Vous êtes ici
Y avait-il déjà des chrétiens à Saint-Bertrand-de-Comminges au IVe siècle ?
Pour découvrir l’archéologie d’aujourd’hui, ses sciences connexes, mais aussi approcher et décrypter ce que la discipline recouvre de concepts, de modèles, Carbone 14, le magazine de l'archéologie, retrace les avancées de la recherche française et internationale et parcourt terrains, chantiers et laboratoires. Une émission à écouter chaque samedi, de 19 h 30 à 20 h sur France Culture et à réécouter sur Inrap.fr.
Avec William Van Andringa, archéologue, docteur en sciences de l'Antiquité, et directeur d'études à l'École Pratique des Hautes Études, membre de l’Institut universitaire de France.
Le 4e siècle de notre ère est une grande période de mutation qui voit l’évolution de la société des vivants. On attribuait, jusqu’à présent, les véritables changements funéraires des cités désormais chrétiennes au Ve siècle de notre ère. Or, il n’est est rien.
L’archéologie est une nouvelle manière d’écrire l’histoire. Parce qu’elle se penche aussi sur les religions, les croyances, la spiritualité, elle apporte des informations que les textes antiques ne livrent pas, voire n’abordent jamais, c’est notamment le cas des pratiques funéraires.
La nécropole monumentale de Saint-Just de Valcabrère (Haute-Garonne), s’implante vers 300 de notre ère à faible distance des limites de la ville. Sa fouille fournit, aujourd’hui, de nouvelles et importantes informations sur l’organisation de cette nécropole d’un type nouveau.
Celle-ci est fondée sur un terrain privé, à l’écart des routes d’accès à la ville, en l’occurrence dans les décombres abandonnés d’un grand complexe pour l’instant difficile à identifier.
Les mausolées et des ensembles funéraires s’organisent autour d’un très grand tombeau (dit K) qui appartenait à un leader. Ce cimetière monumental a donc suivi une programmation planifiée, par des élites voulant créer un cimetière collectif. Une autre particularité est l’introduction d’une classe d’âge jusque-là écartée de la mémoire familiale : les enfants, morts autour de la naissance, qui reçoivent, ici, une sépulture dans l’emprise des tombeaux.
L’identification de la nécropole est permise par la présence d’inscriptions chrétiennes insérées dans l’église romane toute proche ainsi que par la découverte d’un nombre relativement important de fragments de sarcophages à scènes chrétiennes dont certains sont datés de la première moitié du IVe siècle. Ces témoignages permettent donc de reconnaître le cimetière de la première communauté chrétienne de Saint-Bertrand-de-Comminges.
La fouille de la nécropole tardive de Saint-Just de Valcabrère par William Van Andringa avec Camille Coupeur, Jean-Patrick Duchemin et Raphaël Golosetti, fait partie du programme scientifique "Saint-Bertrand-de-Comminges/Valcabrère : entre ville et campagne. Archéologie d'un territoire de la protohistoire à aujourd'hui". Il est porté par l’École pratique des hautes études/Université PSL, Paris (laboratoire AOrOc, UMR du CNRS-ENS, avec la collaboration de la société Eveha et du musée de Saint-Bertrand), et soutenu par les mairies de Saint-Bertrand-de-Comminges et de Valcabrère, le ministère de la Culture (DRAC Occitanie), le département de la Haute-Garonne et la Région Occitanie.
Pour aller plus loin
- Présentation de William Van Andringa : sur le site de l'EPHE (Ecole pratique des Hautes Etudes), sur le site de l'Institut Universitaire de France, sur Babelio.
- Ses publications, sur Academia, sur Cairn.info.
- Son profil sur le site Radio France.
- A regarder, la présentation du site de Saint-Just (Saint-Bertrand-de-Comminges) par William Van Andringa (Juillet 2020, chaîne You tube de Grottes et Archéologies).
- Page de présentation de son ouvrage, Archéologie du geste. Rites et pratiques à Pompéi (septembre 2021, édtiions Hermann).
- Présentation de ses publications parues aux éditions du CNRS.
- A lire, un article, Les traces des premiers habitants chrétiens du Comminges retrouvés dans une nécropole du IVe siècle près de Toulouse (France 3 Occitanie, Juillet 2023).