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Vestiges de la traite et de l'esclavage : archéologie, mémoires, identités
Conférences
Publié le
25 septembre 2009
Mis à jour le
06 décembre 2018
Colloque
L’avenir du passé – Modernité de l’archéologie
Colloque international organisé par le Centre Pompidou et l'Institut national de recherches archéologiques préventives en partenariat avec France Culture, les 23 et 24 novembre 2006
par Françoise Vergès, université de Londres
La recherche archéologique sur les vestiges de la traite négrière et de l'esclavage dans les anciennes colonies esclavagistes françaises en est à ses débuts. Soulignons combien l'application de la loi française sur les fouilles archéologiques ne favorise pas ces recherches: ainsi pas de fouilles sur l'île de La Réunion, car cette île n'avait pas de société précoloniale. Dans les colonies esclavagistes, qui sont toujours des territoires de la République, et qui avaient des sociétés précoloniales (Guyane, Martinique, Guadeloupe), les recherches se sont d'abord centrées sur les vestiges des populations précoloniales (Caribbes, Amérindiens) ; depuis quelques années cependant, les recherches se tournent vers l'étude des vestiges coloniaux. Trois points seront examinés dans cette présentation :
- le retard de la recherche archéologique sur la traite et l'esclavage n'est pas simplement dû à une stricte application de la loi. Traite négrière et esclavage sont longtemps restés un point aveugle dans la pensée française et le long silence de la Nation sur ces événements a contribué à marginaliser la recherche sur cette «catastrophe» historique;
- une méthodologie qui tienne compte des problèmes pratiques et conceptuels soulevés par l'étude de ces phénomènes doit être entreprise, afin de savoir ce que l'on cherche. Les enjeux actuels autour des liens entre mémoire de l'esclavage, du colonialisme et identité, entre identité et citoyenneté concernent aussi la recherche archéologique ;
- le désir de construire un passé comme espace compensatoire fictif influe sur la recherche, tout comme le désir de «patrimoniser » le passé en effaçant ses aspérités, en le présentant comme un récit où se disent le bien et le mal. L'exempl e de la rénovation d'un site sur l'île de La Réunion, non pas témoin de l'esclavage mais de l'engagisme, illustrer a ce dernier point.
- le retard de la recherche archéologique sur la traite et l'esclavage n'est pas simplement dû à une stricte application de la loi. Traite négrière et esclavage sont longtemps restés un point aveugle dans la pensée française et le long silence de la Nation sur ces événements a contribué à marginaliser la recherche sur cette «catastrophe» historique;
- une méthodologie qui tienne compte des problèmes pratiques et conceptuels soulevés par l'étude de ces phénomènes doit être entreprise, afin de savoir ce que l'on cherche. Les enjeux actuels autour des liens entre mémoire de l'esclavage, du colonialisme et identité, entre identité et citoyenneté concernent aussi la recherche archéologique ;
- le désir de construire un passé comme espace compensatoire fictif influe sur la recherche, tout comme le désir de «patrimoniser » le passé en effaçant ses aspérités, en le présentant comme un récit où se disent le bien et le mal. L'exempl e de la rénovation d'un site sur l'île de La Réunion, non pas témoin de l'esclavage mais de l'engagisme, illustrer a ce dernier point.
Françoise Vergès est docteur en sciences politiques de l'université de Berkeley, professeur au Goldsmiths College (université de Londres), directrice culturelle de la Maison des civilisations et de l'unité réunionnaise (MCUR), vice-présidente du Comité pour la mémoire de l'esclavage. Ses domaines de recherche sont les théories politiques en postcolonie, les économies de prédation (esclavage et guerres), les politiques de réparation et les processus et pratiques de créolisation dans les mondes de l'océan Indien. De 1979 à 1983, elle est éditrice du journal Des femmes en mouvement, puis de la collection « Des femmes de tous les pays » de 1981 à 1983. Elle effectue de nombreuses missions pour la défense des droits de l'homme en Union soviétique, au Salvador, au Panama et au Chili. Elle collabore à des événements culturels et d'art contemporain : «Latitudes » et «Une agora réunionnaise» en 2003 ; «Documenta 11» en 2002 ; au film Frantz Fanon, Black Skin, White Mask en 1996 et au projet MCUR. Elle a dirigé plusieurs équipes de recherches : «A Corridor of Cities » de 2002 à 2004, «Cartographie d'une zone de contacts» de 1999 à 2001. Elle est membre de l'International Advisory Board, Prince Claus Fund.
Ses ouvrages les plus récents sont :
- La Mémoire enchaînée. Questions sur l'esclavage, Albin Michel, 2006;
- Nègre je suis, Nègre je resterai. Entretiens avec Aimé Césaire, Albin Michel, 2005;
- De l'esclavage au citoyen, avec Philippe Haudrère, Gallimard, 1998;
- Monsters and Revolutionaries. Colonial Family Romance and Metissage, Duke University Press, 1999;
- Abolir l'esclavage : une utopie coloniale. Les ambiguïtés d'une politique humanitaire, Albin Michel, 2001;
- Amarres. Créolisations indiaocéanes, avec Carpanin Marimoutou, K'a, 2003;
- La République coloniale, essai sur une utopie, avec Nicolas Bancel et Pascal Blanchard, Albin Michel, 2003.
Ses ouvrages les plus récents sont :
- La Mémoire enchaînée. Questions sur l'esclavage, Albin Michel, 2006;
- Nègre je suis, Nègre je resterai. Entretiens avec Aimé Césaire, Albin Michel, 2005;
- De l'esclavage au citoyen, avec Philippe Haudrère, Gallimard, 1998;
- Monsters and Revolutionaries. Colonial Family Romance and Metissage, Duke University Press, 1999;
- Abolir l'esclavage : une utopie coloniale. Les ambiguïtés d'une politique humanitaire, Albin Michel, 2001;
- Amarres. Créolisations indiaocéanes, avec Carpanin Marimoutou, K'a, 2003;
- La République coloniale, essai sur une utopie, avec Nicolas Bancel et Pascal Blanchard, Albin Michel, 2003.