Avranches 2

Fouilles archéologiques du quartier Saint-Gervais, à Avranches (50) : premier bilan

Conférence
Par Laurent Paez-Rezende, Inrap et Daniel Levalet, membre de la Société d'archéologie d'Avranches, Mortain et Granville
Vendredi 13 septembre à 18h30
Salle municipale Ernest Lenoël, Avranches (Normandie)
Mis à jour le
12 septembre 2024

Gratuit. Ouvert à tous dans la limite des places disponibles

Au cours de l'hiver 2023-2024, un important chantier de fouilles archéologiques s'est déroulé dans le quartier Saint-Gervais, qui a permis d'approfondir la connaissance sur le passé antique et médiéval de la ville.

La ville d'Avranches et l'Inrap vous convient à découvrir les premiers résultats le vendredi 13 septembre à 18h30 à la salle Lenoël (près du Centre Esc'Halles).

Laurent Paez-Rezende, responsable de recherches archéologiques à l’Inrap et Daniel Levalet membre de la Société d'archéologie d'Avranches, Mortain et Granville présenteront les découvertes réalisées et répondront aux questions du public. 

Pendant près de six mois, une équipe d’une dizaine d’archéologues de l’Inrap est intervenue dans le secteur du quartier Saint-Gervais à Avranches. Entre octobre 2023 et février 2024, les archéologues ont fouillé successivement sous le parking d’Orléans, dans le secteur Ormond-Destouches puis sous le parking Saint-Anselme, explorant environ 6000 m2. En complément des méthodes classiques de fouille, ils ont fait appel à des méthodes géophysiques (détection d’anomalies dans le sol à l’aide d’un géoradar).

Les recherches ont livré de riches informations sur le passé antique de la ville romaine, Legedia, complétant les données des années 1980 (D. Levalet). Ainsi, les archéologues ont mis au jour un ensemble de maçonneries et notamment les restes d’une maison urbaine luxueuse (domus), dotée de thermes privés et de plusieurs pièces ornées de fresques (enduits peints). Ils ont également recueilli de nombreux fragments de céramiques, témoignant de la vie quotidienne à cette époque : restes d’amphores à vin et à huile, plats et bols en sigillée, pots de stockage, pots à cuire, etc. La fouille a en outre permis d’étoffer les observations anciennes au nord de la basilique Saint-Gervais. Dans ce secteur qui accueillait le forum, centre névralgique de la cité romaine, ainsi qu’un axe de circulation majeur (le cardo) et ses galeries, les archéologues ont retrouvé des fragments de colonne provenant sans doute d’un important monument public et identifié des traces d’habitations, qui permettent de mieux comprendre comment s’organisait la ville antique.

La fouille d’Avranches a aussi livré de nombreux éléments sur l’occupation médiévale. Ainsi, des dizaines d’objets, piégés dans des terres noires, accumulations organiques typiques datant de 500 à 1000 ans ap. J.-C. environ, ont été recueillis : monnaies (bronze et argent), épingles, appliques décoratives. Quelques éléments plus rares, un fragment de sceau en plomb ou une enseigne de pèlerinage attestent que le secteur est resté très fréquenté par l’ensemble de la population au Moyen Âge et notamment les élites locales. Des traces de combustion rendent compte de la présence de foyers plus conséquents et peut-être d’activité de réduction de chaux. Enfin des traces d’habitations plus récentes (XVIe-XVIIIe siècles) permettent aussi de comprendre l’évolution du quartier à l’Époque moderne.

Enfin, le long de la basilique Saint-Gervais, les archéologues ont identifié plus de 300 tombes médiévales et modernes du cimetière paroissial de l’ancienne église Saint-Gervais. Une étude anthropologique à venir permettra de mieux comprendre l’organisation et l’évolution du cimetière. Les observations faites sur le terrain montrent déjà que les corps ont été inhumés selon deux orientations distinctes : la première, strictement ouest-est, est celle de la basilique, et la deuxième, sud-ouest/nord-est, correspond à celle du mur de l’enceinte du cimetière. Si la majorité des individus sont inhumés sur le dos, les jambes allongées, dans un cercueil de bois, quelques individus sont inhumés directement en pleine terre dans des coffrages en pierre ou avec des pierres de calage. Au moins une trentaine de sépultures contenaient du mobilier déposé avec les défunts. Il s’agit principalement d’objets de dévotion (chapelets en os ou en pâte de verre, petites statuettes en os), de bijoux (bagues) ou d’accessoires vestimentaires. Enfin, la présence d’un individu au crâne scié et comportant un trou de trépan visible sur l’os pariétal gauche, indique l’existence d’interventions post-mortem sur le corps de ce défunt, peut-être en lien avec une pratique d’embaumement ou d’autopsie du corps.

Au final, l’ensemble des découvertes permettra de renouveler les connaissances sur l’histoire d’Avranches et la manière dont la Ville s’est structurée depuis l’Antiquité gallo-romaine jusqu’à l’Époque moderne. Faisant suite à la phase terrain, une importante phase d’études s’ouvre. Elle aboutira à la rédaction d’un rapport de fouilles qui compilera l’ensemble de ces nouvelles données.

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