Jean-Paul Jacob, président de l'Inrap, et Odet Vincenti, directeur interrégional Grand Sud-Ouest et Dom, inaugurent le nouveau centre de recherches archéologiques de Gourbeyre, en Guadeloupe, le vendredi 30 septembre 2011.

Dernière modification
19 février 2016

Liée à l'aménagement du territoire, l'archéologie préventive débute en Guadeloupe, avec les aménagements routiers des années 2000 comme la déviation de Capesterre-Belle-Eau qui a fait l'objet d'importantes fouilles préventives. 

L'archéologie préventive en Guadeloupe

Les fouilles extensives et l'ouverture de grandes surfaces, mais aussi la réalisation de nombreuses datations issues de diagnostics archéologiques ont permis aux équipes de l'Inrap et du conseil régional d'étayer la chronologie des occupations humaines qui se sont succédé dans l'archipel de la Guadeloupe. Parallèlement, les archéologues de l'Inrap ont renouvelé la chronologie, en mettant au jour le plus ancien peuplement connu dans l'archipel : des groupes Arawaks, originaires du continent américain s'implantant à Saint-Martin, voici 5 400 ans. Ce groupe, identifié à Puerto Rico et dans le nord des Petites Antilles, est associé aux premières migrations de populations possédant de la céramique.
Des sites caractéristiques des premières sociétés possédant de la céramique, les cultures Huécoïde (de 200 avant notre ère à 600 de la notre) et Saladoïde (de 600-à 1100 de notre ère), ont notamment été fouillés à Sainte-Rose-la-Ramée, Bisdary-sur-Gourbeyre, les Etangs Rouges et les Terres Basses à Saint-Martin. À « Grande Anse », dans la commune de Trois Rivières, ont été fouillés un grand carbet circulaire, maison à toit de feuillage et sans mur, et les sépultures qu'il contenait.
La contribution majeure de l'archéologie préventive au passé de l'archipel de la Guadeloupe réside dans l'archéologie de la traite négrière et de l'esclavage. Les archéologues ont ainsi mis en évidence des habitats serviles ou colons, une habitation caféière  des XVIIIe-XIXe siècles (à Pointe-Noire), une habitation sucrière du XVIIe siècle à nos jours à Saint-Claude, le cimetière d'esclaves de l'anse Sainte-Marguerite au Moule, celui, paroissial, de Saint-François et celui de l'hôpital de la Charité à Basse-Terre.
Les archéologues contribuent à plusieurs programmes de recherche. L'un d'eux dirige un programme collectif de recherche du CNRS concernant le paléo-environnement de Saint-Martin. Une action collective de recherche de l'Inrap, à laquelle participent le CNRS et la Société historique de Guadeloupe, a pour thème les pratiques funéraires à l'époque coloniale. Enfin les chercheurs de l'Inrap contribuent, en collaboration avec l'Institut de Physique du Globe de Paris, au projet « Casava » soutenu par l'Agence nationale de la Recherche portant sur le volcanisme des petites Antilles.

Le centre de Gourbeyre : un bâtiment adapté à l'activité de recherche archéologique

Les 370 m2 du bâtiment du centre de recherches archéologiques de Guadeloupe sont spécialement aménagés pour l'activité archyéologique. Un bâtiment principal de 275 m2 propose, sur deux niveaux, des bureaux, une salle de réunion et de documentation et un local technique informatique. Trois annexes complètent le dispositif : un bâtiment contenant une pièce de stockage, des vestiaires et une cafétéria, un autre pour la salle de lavage et d'étude du mobilier, enfin un garage permettant de stocker le mobilier archéologique à traiter.
Le centre de recherches archéologiques de Gourbeyre peut accueillir une dizaine d'archéologues.  Spécialistes de la préhistoire amérindienne ou de l'archéologie historique, anthropologue, malacologue, céramologue étudient l'ensemble des données recueillies sur le terrain et le mobilier. C'est dans ces locaux qu'est étudié le travail de la coquille et les objets réalisés dans ce matériau (herminettes en lambi, etc.) mais aussi l'industrie lithique et les éléments de parure en pierre des cultures Huécoïde et Saladoïde.
Outre l'amélioration des outils de recherche, dans le cadre de la politique nationale d'implantation de l'Inrap, ce nouveau centre de recherches archéologiques permettra l'amélioration des conditions de travail des archéologues.

 
Contact(s) :

Joëlle Sawané
Chargée du développement culturel et de la communication
Inrap, direction interrégionale Grand Sud-Ouest et Dom
06 07 90 66 26
joelle.sawane [at] inrap.fr