par la seconde migration des Phocéens vers Marseille. Désormais, la Carie est dirigée par un satrape, gouverneur nommé à Persépolis par Artaxerxès II. Au IVe siècle avant notre ère, une petite dynastie de satrapes locaux est mise en place par son fondateur, Hékatomnos. Lui succédèrent ses cinq fils et filles : Mausole (377-352 av. J.-C.) et sa femme/sœur Artemisia (352-351), Idrieus (351-344) et sa femme/sœur Ada (344-341), puis le benjamin Pixodaros (341-336).

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Façade Est de l'andron de Mausole (reconstruction) - © archives de fouilles de Labraunda
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Façade Est de l'andron de Mausole sur le site de Labraunda - © archives de fouilles de Labraunda

Le Sanctuaire de Labraunda

Sous cette dynastie "hékatomnides", le plus important sanctuaire de la Carie était Labraunda. Il est actuellement fouillé par une mission franco-turque qui vient d'être couronnée par l’Institut de France du Prix Cino et Simone Del Duca.

Situé sur les flancs d’une montagne, ce lieu de culte extra-urbain était dédié à Zeus Labraundos (porteur de la Labrys, la double hache), et l’on s’y rendait depuis tout le territoire de la Carie, à l’occasion notamment de festivals annuels instaurés par Mausole.

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Vaisselle funéraire issue de la nécropole de Labraunda - © archives de fouilles de Labraunda
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Une dédicace de Mausole à Labraunda - © archives de fouilles de Labraunda

Labraunda connut sa période la plus faste au 4e s. av. J.-C., en particulier pendant les années durant lesquelles Mausole puis Idrieus ont régné. À l’origine, le site se limitait à un petit sanctuaire composé d’une unique terrasse, portant un petit temple. Le sanctuaire devient alors un élément essentiel du discours politico-religieux mis en place par cette dynastie. À cette fin, le site fut profondément remanié. Les travaux accomplis, en l’espace de quelques décennies, sont hors du commun : on estime en effet que, de la prise de pouvoir de Mausole, vers 377 av. J.-C., à la mort d’Idrieus, vers 344 av. J.-C., y furent réalisés plus de 19 000 m² de terrassement sur lesquels on n’érigea pas moins de quatorze bâtiments. Le centre monumental de Labraunda occupe ainsi un espace mesurant environ 185 mètres dans l’axe est-ouest et 135 mètres dans l’axe nord-sud. Le sanctuaire s'étend sur cinq terrasses principales. La terrasse du temple était, en outre, protégée par un puissant mur.

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La terrasse du temple et l'andron d'Idrieus sur le site de Labraunda - © archives de fouilles de Labraunda
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Les terrasses de Labraunda - © archives de fouilles de Labraunda

Si l’activité architecturale connut un certain ralentissement après la disparition de la dynastie hékatomnide, vers la fin du 4e s. av. J.-C., les recherches récentes ont prouvé qu’elle ne s’arrêta jamais vraiment et que Labraunda resta au centre du dispositif politique et religieux carien au moins jusqu’à la fin de la période romaine.

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Nettoyage d'une mosaïque à Labraunda - © archives de fouilles de Labraunda
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Moments de fouilles à Labraunda - © archives de fouilles de Labraunda

Pour aller plus loin

Quelques références citées

Durée :
28 min
Année :
2023