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Dans la grotte "coupe-gorge" à Montmaurin (Haute-Garonne)
Pour découvrir l’archéologie d’aujourd’hui, ses sciences connexes, mais aussi approcher et décrypter ce que la discipline recouvre de concepts, de modèles, Carbone 14, le magazine de l'archéologie, retrace les avancées de la recherche française et internationale et parcourt terrains, chantiers et laboratoires. Une émission à écouter chaque samedi, de 19 h 30 à 20 h sur France Culture et à réécouter sur Inrap.fr.
Avec Amélie Vialet , paléo-anthropologue
Carbone 14, le magazine de l'archéologie, France Culture, le samedi à 19h30
Par Vincent Charpentier
Émission du 26 septembre 2020
Au pied des Pyrénées, au cœur de la Haute-Garonne, la belle endormie était, depuis 1961, tombée dans l’oubli. La grotte « Coupe-gorge », dominant la rivière Seygouade, ainsi que ses voisines, avaient pourtant suscité l’intérêt de grands préhistoriens et anthropologues, dès le début du XXe siècle.
Vue des grottes (photo prise par un drône)
Crédits : © ESGT - CNAM
La grotte « Coupe-gorge », ainsi que ses voisines de « la Niche », de « la Coupe, de « la Boule » ou « du Putois », ont suscité l’intérêt de grands préhistoriens et anthropologues, dès le début du XXe siècle ; parmi eux, Emile Cartailhac, Marcelin Boule et René de Saint-Perier. Délaissées de la communauté scientifique, des ouvrages d’archéologie, les grottes de Montmaurin devaient être, encore voici peu, sacrifiées sur l’autel de l’aménagement du territoire, par une menaçante carrière de calcaire...
Le 11 août 2020, l’équipe d’Amélie Vialet, paléo-anthropologue au Muséum National d'Histoire Naturelle (MNHN) y a fait une grande découverte, assurément une des découvertes de l’été, de celles qui nous montrent que tout peut être encore découvert à deux pas de chez nous : une dent vieille d’environ 70 000 ans !
Celle-ci est la deuxième incisive gauche d’un adulte, à l’usure très marquée, et objet prochain de maintes analyses et recherches.
La mandibule de Montmaurin
Louis Méroc fut le grand fouilleur des grottes de Montmaurin. Toutefois, la fameuse mandibule humaine fut découverte, en 1949, par Raoul Cammas, dans la cheminée dite " de La Niche ". Ce fameux fossile fut alors offert par la Comtesse de Saint-Périer au Musée de l'Homme. Cette mandibule fut, un temps, considérée comme le plus vieux fossile humain de France, et certains « anthropologues physiques » dont H. Valois y virent une femme.
Aujourd’hui, une étude comparative de celle-ci vient d’être récemment publiée dans la revue Plos One (Amélie Vialet et al. 2018). On y découvre que la mandibule de Montmaurin ne partage que quelques traits dérivés avec les Néandertaliens. Les analyses révèlent alors que celle-ci est plus étroitement liée aux spécimens anciens du Pléistocène ancien et moyen d’Afrique et d’Eurasie, notamment en raison de la présence de certains traits primitifs.
Article (en anglais) : " A reassessment of the Montmaurin-La Niche mandible (Haute Garonne, France) in the context of European Pleistocene human evolution " rédigé par Amélie Vialet, Mario Modesto-Mata, María Martinón-Torres, Marina Martínez de Pinillos et José-María Bermúdez de Castro - (Plos One / janvier 2018).
Pour aller plus loin
Page personnelle d'Amélie Vialet et lien vers le blog dédié aux grottes.
Article : (Site Hominidés.com / septembre 2020).
Palynologie des grottes de Montmaurin (Haute-Garonne) et du versant nord pyrénéen. Article de Josette Renault-Miskovsky et Michel Girard : " (Site Persée).