À l'occasion des travaux d'aménagement de la RN 164, l'Inrap met au jour de nombreux vestiges, témoignant d'une occupation de plus de 5000 ans de ce secteur du Centre-Bretagne encore peu étudié.

Dernière modification
12 mai 2021

Depuis octobre 2019, le projet de mise en 2 × 2 voies de la RN 164 a donné lieu à des diagnostics archéologiques à l'issue desquels l’État a prescrit des fouilles sur les communes de Merdrignac et de Glomel, afin d’étudier les vestiges impactés par ce projet d'aménagement.  Cet important chantier routier, cofinancé par l’État et la Région Bretagne, constitue pour l'Inrap une opportunité sans précédent d’explorer les sous-sols de ce secteur et d’enrichir la connaissance du passé du Centre-Bretagne. Ces opérations sont réalisées en étroite collaboration avec la DREAL (direction régionales de l'Environnement, de l'Aménagement et du Logement).

Du Néolithique au bas Moyen Âge, 5000 ans d’occupation à Merdrignac

Pour la première fois, les scientifiques ont pu identifier une succession d’occupations de ce secteur du Centre-Bretagne, à partir du Néolithique, à la fin de la préhistoire, sur une surface de 7,8 ha. Les principaux témoins de la présence de ces hommes nouvellement sédentaires se matérialisent ici par plusieurs structures à pierres chauffées. De forme circulaire, elles pourraient avoir eu une fonction culinaire ou artisanale et dater d’environ 4000 ans avant notre ère. Des analyses au carbone 14 permettront d’affiner cette datation. Les âges des métaux sont aussi représentés. Les archéologues ont notamment mis au jour trois monuments funéraires : deux enclos circulaires de l’âge du Bronze final (-1400 à -800) et un enclos carré de la fin du premier âge du Fer ou du début du second âge du Fer (autour de -450). Ce dernier comprenait des sépultures à incinération : les urnes ont toutes fait l’objet d’un minutieux prélèvement et seront finement fouillées en laboratoire, par une archéo-anthropologue. Une étude est également menée par un géomorphologue qui, par l’étude des sédiments, tentera de comprendre l’architecture et l’organisation de ces monuments funéraires.

Une succession d'habitats

Les premières observations ont par ailleurs permis d’identifier un réseau de fossés parcellaires qui révèle un véritable aménagement du territoire durant les périodes gauloise (-450 à -52) et romaine (-52 à 496). Ces vestiges sont probablement à mettre en relation avec deux grands enclos fossoyés, déjà connus par des prospections aériennes, qui pourraient correspondre à des fermes. Ces deux habitats seront étudiés dans les semaines à venir.

Les archéologues ont également identifié la présence de bâtiments, grâce aux traces laissées dans le sol par d’anciennes fosses d’ancrage de poteaux : habituellement constitués d’ossatures en bois et de murs en torchis et végétaux, ces édifices disparaissent en effet avec le temps, mais le sédiment garde l’empreinte de leur implantation. Le site a ainsi livré des habitats de différentes périodes, dont les plus anciens pourraient être attribués à la fin de la Préhistoire (Néolithique, vers - 4000) ou à l'âge du Bronze (-2200 à -800). D’autres sont à mettre en lien avec deux fermes gauloises et antiques situées au nord de l’emprise.

Les scientifiques ont également observé une occupation médiévale du secteur, grâce à l’identification de fossés délimitant d’anciennes parcelles. La suite de la fouille et les études menées par les différents spécialistes préciseront la nature de ces découvertes et les modes de vie des habitants de ce secteur, sur plus de 5000 ans.

Aménagement : DREAL
Contrôle scientifique : Service régional de l’archéologie (Drac Bretagne)
Recherche archéologique : Inrap
Responsable scientifique : Yoann Escats, Inrap