À l’occasion de la construction de la nouvelle liaison ferroviaire Roissy-Picardie, une fouille a été réalisée par l’Inrap  à Vémars. Cette grande fenêtre d’intervention (6 ha) offre une vision large d’une occupation agricole du second âge du Fer. ​S’ajoutent pour les périodes antérieures, des fosses profondes et deux enclos circulaires.

Dernière modification
21 janvier 2025

Les fosses profondes du Néolithique et/ou de l’âge du Bronze

La plus ancienne occupation est illustrée par neuf fosses profondes. Ces types de creusements au profil en I ou Y, ici d’une profondeur moyenne de 1,50 m pour une largeur réduite de 0,50 m, sont maintenant largement reconnus en France pour une période s’échelonnant du Néolithique ancien à l’âge du Bronze final. Les prélèvements réalisés en vue d’analyse radiocarbone, d’études archéobotaniques et micro-morphologiques permettront de préciser leur datation et l’environnement naturel, a priori éloigné de toute forme d’habitat synchrone, ainsi que leur mode de construction.

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Fosse en Y de Vémars (Val-d’Oise, 2024), fouillée latéralement et longitudinalement.

© G. Desforges, Inrap


Les cercles de l’âge du Bronze

Deux systèmes d’enclos circulaires sont localisés à une trentaine de mètres l’un de l’autre, sur le haut du versant ouest du vallon. Aucun autre vestige, notamment funéraire, ne leur est associé. Le premier enclos, en bordure d’emprise, est formé par un seul fossé circulaire au diamètre interne d’environ 22 m (largeur de 1,20 m pour une profondeur de 1 m). Le second système fossoyé est composé de deux fossés circulaires emboîtés. Le plus profond a un diamètre de 20 m et l’externe de 35 m.

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Cercle de l’âge du Bronze de Vémars (Val-d’Oise, 2024).

© P. Raymond, Inrap

Si le fossé externe ne dépasse pas 0,20 m de profondeur, le cercle interne est bien marqué avec un profil en V et une profondeur moyenne de 1,20 m. Aucun mobilier n’a été collecté mais là encore, des analyses radiocarbones permettront de préciser la chronologie de ces cercles traditionnellement datés de l’âge du Bronze. Des tranchées profondes ont permis de relever des anomalies du front de décarbonatation induites par des levées de terre associées aux cercles.

L’occupation laténienne (entre environ 300 et 25 av. J.-C)

L’ensemble de l’occupation laténienne s’inscrit dans un même réseau parcellaire fortement contraint par la topographie naturelle du vallon. Au nord, un enclos bipartite couvre une surface de 7 700 m² dans laquelle prenaient place des bâtiments sur poteaux associés à neuf silos et un puits.

Au sud, à l’intérieur du second enclos quadrangulaire plus réduit (2 000 m²), l’absence de vestiges d’habitat suggère un espace dévolu à des activités non construites, pâturage ou cultures. Enfin, un dernier enclos elliptique livre des comblements riches en mobilier céramique mais aussi des rejets variés en lien avec l’activité métallurgique (scories, moules en terre etc.), des meules, deux perles. À proximité, se développe une zone d’ensilage de champs avec une vingtaine de silos, de grands gabarits pour la plupart, associée à un puits.

La sphère funéraire est également présente sur le site avec une inhumation en silo, ainsi que six crémations, dont certaines avec des vases en dépôt ou en contenants périssables.

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Crémation en fosse avec dépôt en vase à Vémars (Val-d’Oise, 2024).

© H. Bonnet-Chiarelli, Inrap

Ce parcellaire se greffe au fond d’un vallon dont l’assèchement remonterait au Néolithique. Deux fossés parallèles encadrent ce dernier et marquent la présence d’un cheminement dès l’époque laténienne, qui restera dans le paysage jusqu’à la moitié du XXe siècle.

De façon générale, cette occupation complète le maillage des sites archéologiques de la Plaine de France et particulièrement celui déjà dense des fermes laténiennes. Son étude participera à l’enquête actuelle sur les domaines ruraux de l’âge du Fer du nord de la Gaule, leurs évolutions et leur hiérarchisation.
Les deux enclos circulaires, typiques de l’âge du Bronze, s’inscriront dans les recherches sur ces monuments fossoyés tandis que les fosses profondes s’ajouteront au corpus de la cartographie nationale entreprise depuis 2015 à l’Inrap.

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Zone de crémations en fosse en cours de fouille à Vémars (Val-d’Oise, 2024).

© G. Bruley-Chabot, Inrap

Aménagement : Liaison ferroviaire Roissy-Picardie/Triangle LGV
Aménageur : SNCF Réseau
Contrôle scientifique : Service régional de l’archéologie (Drac Île-de-France)
Recherche archéologique : Inrap
Responsable scientifique : Gaëlle Bruley-Chabot, Inrap