Des occupations de l'âge du Fer et gallo-romaine à Auve, Marne.

Chronique de site
Dernière modification
10 mai 2016

La fouille a permis de mettre en évidence 16 silos profonds de 1,5 à 2,5 m, qui ont un remplissage plus ou moins complexe. Ils ont tous été creusés dans la craie et semblent très proches dans le temps. Leur profil est généralement tronconique, sauf dans deux cas, qui présentent une forme de bulbe, et un cas en forme de cuve (plus étroit à la base qu'à l'ouverture).

L'occupation de l'âge du Fer

Après abandon de la fonction de stockage, les silos ont été reconvertis en dépotoirs, très riches et variés en mobilier archéologique. La céramique indique, dans les grandes lignes, une occupation à la transition entre La Tène ancienne et La Tène moyenne (IIIe siècle avant J.-C.).

L'étude carpologique (étude des restes de graines) montre que les espèces domestiquées découvertes dans le comblement des silos étaient, par ordre d'importance, l'orge, la lentille, le blé, l'avoine, l'engrain, le pois, l'ers et l'épeautre.

La sépulture d'un enfant d'environ 10 ans, à l'état sanitaire dégradé, a également été découverte. Le jeune défunt, dont la position d'inhumation correspond à celle d'une tombe de l'âge du Fer, est inhumé dans un silo dont le remplissage a été creusé pour la circonstance, accompagné d'un contenant céramique, d'accessoires vestimentaires et d'éléments de parure. Ces gestes sont en contradiction avec la notion de sépulture de relégation : la structure de stockage n'est pas utilisée dans un objectif opportuniste, mais dans le cadre d'un acte volontaire.

Dans toute l'Europe occidentale, notamment durant l'âge du Fer, des fosses, initialement consacrées à la conservation des grains, accueillent les corps de défunts. Il y a quelques décennies, la découverte de squelettes en ce lieu inattendu fut parfois considérée comme le témoignage de pratiques "barbares" : la personne avait été jetée dans un trou profond, sans pouvoir en sortir, jusqu'à ce que mort s'ensuive. Puis, dans les années 1990, l'hypothèse fut celle de sépultures de relégation : des défunts, disqualifiés en raison de leur position sociale, pour avoir commis des actes répréhensibles ou pour être décédés d'une "mauvaise mort", étaient exclus de la nécropole et jetés dans des fosses abandonnées. En Seine-et-Marne, une autre étude propose aujourd'hui un scénario radicalement différent : le cadavre serait une offrande liée aux récoltes et à la fertilité de la terre.

L'occupation gallo-romaine

Encadrée par deux fossés parallèles, la zone gallo-romaine se compose d'une part d'un vaste bâtiment rectangulaire sur poteaux (20 x 10 m), auquel viennent s'adjoindre d'autres constructions, elles aussi sur poteaux. Cet ensemble comporte également plusieurs fosses dépotoirs, caves et silos. D'autre part, elle est aussi composée d'un système de quatre fosses reliées entre elles par un canal d'alimentation en eau. Cet ensemble, relié à un fossé, est probablement une structure de rouissage. Le mobilier céramique propose une fourchette de datation large pour l'occupation de ce site d'habitat, couvrant les deux premiers siècles de notre ère.