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Rome aux frontières du Barbaricum
Pour découvrir l’archéologie d’aujourd’hui, ses sciences connexes, mais aussi approcher et décrypter ce que la discipline recouvre de concepts, de modèles, Carbone 14, le magazine de l'archéologie, retrace les avancées de la recherche française et internationale et parcourt terrains, chantiers et laboratoires. Une émission à écouter chaque samedi, de 19 h 30 à 20 h sur France Culture et à réécouter sur Inrap.fr.
Avec Michel Reddé, archéologue, philologue et historien, directeur d’études émérite à l’EPHE (École Pratique des Hautes Études).
La Germanie a toujours constitué une menace pour Rome.
Celle-ci garde en mémoire l’expansion des Cimbres et des Teutons projetant d’envahir l’Italie, déferlant sur la Gaule et défaisant les légions romaines en 105 avant notre ère lors de la fameuse bataille d’Orange (Arausio). Dès 55 avant notre ère, César fait une brève incursion de l’autre côté du Rhin, au cœur du Barbaricum, terre germaine par essence hostile, mais surtout très boisée et aux confins du monde.
Entre douze avant notre ère et neuf de notre ère, ces campagnes militaires, véritables "exploratio" reprennent sous le règne d’Auguste et arrivent à se fixer au-delà du Rhin. Nombre de camps militaires romains, bien plus offensifs que défensifs ont été mis au jour sur les rives de la Lippe, tandis que d’autres ont été découverts bien plus avancés dans les profondeurs du territoire germanique (camps de Barkhausen ou de Bielefeld-Sannestadt). Lors de cette phase offensive, des "villes neuves" romaines sont aussi créées : Walgirmes mais aussi Cologne, future capitale de province.
Peu connue en France, mais fort célèbre en Allemagne, la bataille de la forêt de Teutobourg, en neuf de notre ère, est une immense défaite romaine où trois légions dirigées par Varus sont anéanties par les armées chérusques, dirigées par Arminius (Caius Julius Arminius), germain à la citoyenneté romaine. Après 29 de notre ère, les légions romaines se retirent pour mieux se déployer et se fixer sur le Rhin.
La Bretagne antique : le sud de l’Angleterre
César y débarque durant la Guerre des Gaules sans s’y implanter réellement. Un projet d’invasion est envisagé sous Auguste puis Caligula, au début des années 40, mais des troubles liés à la succession de dynastes bretons affidés à Rome, l’obligent à intervenir, sous le règne de l’empereur Claude. Quatre légions et leurs auxiliaires, environ 40 000 hommes, s’implantent sur l’île en 43 de notre ère.
Sous Tibère, huit légions occupent la frange de la Germanie, sous le règne de Claude, onze légions sont désormais en Germanie et en Angleterre.
Les armées, véritable colonne vertébrale de l’empire, nécessitent un important ravitaillement, huile du détroit de Gibraltar, vin d’Italie, mais aussi blé. Sous Tibère, 25 000 tonnes de blé sont acheminées vers la Germanie romaine, peuplée de quelque 900 000 âmes. La Gaule est alors la plaque tournante des relations entre le monde méditerranéen et les frontières septentrionales de l’Empire, la Germanie et l'Angleterre. Pour autant, quel est le rôle de l’État dans ces ravitaillements militaires ?
Pour aller plus loin
- Présentation de Michel Reddé, sur le site du centre Anhima (Anthropologie et histoire des mondes antiques), sur Wikipédia, sur Babelio, son profil Radio France.
- Ses publications, sur Persée, Babelio, Cairn.info, OpenEdition Books, Book.Node.
- Présentation de l'ouvrage, Aux marges de la Gaule, conquête militaire et développement économique de l'Occident romain, paru aux éditions Phae, en novembre 2023.