14-16 rue des Moissons

Elle a surtout permis la découverte d'une grande domus parée de mosaïque et de fresques, la maison de Nocturnus, qui atteste une expansion urbaine dans le courant du IIe siècle de notre ère. 

Vue d'ensemble de la pièce de 30 m² de la maison de Nocturnus.
Une mosaïque polychrome à décor figuré et géométrique, datée du II^e siècle, se présente sous la forme d'un tapis légèrement décentré par rapport aux murs qui ferment la pièce.
Ce sol s'achève par un quart-de-rond (bourrelet) à la base des murs.

© A. Balmelle, Inrap

Médaillon central de la mosaïque en cours de nettoyage.
Certaines tesselles du motif central sont en pâte de verre notamment les jaunes, vertes et bleues.

© A. Balmelle, Inrap.

Médaillon central de la mosaïque après nettoyage.
À l'intérieur d'un cercle s'inscrivent sept hexagones.
Trois motifs sont répétés et se font face : décor à six fuseaux, calice et décor géométrique.
Dans les écoinçons à l'extérieur du cercle sont représentés des canthares (grandes coupes à deux anses destinées à contenir du vin) et motifs floraux. Une tresse à six brins entoure les médaillons.

© A. Balmelle, Inrap.

Motif central de la mosaïque, représentant un couple de canards tête-bêche.

© A. Balmelle, Inrap.

Hypocauste. L'area a été dégagée sur une surface de 3,20 m x 2,80 m. Elle est construite en béton de tuileau lissé en surface. Dix pilettes carrées sont visibles.
L'emplacement le plus probable du foyer se situe à l'est, au vu des traces noires sur le sol et de l'altération de surface du béton. La suspensura était conservée sur une petite portion. Au nord subsistait la partie basse d'un mur sur lequel la fresque était encore en place

© A. Balmelle, Inrap

Partie basse d'un mur en carreaux de terre revêtu d'une peinture murale.
Décor de plinthe.

© A. Balmelle, Inrap.

Pointe de lance en fer, avec un reste de bois de la hampe conservé dans la douille.

© J.-J. Bigot, Inrap.

Anse d'oenochoé en alliage cuivreux.

© J.-J. Bigot, Inrap.

Bague et intaille en verre.

© J.-J. Bigot, Inrap.

Intaille en verre de forme ovale, plate sur les deux faces et vue sous différents éclairages.
Le décor représente, en creux, un personnage masculin (Mars Vengeur ?), dans le style classique linéaire, debout, de face, avec la tête à droite. La chevelure est soulignée par un bourrelet de cheveux sous une calotte lisse. L'homme porte à la main gauche, une lance ou un bâton. La main droite est peu visible ; on n'aperçoit ni de pied ni de sol.

© J.-J. Bigot, Inrap.

Ciseau à bois en alliage ferreux.

© J.-J. Bigot, Inrap

Plusieurs fragments d'enduits peints provenant de la domus dite de Nocturnus.
Éléments d'une scène figurée pouvant appartenir à une mégalographie (fresque de grande taille), et sur lesquels on distingue un nez, un doigt, des pieds

© A. Balmelle, Inrap.

Plan d'ensemble du site dans l'Antiquité.

© Inrap - CAG Marne, Reims.

Le fossé de l'oppidum

Le haut de l'escarpe du fossé a été dégagé. L'étude de son remplissage indique un comblement l'on peut situer au II^e siècle.

L'habitat du Haut-Empire

Vers le milieu du II^e siècle, une domus richement décorée est en partie construite sur le remplissage du fossé de l'oppidum inoccupé jusque-là. Orientée dans l'axe de ce dernier, elle couvre une surface d'environ 2000 m² et présente le plan caractéristique des résidences rémoises, constituées d'une cour à portique entourée des pièces d'habitations. Cette maison a conservé sa structure architecturale d'ensemble jusqu'au IV^e siècle.
La fouille des deux ailes étudiées a mis au jour une pièce à mosaïque d'environ 30 m² et des installations d'hypocauste qui appartiendraient à l'aile résidentielle, côté oriental. L'aile sud abrite les locaux de service, aux pièces sans doute peu éclairées parmi lesquelles on peut reconnaître une cuisine avec un foyer et une pièce adjacente avec des déchets culinaires.

Antiquité tardive

L'occupation rattachée à la période tardive est mal conservée et seulement partielle ; elle est pressentie à travers les vestiges de deux sols en béton de tuileau (avec inclusions de terre cuite mêlées à la chaux), sans remaniement importants de la maison. Quelques tessons de céramique et de verrerie, caractéristiques du IV^e siècle, attestent une utilisation des lieux à cette époque. Les indices sont ténus, mais les indications disponibles convergent vers la conclusion que la maison a été occupée longtemps, et qu'on peut situer son abandon vers la fin du IV^e siècle.
Par la suite, quatre tombes, mal datées, succèdent, dans les couches de démolition, à l'abandon du secteur bâti. Très espacées les unes des autres, elles ne peuvent être rattachées à aucune nécropole connue.
 
Cette opération de fouille a montré la longévité de l'occupation d'un quartier dans une zone extra muros dans l'Antiquité tardive (350 mètres à l'extérieur du rempart du IV^e siècle).