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Seuls les singes ont une « nature humaine »
Conférences
Publié le
27 février 2011
Mis à jour le
01 avril 2016
Colloque
La Préhistoire des autres
Colloque international organisé par le musée du Quai Branly et l'Inrap, les 18 et 19 janvier 2011, au Théâtre Claude Lévi-Strauss, musée du Quai Branly, 37 Quai Branly - 75 007 Paris France
La Préhistoire des autres
par Marshall Sahlins, The University of Chicago
Depuis plus de deux millénaires, nous, les Occidentaux, sommes hantés par le spectre de notre propre être intérieur : une manifestation de la nature humaine si cupide et controversée qu'elle mène droit à l'anarchie si elle n'est pas maintenue sous contrôle. Je prétends qu'il s'agit là d'un cauchemar spécifiquement occidental, car il se fonde sur une opposition entre la culture et la nature qui est particulière à notre folklore et à nos sciences sociales. Cette opposition nous distingue de bien d'autres sociétés qui, elles, considèrent que les bêtes sont fondamentalement humaines, alors que pour notre part nous prétendons que les humains sont fondamentalement bestiaux. En fait, cette conception se révèle douteuse même pour ce qui est de nos relations de parenté chez nous occidentaux. Tout comme celles d'autres sociétés à travers le monde, notre parenté (avec ses implications mutuelles entre l'être et l'appartenir) comprend aussi une intersubjectivité partagée, faite d'expériences et d'engagements qui vont au-delà de tout sens d'intérêt strictement individualiste. Au contraire, l'appartenance à la « famille » se caractérise par la capacité de chacun à partager les joies et les peines des autres. Des expériences récentes semblent montrer que les racines de cette capacité symbolique de mutualité et d'empathie existent déjà chez les nourrissons âgés de 9 à 12 mois, alors qu'elle est absente chez les grands singes, qui sont prioritairement concernés par leur propre existence...
English version :
Marshall Sahlins est un anthropologue et un intellectuel américain. En 1968 et 1969, il est professeur invité à l'EPHE, puis à l'université de Nanterre, tout en étant rattaché comme chercheur au Laboratoire d'anthropologie sociale dirigé par Claude Lévi-Strauss.
En 1973, il devient professeur au département d'anthropologie de l'université de Chicago avant d'être élu membre de l'American Academy of Arts and Sciences en 1976. Son oeuvre est ancrée dans un travail ethnographique et historiographique sur l'histoire et la culture des sociétés polynésiennes (Fidji, Hawaï) et centrée sur une réflexion anthropologique générale et comparative sur l'historicité et la diversité des cultures humaines, prises dans leur rapport à la nature, au temps qui passe et aux échanges sur lesquels elles se fondent.
Quelques références :
The Western Illusion of Human Nature, Prickly Paradigm Press, Chicago, 2004.
Apologies to Thucydides, University of Chicago Press, Chicago, 2004.
Culture in Practice, Zone Books, New York, 2000.
Islands of History, University of Chicago Press, Chicago 1985.
How "Natives" Think: About Captain Cook for Example, University of Chicago Press, 1994.
En 1973, il devient professeur au département d'anthropologie de l'université de Chicago avant d'être élu membre de l'American Academy of Arts and Sciences en 1976. Son oeuvre est ancrée dans un travail ethnographique et historiographique sur l'histoire et la culture des sociétés polynésiennes (Fidji, Hawaï) et centrée sur une réflexion anthropologique générale et comparative sur l'historicité et la diversité des cultures humaines, prises dans leur rapport à la nature, au temps qui passe et aux échanges sur lesquels elles se fondent.
Quelques références :
The Western Illusion of Human Nature, Prickly Paradigm Press, Chicago, 2004.
Apologies to Thucydides, University of Chicago Press, Chicago, 2004.
Culture in Practice, Zone Books, New York, 2000.
Islands of History, University of Chicago Press, Chicago 1985.
How "Natives" Think: About Captain Cook for Example, University of Chicago Press, 1994.