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Quand Chartres ressemblait à Herculanum
Pour découvrir l’archéologie d’aujourd’hui, ses sciences connexes, mais aussi approcher et décrypter ce que la discipline recouvre de concepts, de modèles, Carbone 14, le magazine de l'archéologie, retrace les avancées de la recherche française et internationale et parcourt terrains, chantiers et laboratoires. Une émission à écouter chaque samedi, de 19 h 30 à 20 h sur France Culture et à réécouter sur Inrap.fr.
Avec Bruno Bazin, archéologue, responsable d’opération à la Direction de l’archéologie de Chartres Métropole et Mathias Dupuis, archéologue et Directeur à la direction de l’archéologie de Chartres Métropole.
L’antique cité de Chartres « Autricum » possédait un très grand sanctuaire d’une superficie totale de 11 hectares et composé de plusieurs bâtiments : le sanctuaire de Saint-Martin-Au-Val.
Le bassin où ont été découverts plusieurs éléments du plafond
• Crédits : © Chartres Métropole
Les archéologues y ont récemment exhumé un bassin en marbre blanc, au centre duquel est installée une cuve étoilée. Celui-ci se situe en façade d’un temple d’Apollon. Sol en calcaire blanc, base de mur en marbre coloré importé d’Italie et de Turquie, élévations ornées de fresques et de colonnes richement décorées : ce bâtiment illustre le savoir-faire et le raffinement « à la romaine ». Son état de conservation est exceptionnel pour le nord de la Gaule.
À l’intérieur de ce bassin, reposent les vestiges d’un plafond à caissons en bois ouvragé : il s’agit d’une découverte d’une ampleur exceptionnelle, ce type d’ouvrage étant jusqu’alors totalement inconnu en Gaule, et dont le seul équivalent se trouve à Herculanum.
Élement hexagonal en cours de dépose
• Crédits : © Chartres métropole
Élément du plafond à caissons en forme d'hexagone.
• Crédits : © Chartres métropole
Contre toute attente, c’est l’alliance du feu et de l’eau qui est à l’origine de la préservation de ce plafond sculpté : le feu, car les pièces de bois présentent les stigmates d’un incendie qui a durci leur surface avant leur effondrement. L’eau, car le bassin dans lequel elles sont tombées, était encore rempli, mettant ainsi fin à la combustion de l’ouvrage de menuiserie. Les crues successives de l’Eure scellent ensuite le plafond dans un milieu humide, sans air et sans lumière, permettant ainsi sa conservation jusqu’à nos jours. Plus de 1 000 pièces de bois ont déjà été extraites du bassin. Elles correspondent à des poutres, poutrelles et planches constitutives de caissons hexagonaux et losangiques à décors particulièrement bien préservés, ciselés de feuilles d’acanthe, d’oves, de fers de lance, de rais de cœurs ou encore de perles et pirouettes.
Poutre de caisson et ses moulures d'encadrement ornées
• Crédits : © Chartres métropole
Détail d'un décor du plafond effondré dans le bassin : tresse végétale.
• Crédits : © Chartres Métropole
Les essences de bois utilisées combinent le sapin en très grande majorité ainsi que le chêne et le tilleul pour les décors. Cet ouvrage témoigne d’une maîtrise très avancée du travail du bois, notamment par l’utilisation de techniques de charpente et de menuiserie aujourd’hui disparues. La seule autre occurrence d’un tel plafond décoré connue à ce jour, se situe dans la maison au relief de Telephus à Herculanum.
La maison Telephus à Herculanum (Campanie, Italie)
• Crédits : © Jérémy Villasis / Coll. Moment open - Visactu
Schéma du sanctuaire gallo-romain de Saint-Martin-au-Val
• Crédits : © Chartres métropole
Pour aller plus loin
- Site web de la Direction de l'archéologie.
- Site web de CherloQ, la carte archéologique de Chartres.
- Page biographique et bibliographique de Mathias Dupuis.
- Page bibliographique de Bruno Bazin.
- Plaquette de présentation du site de Saint-Martin-au-Val éditée par la DRAC Centre-Val de Loire.
- Page du sanctuaire de Saint-Martin-Au-Val à Chartres.
- Vidéo du sanctuaire (Service Archéologie-Ville de Chartres-Utcha)