Le MuséoParc Alésia et l’Inrap ont inauguré en juin, lors des Journées européennes de l’archéologie, un nouvel « Espace archéo » au sein du musée. Ce lieu entièrement dédié à la découverte de l’archéologie et de ses métiers sur un mode pédagogique et ludique, est destiné à tous les publics. Michel Rouger, directeur général du MuséoParc Alésia et Mathilde Le Piolot-Ville, responsable de l’action culturelle, reviennent sur cette initiative labellisée « L’Inrap a 20 ans ! ».

Dernière modification
29 juillet 2022

Quelle est la mission du MuséoParc Alésia ?

Mathilde Le Piolot-Ville : Le MuséoParc Alésia a été inauguré en 2012 à Alésia-Alise-Sainte-Reine en Côte-d'Or. Sa mission est d’éclairer l’histoire du site et l’épisode du siège d’Alésia en 52 avant J.-C. C’est un établissement culturel qui regroupe un musée, les vestiges de la ville gallo-romaine construite à 3 km au sommet du Mont-Auxois, à l’emplacement de l’oppidum gaulois, et non loin de ces vestiges, la statue monumentale de Vercingétorix (15 m sur son socle) érigée en 1865 sur ordre de Napoléon III.

Muséoparc 1

Le Muséoparc Alésia.

© Hamid Azmoun, Inrap

 

Comment est né le projet de l’Espace archéo ?

Michel Rouger : L’idée de l’Espace archéo est née d’une envie, avec Dominique Garcia, président de l’Inrap, de travailler sur un lieu de partage entre le MuséoParc Alésia et l’Institut. En 2021, nous avons refait notre muséographie en replaçant l’archéologie au cœur du discours. Désormais, notre parcours permanent offre une vision globale d’Alésia, tout en resituant l’épisode du siège dans une chronologie plus large, allant jusqu’à la période contemporaine. Le site est très riche, mais le risque était de se replier sur le seul épisode du siège de Jules César et de la bataille des Gaulois contre les Romains. Or, une fois que l’on a bien documenté tous ces aspects, que dit-on d’autre ? Le projet réalisé avec l’Inrap est complémentaire de cette scénographie. Il fournit une nouvelle strate d’information aux visiteurs en leur montrant que chaque période peut livrer des éléments de compréhension de notre passé.

Espace archéo Alésia 1

L'Espace archéo au MuséoParc Alésia.

© Hamid Azmoun, Inrap

En quoi consiste l’Espace archéo ?

Mathilde Le Piolot-Ville : C’est un espace de 80 m2 composé de deux parties, l’une permanente et l’autre temporaire, qui présente des productions de l’Inrap dans le cadre d’un partenariat signé en 2021. Dans la partie permanente, « L’archéologie, un travail d’équipe » présente, autour du vestiaire de l’archéologue et de ses outils, le métier et quelques disciplines : l’anthropologie (ossements humains), l’archéozoologie (ossements animaux), la palynologie (pollens), la céramologie (restes céramiques) et la géomorphologie (évolution des paysages).Pour les plus jeunes, « Découvre le passé qui est là, sous tes pieds » est une stratigraphie qui montre les différentes couches du passé. Enfin, un atelier autour d’une maquette (Archéomaquette), explique de façon concrète les étapes d’une fouille archéologique préventive, depuis le projet d’aménagement jusqu’à l’interprétation des données. La partie temporaire, elle, accueille, une exposition légère thématique (Archéocapsule), actuellement « Le Monde des morts - Archéologie des gestes funéraires ». Elle sera renouvelée chaque année. L’an prochain, nous accueillerons probablement celle intitulée « L’humanité une longue histoire de migrations - Archéologie des migrations ».

L’Espace archéo est-il un lieu d’expérimentations ?

Mathilde Le Piolot-Ville : L’Espace archéo a été pensé par l’Inrap et le MuséoParc Alésia comme un lieu interactif et ludique adapté à notre public familial. Il est bien placé, juste à l’entrée du musée. C’est un espace d’expérimentations sur mesure pour la médiation. Outre les éléments déjà décrits, certaines cimaises sont pourvues de modules de vidéos ou de quiz interactifs. Un coin aménagé permet de s’installer autour d’une table pour colorier ou jouer avec des cocottes thématiques en papier. Depuis son ouverture, à l’occasion des Journées européennes de l’archéologie (JEA), nous avons eu d’excellents retours du public. L’Archéomaquette fonctionne très bien. Nos médiateurs culturels, qui ont été formés par l’Inrap, se sont complètement appropriés ce nouvel outil, complémentaire dans l’offre aux visiteurs. L’Espace archéo a été inclus dans la programmation de l’été et nous allons l’intégrer dans la programmation scolaire, peut-être en formant aussi des enseignants. Une équipe de l’Inrap de Dijon est venue récemment animer cet espace et a pu aller à la rencontre des visiteurs. C’est vraiment l’idée d’un laboratoire commun mettant à disposition non seulement des ressources à disposition du public mais aussi des expérimentations de nouveaux dispositifs de médiation.

Quels sont les avantages de ce partenariat ?

Michel Rouger : En termes de médiation, l’Espace archéo est intéressant pour nous, car il complète notre offre, mais il l’est aussi pour l’Inrap qui développe ses propres outils de médiation et qui dispose dorénavant de ce lieu. Il va ainsi pouvoir, au sein de ce nouvel espace, tester de futurs outils de médiation archéologique auprès d’un public captif. Et il y a d’autres avantages à ce partenariat. En tant qu’opérateur de fouilles préventives, l’Inrap n’a pas de raison de fouiller à Alésia. Ce sont des équipes d’archéologues de l’université de Bourgogne et de Paris 1 qui ont mené des recherches sur la ville gallo-romaine dans le cadre de fouilles programmées. Or, par le biais de l’Espace archéo, l’Institut affirme sa présence sur ce site majeur de l’histoire nationale. En outre, être associé à l’Institut et à son 20e anniversaire est valorisant pour nous et nous apporte un gage d’excellence scientifique.

Enfin, au travers de ce partenariat avec l’Inrap, nous pouvons entrevoir de nouveaux axes de développement. Nous devons renouveler en permanence notre offre car les visiteurs en ont besoin, notamment les visiteurs locaux qui connaissent déjà le MuséoParc Alésia. Qui sait, demain, grâce à ce partenariat, nous présenterons peut-être à Alésia une exposition sur l’archéologie de la Première Guerre mondiale ?

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Le MuséoParc Alésia.

© Hamid Azmoun, Inrap