Mis à jour le
20 janvier 2021


La fouille réalisée au printemps 2019 au cœur de la Z.I. de La Malterie à Montierchaume, dans le département de l’Indre, intervient préalablement à la construction d’une plateforme logistique et de stockage par la SAS Barilla France. L’emprise de 3000 m² se localise à environ 6 km au nord-est de la ville de Châteauroux et à 2,6 kilomètres au sud-ouest du bourg de Montierchaume. Elle se développe à une altitude moyenne de 156 m NGF au sommet du versant en rive droite d’un vallon affluent de la vallée de l’Indre où le substrat local est un calcaire se présentant sous forme de plaquettes.

L’occupation, datée de la transition entre le premier et le second âge du Fer (525 - 450 avant notre ère), est figurée par les structures porteuses de neuf bâtiments, ainsi qu’une dixième partiellement conservée. Ces unités architecturales sont accompagnées de deux silos excavés et de deux trous de poteau matérialisant un porche d’entrée de palissade. Parmi les cinq fosses fouillées, l’une a la particularité de se situer à l’intérieur du plus grand des bâtiments.

L’étude du mobilier céramique, provenant essentiellement des silos, a permis de confirmer la datation de l’occupation du site à la période de transition entre le premier et le deuxième âge du Fer (Hallstatt D/La Tène A, soit entre 525 et 450 avant notre ère). La réinsertion des éléments du diagnostic dans le corpus général d’étude de cette fouille a déterminé qu’il s’agissait en fait d’éléments datant bien de la fin du premier âge du Fer et non du Néolithique récent/final. Elle a également mis en évidence la particularité du lot étudié qui témoigne d’activités spécifiques liées au stockage et à la préparation des semences. En effet, mis à part une coupe à marli qui renvoie au cadre domestique, le lot se compose essentiellement de très grands vases et de grands pots de stockage, ainsi que de toute une batterie de jattes/coupes et écuelles à profil très simple. De plus, les vases ne présentent aucune trace d’utilisation culinaire et seule une jarre porte des stigmates d’utilisation sous forme de desquamations de sa paroi interne.

Les restes fauniques sont particulièrement mal conservés ce qui a entraîné une importante perte d’information. Peu d’éléments permettent de comprendre la nature des rejets, les pratiques culinaires ou la gestion des troupeaux. Les restes osseux correspondent à des rejets détritiques de boucherie et/ou de consommation. Les caprinés semblent être les plus nombreux, suivi du bœuf et enfin du porc. Des animaux jeunes comme adultes sont présents.

Les restes de meules et molettes employés comme calage de poteaux permettent d’affirmer qu’une activité de mouture était pratiquée par les occupants du site avant la réforme de ces objets. Le corpus d'outils découvert est assez conséquent en terme de quantité, de qualité de conservation et d'apports typologiques. Ces éléments viennent en effet bien plus que compléter les connaissances en terme de matériel de mouture de cette période sur le secteur, puisqu'ils vont servir de base aux prochaines réflexions sur la mise en place de choix d'approvisionnement et de standardisation de la production de meules va-et-vient à cette période et dans ce secteur géographique.

Grâce à un échantillonnage systématique de sédiment, l’étude des restes carpologiques a permis d’identifier les espèces stockées dans chacun des bâtiments et de cerner les pratiques agricoles des occupants du site. Ainsi, il semble que les édifices servaient soit uniquement d’unité de stockage sur du long terme, soit pour un stockage à court terme en vue d’une consommation rapide dans un bâtiment à fonction mixte. Les données carpologiques montrent que ce site s’intègre à la fois dans ce qui est connu régionalement de l’économie végétale pour la période - orge et blés vêtus dominants - et à la fois qui semble se démarquer par la présence de quelques espèces plus rares - avoine cultivée, gesse et vesce.

Même s’ils sont modestes, les objets de l’instrumentum font partie de l’unique lot étudié pour cette période dans une zone géographique comprenant la commune de Montierchaume et celles attenantes. Le mobilier métallique est représenté par les restes d’un bracelet et d’un ardillon de fibule en alliage cuivreux, mais aussi par des scories de fer. Ces dernières, associées à la découverte de minerai de fer, suggèrent une activité de forge ou d’épuration. Trois fragments de plaque de foyer témoignent de l’activité domestique, tandis qu’un fragment de peson illustre une activité de production artisanale liée au tissage.

Au final, ce site est l’un des rares en région Centre – Val de Loire qui illustre une zone spécifiquement dédiée au stockage et à la transformation des céréales au sein d’une occupation du Hallstatt D / La Tène A. Il est très probablement en lien avec le site proche de « La Fleuranderie » où des structures d’habitats et d’ensilages ont été fouillés en 2002.
 

Nom de l'opération
Montierchaume, ZI « La Malterie »
Cause de l'opération
Extension d’une plateforme logistique et stockage
Aménageur
SAS Barilla France
Type d'opération
Fouille
Période(s)
Âge du Fer
Responsable d'opération
Cherdo François
Suivi scientifique

A. Masquilier
P. Alilaire

Equipe de recherche

A. Boisseau (technicien)
Ch. Bours (technicien)
S. Braguier (archéozoologue)
F. Di Napoli (céramologue)
Ph. Gardère (géomorphologue)
J. Houssier (géomorphologue)
D. Lusson (spécialiste instrumentum)
P. Mahy (topographe)
B. Pradat (carpologue)
G. Robert (spécialiste architecture)
A. Tremel (technicienne)

Collaborateurs scientifiques

B. Robin (molinologue, auto entrepreneur)
C. Vissac (miromorphologue, GéoArchéon)

Code opération
F121227
Date
DU 11/03/2019 AU 19/04/2019
Pays
France