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Une fouille d’archéologie subaquatique dans le lit de la Gère à Vienne
Conférencesur réservation au 04 74 78 71 30
Une conférence présentée par Emmanuelle Miejac sur la fouille d’archéologie subaquatique dans le lit de la Gère à Vienne le 10 septembre à 15h au Musée de l'industrie textile à Vienne.
Dans le cadre de la création de microcentrales hydroélectriques et le rétablissement de la continuité écologique de la Gère, le Pôle des activités subaquatiques de l’Inrap intervient depuis 2022 dans le lit mineur de la Gère. La fouille, toujours en cours, apporte dès à présent des informations intéressant l’histoire de l’occupation et de l’utilisation du cours d’eau au cours des siècles derniers.
Le projet de la ville de Vienne, maître d’œuvre et maître d’ouvrage, s’inscrit dans la mise aux normes des installations fluviales conformément à la Directive Cadre Européenne et de la loi sur l’eau en matière de continuité écologique. L’objectif de la Directive est d’atteindre le bon état écologique des cours d’eau. Pour cela les travaux visent deux objectifs. D’une part, le rétablissement des possibilités de circulation (montaison et dévalaison) des organismes aquatiques grâce à des échelles spatiales compatibles avec leur cycle de développement et de survie durable dans l’écosystème. D’autre part, le rétablissement des flux de sédiments nécessaires au maintien ou au recouvrement des communautés correspondant au bon état.
Sur une prescription et le contrôle scientifique du Service régional de l’Archéologie Rhône Alpes, l’Inrap doit étudier les seuils conservés dans les limites des travaux et découvrir tous les éléments anthropiques conservés dans la zone.
Le travail de recherche archéologique en rivière est particulier et nécessite une adaptation des méthodes habituellement utilisées par les archéologues. Il s’agit pourtant comme en milieu terrestre de photographier, d’enregistrer, de faire les observations scrupuleuses permettant de comprendre les structures découvertes. L’archéologie en milieu fluvial permet en plus de découvrir des constructions, des objets qui n’existent pas en milieu « terrestre ». En effet, ce milieu anaérobique permet la conservation des matériaux périssables qui disparaissent lorsqu’ils sont mis hors d’eau.
La vallée de la Gère possède une histoire riche et ancienne qui est accolée à celle de la ville de Vienne. Des occupations, dès la période néolithique, ont été découvertes dans la ville, mais la cité prend une réelle importance en tant que capitale des Allobroges. Puis, fidèle à Rome, elle acquiert le statut de colonie ce qui lui confère une nouvelle importance. Dès la période augustéenne, la cité présente une architecture canonique comparable au ville romaine. L’antiquité tardive et le moyen âge la verront successivement capitale de diocèse, siège de la province ecclésiastique puis archevêché. Au XVIIe siècle, elle perd sa preéminence au profit de Grenoble. À la fin du XVIIIe siècle et au début du XIXe siècle, grâce à la rivière de la Gère, qui possède les qualités requises de dénivelé et de débit régulier, l’industrie textile se développe largement et participe au rayonnement de la cité.
Les seuils, découverts lors du diagnostic et de la fouille, sont les vestiges de cette industrie florissante et riche. Un plan archéologique de Vienne dressé à la fin du XVIIIe siècle donne une vision de l’occupation du secteur concernée par la fouille. La vallée est déjà urbanisée en rive droite et la Gère présente des aménagements dans son cours. Un siècle plus tard, en 1884, le plan cadastral témoigne de l’utilisation de la moindre parcelle par l’industrie, majoritairement textile mais pas uniquement. Au niveau des seuils Redsdikian et Béal, les vestiges de constructions faites grâce à des pieux de bois, datant de la période moderne, sont le témoin de cette industrialisation ancienne de la vallée. La fouille a permis de reconnaître leurs modes de construction e et d’avancer quelques hypothèses sur leurs fonctions.