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Archéologie de l’esclavage : fin de l’itinérance de l’exposition « Tromelin, l’île des esclaves oubliés » au Musée de l’Homme
Coproduite par l'Inrap et le Musée d’histoire de Nantes, et en partenariat avec le Groupe de recherche en archéologie navale (GRAN), l’exposition « Tromelin, l’île des esclaves oubliés » est présentée au Musée de l’Homme du 13 février au 3 juin 2019.
Après un succès auprès des publics de Nantes, Lorient, Bordeaux, Bayonne, Tatihou et Saint-Leu (Réunion), l’exposition termine son parcours au Musée de l’Homme, dans une version enrichie de nouveaux objets originaux et d’une mise en valeur des recherches récentes. Le commissariat scientifique de cette exposition, premier temps fort de la saison Temps modernes de l’Inrap, est assuré par Max Guérout (GRAN) et Thomas Romon (Inrap).
L’île de Tromelin et son histoire
Parti de Bayonne le 17 novembre 1760, l’Utile, un navire de la Compagnie française des Indes orientales, s’échoue le 31 juillet 1761 sur l’île de Sable (aujourd’hui île Tromelin), un îlot désert de 1 km² au large de Madagascar. Il transporte 160 esclaves malgaches achetés en fraude, destinés à être vendus à l’île de France (l’Île Maurice actuelle). L’équipage regagne Madagascar sur une embarcation de fortune, laissant 80 esclaves sur l’île, avec la promesse de venir bientôt les chercher. Quinze ans plus tard, le 29 novembre 1776, La Dauphine, commandée par Jacques Marie de Tromelin approche l’île. Les esclaves survivants, sept femmes et un enfant de huit mois, sont sauvés.
Des recherches historiques, archéologiques et environnementales
À travers le naufrage et la survie des rescapés de l’Utile, c’est un pan de l’histoire maritime et la question de la traite et de l’esclavage dans l’océan Indien qui sont abordés. L’exposition présente les résultats des travaux terrestres et sous-marins, menés par le Groupe de recherche en archéologie navale (GRAN) et l’Inrap aux abords et sur l’île. Ce naufrage et la vie des rescapés ont fait l’objet d’une recherche pluridisciplinaire, historique, archéologique et environnementale.
Un succès depuis 2015
Le succès que rencontre l’exposition auprès du public depuis 2015 tient autant à la force de cette histoire, qu’à la qualité des recherches présentées et à sa scénographie. Son parcours se divise en trois grandes sections. La première, historique, aborde la traite négrière et la navigation dans l’océan Indien au XVIIIe siècle, les histoires croisées des Malgaches et des Français jusqu’au naufrage de l’Utile sur l’île de Tromelin. La deuxième, archéologique, met en valeur les informations recueillies lors des fouilles opérées par l’Inrap et le GRAN, qui permettront aux visiteurs de découvrir les conditions de survie et de mort des naufragés sur l’îlot, leur alimentation, leur artisanat, leur organisation sociale, jusqu’à leur sauvetage. La dernière, mémorielle, resitue l’événement dans l’histoire des mentalités et celle de l’esclavage.
L’Inrap et l’archéologie de l’esclavage
L’archéologie préventive a joué, depuis les années 2000, un rôle décisif pour renseigner les conditions de vie des esclaves, leurs habitats, les établissements où ils furent asservis, les enclaves du marronnage, les rites d’inhumation, l’état sanitaire des défunts, leur âge, leur sexe, etc. En étudiant la culture matérielle des populations asservies, l’archéologie contribue de façon déterminante aux recherches sur l’esclavage colonial et offre une documentation nouvelle.
L’Inrap partage les recherches de ses archéologues avec le public à travers des documentaires (Les routes de l’esclavage, Les esclaves oubliés de Tromelin), un colloque (Archéologie de l’esclavage colonial), des publications (Tromelin. L’île aux esclaves oubliés, Archéologie de l’esclavage colonial). Coproducteur de l’exposition itinérante « Tromelin, l’île des esclaves oubliés », l’Inrap lancera également en mai 2019 une nouvelle Archéocapsule (exposition légère éclairant une question contemporaine par l’archéologie) consacrée à l’esclavage.
Cette exposition est reconnue d’intérêt national par le ministère de la Culture/Direction générale des patrimoines/Service des musées de France. Elle bénéficie à ce titre d’un soutien financier exceptionnel de l’État.